Politique

Israël cherche à entraver un accord prometteur pour le développement de l’aviation militaire égyptienne


La direction militaire israélienne s’inquiète des tentatives du Caire d’acquérir des avions de chasse européens Eurofighter Typhoon, qui peuvent être équipés de missiles Meteor, des missiles air-air longue portée.

Des rapports médiatiques israéliens révèlent une montée d’inquiétude dans les milieux militaires et politiques de Tel-Aviv face aux efforts continus de l’Égypte pour moderniser ses capacités aériennes. Ces efforts sont accompagnés de manœuvres israéliennes actives visant à contrecarrer des accords d’armement susceptibles de conférer au Caire des capacités stratégiques avancées, et de compromettre ce qu’Israël considère comme sa « supériorité qualitative » dans la région.

Selon le site israélien spécialisé dans les affaires sécuritaires et militaires Nziv Net, Israël suit de près – et avec une grande inquiétude – la volonté de l’Égypte de se doter de chasseurs Eurofighter Typhoon, en particulier ceux pouvant être armés des missiles européens Meteor, considérés parmi les missiles air-air les plus redoutables au monde.

Ce qui renforce l’inquiétude de Tel-Aviv, selon le rapport, est la pleine conscience de l’armée israélienne des capacités de ces missiles : une vitesse fulgurante, une portée exceptionnelle, et la fameuse « no escape zone » – une zone dans laquelle la cible devient incapable d’échapper une fois le missile lancé.

Des experts israéliens estiment que la possession par l’Égypte de ce type d’armement, surtout en combinaison avec des avions de chasse avancés, placerait l’armée de l’air israélienne – équipée des F-15, F-16 et F-35 – face à une nouvelle équation pouvant limiter sa liberté opérationnelle et éroder sa supériorité aérienne, longtemps perçue comme un pilier de sa sécurité.

Bien que l’accord potentiel entre l’Égypte et les pays européens en soit encore à ses débuts, Tel-Aviv a engagé depuis des années des démarches diplomatiques pour en empêcher la concrétisation, selon le site. L’inquiétude israélienne ne porte plus seulement sur le type d’avions concernés, mais aussi – et surtout – sur l’armement qui les accompagne, en particulier les missiles à longue portée à fort potentiel destructeur.

Dans ce contexte, Nziv Net précise qu’Israël n’est pas fondamentalement opposé à ce que l’Égypte possède des avions modernes, mais s’oppose fermement à ce qu’ils soient dotés de systèmes d’armement susceptibles de bouleverser l’équilibre militaire régional. Ce positionnement reflète la volonté constante d’Israël de préserver ce qu’il appelle sa « supériorité qualitative », un principe stratégique adopté depuis plusieurs décennies pour garantir son avance militaire sur toute autre puissance régionale.

Malgré les pressions israéliennes, l’Égypte ne semble pas prête à renoncer à ses ambitions de modernisation. Selon le site officiel de la présidence égyptienne, l’armée de l’air égyptienne a déjà reçu des missiles Meteor dans le cadre de l’armement des avions Rafale français, dont elle possède actuellement 54 exemplaires.

La possession par l’Égypte de ce type de missiles témoigne de sa stratégie de diversification des sources d’armement, et de sa volonté de dépasser les restrictions imposées par les États-Unis, qui ont refusé de lui vendre les F-35 pour des raisons politiques et stratégiques.

Face à cette réalité, des analystes estiment que l’Égypte dispose de plusieurs alternatives, notamment le renforcement de sa coopération avec l’Europe, ou un rapprochement avec la Russie et la Chine, où elle pourrait obtenir des systèmes de missiles équivalents. Cette orientation reflète un changement progressif dans la doctrine militaire égyptienne, qui cherche désormais à atteindre une autonomie stratégique et à réduire sa dépendance envers un fournisseur unique.

Le rapport israélien affirme que la stratégie militaire de l’Égypte a connu trois phases majeures : une dépendance totale à l’Union soviétique sous Nasser, une transition vers l’armement américain après la signature des accords de paix à la fin des années 1970, puis une phase de « diversification intelligente » entamée en 2014, incluant des accords majeurs avec la France, l’Allemagne, la Russie, la Chine et même la Corée du Sud.

Cette diversification ne reflète pas seulement une volonté de renforcer les capacités de combat égyptiennes, mais aussi une ambition plus large de redéfinir l’équilibre régional, en rompant avec les structures militaires traditionnelles qui ont longtemps dominé le Moyen-Orient.

Des observateurs s’attendent à ce que l’Égypte bénéficie d’un soutien européen indirect dans ses efforts de modernisation aérienne, surtout à la lumière du recul du soutien international à Israël, suite à la dernière guerre à Gaza, qui a suscité de vives critiques dans les cercles politiques occidentaux.

Certains analystes estiment que le moment est opportun pour l’Égypte afin d’élargir ses options d’armement, dans un contexte où les États-Unis sont accaparés par plusieurs dossiers internationaux, et où l’image d’Israël est fragilisée dans l’opinion publique mondiale.

Le rapport israélien conclut par une mise en garde implicite : le basculement de l’équilibre des forces aériennes pourrait redessiner la carte stratégique du Moyen-Orient, à l’image de la guerre d’octobre 1973, lorsque l’Égypte avait imposé une équation de dissuasion grâce à un système de défense aérienne avancé à l’époque.

Aujourd’hui, face à l’essor technologique de l’aviation militaire égyptienne, Tel-Aviv reprend le chemin de la prudence, dans un climat d’inquiétude palpable au sein de ses cercles décisionnels.

 

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