Politique

Les médias français accusent l’Algérie d’utiliser une diplomatie des otages pour faire pression sur Paris


L’opinion publique française suit de près l’affaire du journaliste sportif Christophe Glaize, dans un contexte d’indignation grandissante face à la confirmation de la peine prononcée contre l’écrivain Boualem Sansal.

L’arrestation de Christophe Glaize, détenu en Algérie depuis l’année dernière et récemment condamné à sept ans de prison, suscite une vive controverse en France. Les médias accusent les autorités algériennes d’employer une « diplomatie des otages » pour faire pression sur Paris et obtenir des concessions dans plusieurs dossiers, alors qu’aucune solution ne semble poindre pour apaiser la crise persistante entre les deux pays.

La situation de Glaize, spécialiste du football, a provoqué de nombreuses condamnations. Des militants et figures publiques françaises qualifient son procès de « fabriqué » et « politisé », tout comme celui de Boualem Sansal, écrivain franco-algérien, dont la peine de cinq ans de prison a été confirmée en appel mardi, malgré des appels à sa libération pour raisons de santé et d’âge avancé.

Ces accusations interviennent dans un climat de tensions croissantes entre Paris et Alger. Certains observateurs estiment que l’affaire Glaize n’est qu’un épisode de plus dans un bras de fer qui pourrait mener à une rupture diplomatique. Ils reprochent à la diplomatie algérienne d’avoir manqué plusieurs occasions de réconcilier les relations avec la France, malgré les signes répétés d’ouverture de la part de Paris.

La députée française Naïma Moutchou a interpellé le gouvernement à l’Assemblée nationale au sujet de la situation des « otages français » à l’étranger, en référence aux cas de Sansal et Glaize. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a assuré que l’État déployait des efforts pour obtenir leur libération.

La presse française continue de suivre l’affaire, dans l’attente du procès en appel de Glaize prévu prochainement. Cette mobilisation médiatique coïncide avec l’indignation suscitée par la confirmation de la peine infligée à Sansal.

Le journaliste Ivan Rioufol a déclaré sur la chaîne CNews : « Ce n’est pas Boualem Sansal qu’on juge, mais la France », ajoutant que « le gouvernement algérien mène une guerre contre Paris à travers Sansal ».

Plusieurs organisations de défense des droits, dont Reporters sans frontières et le groupe So Press, ont condamné la condamnation de Glaize, la qualifiant d’ »injuste ». Elles accusent l’Algérie d’instrumentaliser les accusations de « terrorisme » pour réprimer le journalisme indépendant et museler la liberté d’expression sous prétexte de sécurité nationale.

Elles soulignent que la détention de Glaize et sa condamnation à sept ans pour « apologie du terrorisme » constituent une attaque directe contre la liberté de la presse.

Glaize s’était rendu en Algérie pour réaliser un reportage sur le club de football JS Kabylie, basé à Tizi Ouzou, à l’est d’Alger. Il a été arrêté le 28 mai 2023, placé sous contrôle judiciaire pendant 13 mois, interdit de quitter le pays, avant d’être condamné dimanche pour « apologie du terrorisme » et « possession de documents de propagande portant atteinte à l’intérêt national ».

Il est accusé d’avoir communiqué avec un dirigeant du club, également chef du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (classé organisation terroriste par Alger en 2021). Les défenseurs de Glaize soulignent qu’un seul de ces contacts a eu lieu après ce classement, dans le cadre de son travail journalistique.

Les relations franco-algériennes connaissent une succession de tensions, entre l’arrestation de Sansal, l’incarcération d’un employé consulaire algérien à Paris, accusé d’avoir enlevé un opposant, et l’expulsion réciproque de diplomates.

L’affaire Sansal cristallise les tensions, sur fond de montée de l’extrême droite en France, qui instrumentalise ces cas pour faire pression sur Alger.

Certains estiment que l’Algérie se sert des dossiers Sansal et Glaize pour faire pression sur Paris dans des dossiers sensibles, notamment la mémoire coloniale, l’immigration et le soutien de la France au Maroc dans le dossier du Sahara.

Les autorités algériennes refusent de reconnaître la position ferme de la France sur la souveraineté marocaine au Sahara, pourtant affirmée par le président Emmanuel Macron, qui a promis un soutien de la France à Rabat au sein des institutions internationales.

Le rapprochement stratégique entre Paris et Rabat alimente les craintes d’Alger de perdre des avantages économiques et de voir son influence régionale s’effriter, notamment en Afrique subsaharienne.

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