Politique

Face à la Chine et à l’ambiguïté de Washington.. le Japon reconstruit sa puissance militaire


Alors que les tensions régionales s’intensifient en Asie de l’Est – notamment avec la montée en puissance militaire de la Chine et l’incertitude qui entoure les engagements des États-Unis envers leurs alliés – le Japon s’engage résolument dans une redéfinition de son rôle militaire.

Selon un rapport du New York Times, cette expansion militaire reflète la volonté de Tokyo de jouer un rôle plus actif dans la protection de sa sécurité nationale et la stabilité régionale, en modernisant ses forces armées et en renforçant ses partenariats stratégiques.

Ce renforcement s’est notamment manifesté par le déploiement de batteries de missiles mobiles du tout nouveau 7e régiment sur les collines dégagées de l’île d’Okinawa.

Cette initiative s’inscrit dans une dynamique d’élargissement militaire plus vaste, motivée par la crainte croissante de l’expansion militaire chinoise, particulièrement en mer autour des eaux japonaises, ainsi que par des doutes concernant la fiabilité du traditionnel allié américain, surtout après les critiques de Donald Trump sur la dépendance excessive du Japon à la protection américaine.

Le Japon s’efforce désormais de transformer son armée, marquée depuis la Seconde Guerre mondiale par une politique pacifiste, en une force moderne et opérationnelle. En ajoutant des missiles et armements avancés – à la fois américains et domestiques – Tokyo souhaite pouvoir agir aux côtés de l’armée américaine et prouver sa valeur en tant qu’allié incontournable.

Des soldats japonais posent à côté de missiles anti-navires.

Nobukatsu Kanehara, ancien vice-président du Conseil de sécurité nationale, estime que le renforcement des capacités militaires conventionnelles est la clé pour garantir le soutien américain et affirmer l’importance stratégique du Japon auprès de Trump.

La guerre en Ukraine a également poussé Tokyo, en 2022, à annoncer le doublement de son budget de défense pour atteindre environ 2 % du PIB.

Ce réinvestissement s’est traduit par une montée en puissance militaire : acquisition d’armes américaines sophistiquées telles que les chasseurs furtifs F-35B et les missiles Tomahawk, offrant au Japon pour la première fois depuis 1945 la capacité de frapper des cibles sur le territoire ennemi. En parallèle, son industrie de défense connaît un regain avec le développement de technologies prometteuses comme des missiles hypersoniques ou des systèmes laser anti-drones.

Tokyo a aussi montré une volonté nouvelle de coopération militaire avec Washington, en projetant la création d’un quartier général opérationnel conjoint dans la capitale – initiative saluée par le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth.

Malgré ces efforts, l’élite politique japonaise demeure préoccupée par les revirements potentiels de Washington. Outre le soutien de figures telles que Hegseth ou Marco Rubio, les décideurs nippons craignent l’isolationnisme croissant du mouvement America First et l’imprévisibilité propre à Donald Trump.

Leur pire scénario ? Que Trump conclue un accord majeur avec la Chine, sacrifiant le Japon et ses voisins à l’influence de Pékin.

Des soldats japonais posent à côté de missiles anti-navires.

Par mesure de précaution, le Japon travaille à un plan B visant à diversifier ses alliances et renforcer d’autres partenariats de défense. Il développe par exemple un avion de combat de nouvelle génération en coopération avec le Royaume-Uni et l’Italie, consolide ses liens avec l’Australie – à qui il a proposé des frégates de haute technologie – et a participé pour la première fois à des manœuvres militaires multilatérales aux Philippines.

Enfin, Tokyo conserve une carte ultime : un important stock de plutonium civil, qui pourrait théoriquement permettre au pays de se doter d’un arsenal nucléaire, même si le traumatisme historique d’Hiroshima et Nagasaki reste un frein moral puissant à cette option.

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page