Politique

Damas lance l’ultimatum final pour l’unification des armes sous l’autorité de l’État


Le ministre de la Défense insiste : les petits groupes armés doivent rejoindre le ministère dans un délai de dix jours, sous peine de sanctions légales.

Les autorités syriennes ont donné, ce samedi, un délai de dix jours aux « petits groupes » armés pour rejoindre le ministère de la Défense. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’un effort visant à unifier les multiples factions militaires sous la bannière étatique — une tentative sérieuse de rétablir l’autorité sur l’ensemble du territoire syrien, encore fragilisé par d’importants défis sécuritaires après la chute du régime de Bachar al-Assad.

Cet ultimatum représente un test crucial de la capacité du nouveau pouvoir à affirmer sa souveraineté et à rassembler les forces armées et sécuritaires encore dispersées. Le niveau de réponse à cet appel révélera la volonté réelle de ces groupes à se placer sous l’autorité de l’État et à reconnaître la légitimité du nouveau leadership. À l’inverse, tout refus ou retard pourrait annoncer la persistance de divisions et d’un désordre sécuritaire entravant la stabilisation de la Syrie post-conflit.

Les mesures que les autorités pourraient prendre en cas de non-conformité constitueront un indicateur clé de leur détermination à mettre fin à la prolifération d’armes indépendantes et à étendre leur contrôle sur l’ensemble du territoire national.

Le ministre de la Défense, Merhaf Abouqasra, a déclaré : « Dès la libération de la Syrie, nous avons immédiatement œuvré à l’intégration des unités militaires dans un cadre institutionnel unifié », précisant que « toutes les unités ont été incorporées au sein du ministère de la Défense ».

Il a ajouté : « En vertu de l’importance du travail institutionnel, nous insistons sur l’impératif pour les groupes armés restants de rejoindre le ministère dans un délai maximal de dix jours à compter de la date de cette annonce ».

Tout en présentant cette mesure comme une étape de la réorganisation militaire, il a averti que « tout retard entraînera l’application de mesures appropriées conformément aux lois en vigueur ».

Le ministre n’a pas précisé quels groupes n’avaient pas encore rejoint le ministère, ni la nature exacte des sanctions prévues.

Deux mois après la chute de Bachar al-Assad, le 8 décembre, le nouveau président, Ahmad al-Chara’, a dissous l’armée et les services de sécurité de l’ancien régime.

La nouvelle autorité a également dissous toutes les factions armées, y compris Hayat Tahrir al-Cham — le groupe que dirigeait al-Chara’ à Idlib (Nord-Ouest), et qui a mené l’assaut final contre al-Assad.

Par la suite, les factions ayant accepté de se dissoudre ont été intégrées au ministère de la Défense. Un recrutement a également été lancé pour constituer un nouveau service de sécurité générale.

Des groupes armés de Deraa (Sud), d’autres soutenus par Ankara au Nord, ainsi que des factions islamistes comme Jaïch al-Islam — qui tenait autrefois la Ghouta orientale jusqu’en 2018 — ont été intégrés au ministère.

Toutefois, ces groupes ont conservé leurs armes et leurs quartiers généraux, et certaines unités assurent la garde d’anciens bâtiments de l’armée.

Malgré cela, Hayat Tahrir al-Cham et ses alliés islamistes gardent une influence sécuritaire dominante, notamment à Idlib et dans la capitale Damas.

La nouvelle autorité fait face à de sérieux défis sécuritaires, notamment la présence de groupes armés aux loyautés multiples, et l’absence de soutien populaire dans certaines zones.

Le défi le plus pressant demeure dans le nord-est de la Syrie, où la présence des combattants kurdes complique les efforts d’unification, malgré la signature d’un accord prévoyant l’intégration des institutions de l’administration autonome kurde dans le cadre étatique d’ici la fin de l’année.

Cependant, les Kurdes réclament un système décentralisé, rejeté par al-Chara’, tout en souhaitant conserver leur force militaire bien entraînée.

Le ministre des Affaires étrangères, Assad al-Cheibani, a averti lundi les Forces démocratiques syriennes, dirigées par les Kurdes, que toute « tergiversation » dans l’application de l’accord ne ferait qu’« allonger la durée du chaos » dans le pays.

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