Grand Maghreb

La prolifération des armes miliciennes replonge Tripoli dans la spirale de la violence


Des sources ont confirmé que les nouveaux affrontements ont éclaté entre les forces de la Brigade 444 dirigée par Mahmoud Hamza et celles de la Force spéciale de dissuasion dirigée par Abdelraouf Kara, dont le siège se trouve à la base de Mitiga.

Les combats ont repris à l’aube du mercredi entre groupes armés dans divers quartiers de la capitale libyenne Tripoli, un jour après la mort d’Abdelghani El-Kikli, alias Ghnaiwa, commandant de l’Appareil de soutien à la stabilité affilié au Conseil présidentiel, et l’effondrement de ses forces face à des unités relevant du Gouvernement d’union nationale (GUN). Ces événements illustrent une fois de plus la menace persistante que représentent les milices pour l’avenir des Libyens.

Des témoins oculaires ont rapporté la reprise des affrontements dans les quartiers d’Aïn Zara, Ras Hassan et Ben Achour à Tripoli.

Selon le site “Bawabat Al-Wasat”, les affrontements ont opposé les forces de la Brigade 444 de combat, relevant du GUN et dirigée par Mahmoud Hamza, aux forces de dissuasion commandées par Abdelraouf Kara, basées à la base de Mitiga.

Les données disponibles indiquent que les affrontements se sont étendus sur les frontières de Tripoli, depuis sa porte orientale à Saba’a, jusqu’à sa porte occidentale dans le quartier touristique, ainsi qu’au sud, à Aïn Zara. Des sources ont indiqué une avancée des forces de dissuasion après le repli des forces de la Brigade 444, et des informations évoquent également le retrait d’une force venue de la ville de Misrata.

Des rapports antérieurs avaient indiqué que la Brigade 444 avait pris le contrôle de positions appartenant à la Force de dissuasion à Aïn Zara, mais que cette dernière les avait toutes récupérées lors d’une contre-attaque, avant de pourchasser les troupes ennemies.

La Brigade 444 avait également participé à l’assaut contre les positions et les casernes de l’Appareil de soutien à la stabilité dirigé par Ghnaiwa, ce qui suggère une volonté de Abdelhamid Dbeibah d’opter pour une solution militaire dans le conflit de pouvoir, en envoyant un message clair à l’intérieur comme à l’extérieur : il reste un acteur clé dans l’équation libyenne, notamment dans l’ouest du pays.

Des médias libyens ont rapporté la suspension des vols à l’aéroport international de Mitiga à Tripoli en raison des affrontements. Le Croissant-Rouge libyen a élevé l’état d’alerte à son niveau maximal dans la capitale, tandis que l’Université de Tripoli a suspendu les cours une nouvelle fois.

Par ailleurs, la Direction de la police judiciaire a annoncé mercredi l’évasion de plusieurs détenus de la prison d’Al-Jadida à Tripoli à cause des violents combats. Dans un communiqué, elle précise que la reprise des affrontements autour de la prison a semé la panique parmi les détenus, provoquant la fuite d’un grand nombre d’entre eux, principalement condamnés pour des affaires criminelles graves. Elle a mis en garde contre des conséquences “graves et catastrophiques” sur la sécurité de Tripoli si les affrontements se poursuivent.

Le ministère de l’Éducation du Gouvernement d’union a lui aussi annoncé la suspension des cours en raison des combats dans la capitale.

La Coordination des partis politiques a publié un communiqué condamnant les affrontements et mettant en garde contre le danger des groupes armés incontrôlés.

Elle a affirmé : « Les affrontements que connaît Tripoli ne peuvent être séparés de leur dimension économique », soulignant que tout indique une lutte acharnée pour les ressources et le pouvoir financier, ce qui a mené à un affaiblissement des institutions étatiques, à des déséquilibres sociaux croissants, à de fortes disparités économiques et à une augmentation de la pauvreté.

La coordination a appelé à l’évacuation des formations armées hors des villes et à “un engagement total pour l’apaisement, l’arrêt des affrontements armés et le renoncement à l’usage de la force, en particulier dans les quartiers résidentiels, en raison des dommages causés aux civils en vies humaines et en biens”.

Lundi soir, Tripoli avait déjà été le théâtre d’affrontements armés dans les quartiers de Salah Eddine et Abou Slim, parallèlement aux rumeurs faisant état de la mort de Ghnaiwa, selon des sources médiatiques libyennes.

La Libye est en proie à des troubles sécuritaires récurrents dans un contexte de division politique persistante depuis 2022, avec deux gouvernements rivaux : l’un, reconnu par l’ONU, dirigé par Abdelhamid Dbeibah depuis Tripoli et contrôlant l’ouest du pays ; l’autre dirigé par Oussama Hammad, mandaté par le Parlement et basé à Benghazi, contrôlant l’est et une partie du sud.

Depuis des années, les efforts de l’ONU pour organiser des élections parlementaires et présidentielles peinent à aboutir, alors que les Libyens aspirent à une transition vers un gouvernement unifié et à la fin d’un conflit armé qui mine ce pays riche en pétrole.

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