Répercussions du tremblement de terre en Jordanie : une division profonde frappe les Frères musulmans du Liban

Le mouvement des Frères musulmans au Liban s’est fracturé sous l’effet des répercussions du séisme organisationnel survenu en Jordanie, dans un contexte régional de plus en plus instable.
De profonds désaccords secouent les rangs de la Jamaa Islamiya, branche libanaise des Frères musulmans, notamment en raison des pressions croissantes liées à ses connexions transfrontalières et à la volonté de l’État libanais de restaurer son autorité sur l’ensemble du territoire, en interdisant toute activité armée sur son sol, qu’elle émane des Frères musulmans libanais ou d’autres groupes.
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Bien que la nécessité pour l’État libanais de contrôler les armes soit antérieure à l’annonce par la Jordanie de l’interdiction du mouvement — classé comme organisation terroriste dans plusieurs pays arabes —, les Frères musulmans libanais perçoivent cette évolution régionale comme une menace potentielle majeure.
La question du bras armé de la Jamaa Islamiya, connu sous le nom de « Forces de l’Aube », provoque actuellement une grave crise interne. Une faction menée par les dirigeants historiques du mouvement souhaite sa dissolution et l’éviction de l’actuelle direction, notamment de son secrétaire général, Mohammad Takkoush.
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Les tensions se sont accrues après la découverte en Jordanie d’une cellule armée équipée de roquettes et de drones, ce qui a conduit à l’interdiction des activités du mouvement dans le royaume et à l’accélération des efforts pour démanteler ses structures.
Les figures historiques du mouvement, comme Azzam Al-Ayoubi, estiment que l’accession de Mohammad Souhail Takkoush à la tête de la Jamaa Islamiya s’est faite grâce au soutien du Hamas palestinien, notamment de son conseil militaire et de l’ancien chef du bureau politique à Gaza, Yahya Sinwar. Depuis la mort de ce dernier dans un affrontement avec l’armée israélienne à Rafah en octobre, ces figures estiment qu’il est temps pour Takkoush et son équipe militaire et sécuritaire de se retirer.
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Bien que Takkoush n’ait pas encore achevé son mandat — ayant été élu en 2022 pour succéder à Al-Ayoubi —, les anciens du mouvement cherchent à l’écarter. Ils reprochent notamment sa désignation initiale, intervenue contre leur volonté, et soulignent son appartenance à la quatrième génération des Frères libanais, proche de l’axe iranien.
Tentatives de prise de contrôle du mouvement
Récemment, le député libanais Imad Al-Hout, affilié à la Jamaa Islamiya, a entamé des démarches pour en reprendre le contrôle avec l’appui d’Azzam Al-Ayoubi. Des sources bien informées indiquent qu’Al-Ayoubi a convaincu la direction internationale des Frères musulmans de soutenir cette initiative. Des efforts de coordination sont en cours depuis plusieurs mois après l’échec de tentatives précédentes de renverser Takkoush.
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Dans ce contexte, Al-Ayoubi a rencontré lors de déplacements extérieurs plusieurs responsables de branches des Frères musulmans, notamment en Jordanie et en Syrie, ainsi que des représentants d’un pays régional influent pour planifier une réorganisation du mouvement.
Al-Ayoubi et ses alliés ont proposé que le député Imad Al-Hout dirige de facto le mouvement depuis l’intérieur du Liban, tandis que Takkoush resterait en poste de manière symbolique jusqu’à la fin de son mandat en 2026.
Cette proposition vise à résoudre les désaccords autour d’un appel à la destitution de Takkoush et à l’organisation d’élections anticipées, idée avancée par Ahmad Al-Omari et Ihab Nafea, membres influents du mouvement.
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Bien que Takkoush s’oppose fermement à cette démarche, le recul du soutien du Hamas à son égard et les pressions accrues de l’État libanais jouent en faveur des anciens dirigeants.
Parallèlement, le Liban cherche à désarmer le Hamas, dont les effectifs sont estimés à plusieurs centaines de membres. Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas à l’étranger, a sollicité l’intervention de médiateurs libanais afin que le gouvernement allège ses pressions, promettant que le Hamas ne mènerait aucune activité armée depuis le Liban et respecterait ses engagements vis-à-vis des autorités.
En conséquence, le rôle de Takkoush a été marginalisé, tandis que le bureau politique, en coordination avec Al-Hout et Al-Ayoubi, a pris en main les affaires internes, les relations avec le gouvernement libanais, et envisage même de dissoudre les « Forces de l’Aube ». Ce projet rencontre néanmoins une vive opposition de l’appareil militaire loyal à Takkoush, prolongeant ainsi le conflit interne.