Raids israéliens près du palais présidentiel pour avertir al-Charaa de ne pas viser les Druzes

Israël s’immisce dans la crise entre Damas et les forces druzes de Soueïda, dans une tentative d’affaiblir davantage l’État syrien sous couvert de protéger les Druzes et les minorités.
L’armée israélienne a annoncé, dans la nuit de jeudi à vendredi, avoir mené des frappes aériennes contre une zone voisine du palais présidentiel à Damas. Ce bombardement intervient après que Tel-Aviv a menacé le gouvernement syrien de représailles si celui-ci échouait à protéger la minorité druze du pays.
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Cette escalade israélienne révèle une volonté manifeste d’exploiter la carte druze pour s’immiscer dans les affaires syriennes, en se positionnant comme « protectrice » des minorités. Le message adressé à Damas dépasse la simple réponse militaire : il s’agit d’une tentative d’imposer de nouvelles lignes rouges au cœur du territoire syrien.
Cette intervention est perçue comme allant bien au-delà d’un « souci humanitaire » affiché, s’inscrivant plutôt dans une stratégie visant à affaiblir l’État syrien en attisant les tensions communautaires. Elle permettrait également à Israël d’ouvrir des canaux avec certaines composantes de la société locale, notamment les minorités. Selon des analystes, Tel-Aviv cherche à légitimer ses actions militaires et à élargir son influence dans les zones frontalières, afin de peser sur les équilibres internes et approfondir les divisions persistantes depuis le début du conflit il y a plus de dix ans.
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Le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a indiqué sur X (ex-Twitter) que « des avions de combat ont frappé une zone adjacente au palais d’Ahmad Hussein al-Charaa à Damas ».
Cette frappe survient peu après un avertissement du ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, selon lequel Israël riposterait avec force si le gouvernement syrien ne protégeait pas la communauté druze, à la suite de violents affrontements près de Damas.
« Si les attaques contre les Druzes se poursuivent et que le régime syrien ne les empêche pas, Israël répondra avec une grande fermeté », a déclaré Gallant dans un communiqué.
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À l’issue des frappes, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a affirmé dans un communiqué conjoint avec le ministre de la Défense : « C’est un message clair au régime syrien. Nous n’autoriserons pas le déploiement de forces [syriennes] au sud de Damas ni aucune menace contre la communauté druze, quelle qu’elle soit. »
Israël abrite une petite communauté druze et environ 24 000 Druzes vivent sur le plateau du Golan occupé, conquis sur la Syrie en 1967 puis annexé en 1981, une décision non reconnue par la majorité des États et par l’ONU.
Le chef spirituel des Druzes d’Israël, Cheikh Mowafaq Tarif, a indiqué mardi soir dans un communiqué suivre de près la situation en Syrie et en avoir discuté avec le ministre israélien de la Défense.
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Depuis la nuit de lundi à mardi, la Syrie est secouée par des affrontements à caractère communautaire ayant fait plus d’une centaine de morts, parmi lesquels des combattants druzes, des forces de sécurité affiliées au pouvoir, et des civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Cette flambée de violence survient un mois après de sanglants affrontements sur la côte syrienne, qui ont fait environ 1 700 morts, principalement des Alaouites. Ces événements illustrent les défis auxquels fait face le président intérimaire Ahmad al-Sharaa, dans sa tentative de consolider son pouvoir après la chute de Bachar al-Assad en décembre.
Le cheikh Hikmat al-Hijri, l’une des principales figures spirituelles des Druzes de Syrie, a qualifié les récents événements à Jaramana et Sahnaya, près de Damas, de « massacre injustifié » contre des personnes paisiblement installées chez elles.
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« Nous ne faisons plus confiance à un organe qui se prétend gouvernement, car un gouvernement ne massacre pas son peuple à l’aide de ses milices extrémistes, puis prétend qu’il s’agit d’éléments incontrôlés », a-t-il déclaré, estimant que l’État devrait « protéger son peuple ».
Il a également appelé à une intervention internationale urgente pour maintenir la paix et mettre fin immédiatement à ces violences qu’il qualifie de « tueries de masse systématiques ».
Ses propos ont été tenus au lendemain de l’annonce par les autorités syriennes du déploiement de leurs forces à Sahnaya pour rétablir la sécurité, en accusant des « groupes hors-la-loi » d’avoir déclenché les affrontements après avoir attaqué les forces de sécurité.
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Par ailleurs, le gouvernement a annoncé avoir conclu un accord avec les habitants de Jaramana (banlieue de Damas) pour renforcer la sécurité et remettre les armes aux autorités. Le gouvernorat de la région de Damas a précisé jeudi soir sur sa chaîne Telegram qu’une réunion avait été tenue entre le responsable de la Ghouta orientale, Mohamed Ali Amer, et les autorités religieuses et sociales de la ville.
L’accord prévoit notamment le renforcement du déploiement des forces de sécurité du ministère de l’Intérieur, la remise immédiate des armes lourdes, le monopole de l’armement par l’État (y compris les armes individuelles non enregistrées), ainsi que l’installation de barrages militaires autour de la ville pour assurer sa protection.