Âge des parents et autisme : que dit la science ?

Des études récentes en épidémiologie et en neurosciences ont mis en évidence un lien possible entre l’âge des parents au moment de la conception et le risque de trouble du spectre autistique (TSA) chez leurs enfants. Le sujet suscite un intérêt croissant dans la communauté scientifique et médicale, car le nombre de diagnostics d’autisme est en constante augmentation dans de nombreuses régions du monde. Les chercheurs s’efforcent de mieux comprendre les facteurs biologiques, environnementaux et génétiques qui peuvent contribuer à ce phénomène complexe.
L’âge paternel avancé, généralement défini comme supérieur à 40 ou 45 ans, a été associé à une légère augmentation du risque d’autisme chez l’enfant dans plusieurs études menées en Europe, aux États-Unis et en Asie. L’une des hypothèses avancées repose sur l’accumulation de mutations génétiques dans le sperme avec l’âge. Contrairement aux ovules, les cellules germinales masculines se renouvellent tout au long de la vie, et chaque division cellulaire est susceptible d’introduire de nouvelles mutations. Ces altérations génétiques peuvent affecter le développement neurologique de l’enfant.
Quant à l’âge maternel, une association similaire a été observée, bien que les mécanismes sous-jacents soient encore débattus. Chez les femmes de plus de 35 ans, le risque de complications pendant la grossesse et l’accouchement augmente, ce qui pourrait influencer le développement cérébral du fœtus. De plus, certaines études suggèrent que des modifications épigénétiques liées à l’âge maternel pourraient également jouer un rôle. Néanmoins, les données concernant l’âge maternel sont parfois contradictoires, certains travaux n’ayant trouvé aucun lien significatif avec le risque d’autisme.
Il est également important de noter que le risque absolu reste relativement faible, même si le risque relatif peut augmenter avec l’âge parental. Par exemple, si un couple jeune a un risque estimé à 1 %, celui-ci pourrait passer à 1,5 % ou 2 % avec des parents plus âgés — une hausse notable sur le plan statistique, mais qui ne doit pas provoquer d’alarme excessive chez les futurs parents.
La combinaison des deux âges parentaux semble également jouer un rôle. Certaines études ont mis en évidence un risque accru lorsque l’écart d’âge entre les parents est important ou lorsque les deux sont plus âgés. Cela renforce l’idée que le risque d’autisme ne dépend pas uniquement de l’âge biologique isolé d’un seul parent, mais du contexte génétique global et de facteurs environnementaux supplémentaires comme la pollution, le stress, ou encore l’exposition à certaines substances pendant la grossesse.
Par ailleurs, des facteurs de confusion peuvent interférer avec les résultats. Par exemple, les parents qui choisissent de fonder une famille plus tard dans la vie sont souvent plus éduqués et attentifs au développement de leurs enfants, ce qui peut mener à un diagnostic plus rapide ou plus fréquent de l’autisme. Il est donc difficile de séparer clairement les effets biologiques de ceux liés aux contextes sociaux et comportementaux.
À la lumière des connaissances actuelles, les experts s’accordent sur un point essentiel : l’âge parental est un facteur parmi de nombreux autres dans la complexité des causes de l’autisme. Il ne peut à lui seul expliquer le développement du TSA, mais il constitue un indice précieux dans la compréhension globale de cette condition. Les parents potentiels peuvent être rassurés : bien que certaines données suggèrent un lien entre âge avancé et autisme, la majorité des enfants nés de parents plus âgés sont en bonne santé et ne présentent aucun trouble du spectre autistique.