La mouvance islamique au Soudan : histoire politique liens militaires et renouveau des façades politiques

La mouvance islamique a longtemps été un acteur central de la scène politique et militaire soudanaise, étendant son influence sur plusieurs décennies à travers coups d’État, alliances et manipulation des institutions étatiques à son avantage. Avec l’aggravation de la crise actuelle au Soudan, de nouveaux signes indiquent une tentative de repositionnement de ce mouvement, soutenu discrètement par l’armée, et notamment par son chef, Abdel Fattah al-Burhan, qui semble prêt à permettre aux islamistes de reprendre leurs activités sous de nouveaux noms et de nouvelles structures. Cette dynamique soulève de sérieuses interrogations sur l’avenir politique du Soudan et sur son engagement envers la communauté régionale et internationale.
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L’histoire politique de la mouvance islamique au Soudan
Les racines de la mouvance islamique au Soudan remontent aux années 1940, à travers des organisations de jeunesse influencées par les idées des Frères musulmans égyptiens. Le mouvement s’est structuré de manière plus visible dans les années 1970 avec la création du Front islamique national, dirigé par Hassan al-Tourabi.
- 1989 : Le coup d’État du « Salut »
Le Soudan connaît un coup d’État militaire orchestré par le Front islamique : Omar el-Béchir renverse le gouvernement démocratiquement élu avec le soutien total du mouvement islamique, établissant un régime islamiste totalitaire qui durera trois dé - Gouverner à travers des façades multiples
Pendant son règne, la mouvance islamique a mis en place diverses structures politiques, sécuritaires et économiques pour assurer sa mainmise sur l’État, notamment via des partis, des institutions religieuses, des ONG et des réseaux d’hommes d’ - La chute du régime en 2019
Suite à de vastes manifestations populaires, le régime d’el-Béchir s’ Le mouvement islamique se retire de la scène publique, tout en conservant des réseaux profonds au sein de l’armée, de la sécurité et de l’économie.
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Le lien entre l’armée et la mouvance islamique
Bien que le régime islamiste ait officiellement chuté, une grande partie de la structure militaire et sécuritaire est restée loyale idéologiquement ou par pragmatisme au mouvement islamique.
- Infiltration des institutions
Sous el-Béchir, un vaste processus de « tamkine » (empowerment islamiste) a permis de placer des officiers et des cadres fidèles aux islamistes à des postes stratégiques. - Une alliance de nécessité
Après la chute du régime, l’armée a eu besoin du soutien de bases islamistes armées et organisées pour résister aux pressions internes et internationales, maintenant ainsi des canaux ouverts avec les islamistes. - Le rôle militaire du mouvement
Aujourd’hui, plusieurs milices affiliées au mouvement islamique opèrent sous différents noms, notamment dans le conflit contre les Forces de soutien rapide.
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La volonté d’al-Burhan de permettre un retour des islamistes sous de nouvelles façades
Selon plusieurs sources, Abdel Fattah al-Burhan serait prêt à coordonner indirectement avec la mouvance islamique, en lui permettant d’agir sous de nouvelles appellations telles que « Résistance populaire », afin d’éviter la pression internationale qui rejette toute réapparition des Frères musulmans ou de groupes affiliés.
- Accords avec les islamistes
Al-Burhan négocie avec les dirigeants islamistes pour leur accorder un espace politique et sécuritaire en échange d’un appui militaire et populaire contre les Forces de soutien rapide. - Renouveau d’activités sous des noms différents
De nouvelles organisations et partis à vocation « nationale » ou « résistante » devraient émerger, tout en étant de fait une continuation du mouvement islamique traditionnel. - Les risques de cette approche
L’implication de l’armée avec les islamistes compromet toute future transition politique et expose le Soudan à une nouvelle phase d’isolement international.
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Al-Burhan et le non-respect des engagements internationaux
Malgré ses déclarations publiques de soutien à la transition civile et au respect des accords internationaux, les actions d’al-Burhan démontrent une stratégie opposée.
- Manœuvres politiques
Al-Burhan tente de rassurer la communauté internationale par ses discours, tout en consolidant discrètement ses alliances avec l’islam politique. - Perte de crédibilité
Ce double jeu mine la confiance régionale et internationale, menaçant les soutiens économiques et politiques au Soudan. - Le lien organique entre l’armée et les islamistes
Le lien persistant entre l’institution militaire et la mouvance islamique fragilise tout projet de réforme et accroît les risques d’un retour à un régime autoritaire au nom de la religion.
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