Des signes de discorde frappent l’armée et ses alliés au Soudan… La coalition va-t-elle s’effondrer ?

Des tensions longtemps restées latentes entre les alliés du camp de l’armée soudanaise commencent aujourd’hui à éclater au grand jour.
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Cela fait suite à la prise de contrôle du camp de déplacés de “Zamzam” par les Forces de soutien rapide (FSR), et à l’encerclement de la ville d’El-Fasher, capitale du Nord-Darfour, à l’ouest du Soudan.
Les FSR ont annoncé leur mainmise sur le camp de Zamzam, situé à 12 kilomètres au sud d’El-Fasher, après des affrontements qui ont coûté la vie à des dizaines de civils et aggravé la crise humanitaire dans ce camp déjà surpeuplé.
Cette situation a été vivement condamnée par les acteurs régionaux et internationaux, tenant les deux parties du conflit au Soudan entièrement responsables de la poursuite de la guerre, en dépit des appels répétés à la protection des civils.
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Condamnation internationale
Les Émirats arabes unis ont fermement condamné les attaques visant les déplacés et les travailleurs humanitaires, appelant au respect du droit international et à l’accès sans entrave de l’aide humanitaire.
Le ministère émirati des Affaires étrangères a exhorté toutes les parties à respecter leurs engagements conformément au droit international, à la Déclaration de Djeddah, et aux mécanismes de l’initiative “ALPS” (Alliés pour Sauver des Vies et la Paix au Soudan), en appelant à des mesures immédiates pour protéger les civils et permettre l’acheminement urgent de l’aide humanitaire par tous les moyens disponibles.
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De son côté, l’Arabie saoudite a exprimé, dimanche, sa condamnation et son indignation face aux attaques contre les camps de déplacés d’El-Fasher (Zamzam et Abu Shouk), les qualifiant de violation du droit international et du droit international humanitaire.
Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a également dénoncé la mort de dizaines de civils, insistant sur la nécessité de permettre aux civils de quitter El-Fasher en toute sécurité.
Les États-Unis ont eux aussi condamné les attaques, appelant à l’ouverture immédiate de couloirs humanitaires et à la poursuite des auteurs de violations du droit humanitaire international.
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Campagne de propagande
Les Forces de soutien rapide ont nié samedi leur responsabilité dans toute attaque visant les civils, affirmant respecter le droit humanitaire international. Elles ont dénoncé une campagne de propagande visant à ternir leur image et à détourner l’attention des véritables crimes commis contre le peuple soudanais.
Elles ont réaffirmé qu’aucun massacre n’avait eu lieu dans le camp de Zamzam, qualifiant les accusations portées à leur encontre de mensongères et imprécises, accusant l’armée soudanaise d’orchestrer une campagne médiatique contre elles.
Les FSR ont assuré qu’elles ne ciblaient que des positions et infrastructures militaires de l’armée soudanaise et de ses alliés installés dans les camps de déplacés.
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Ménnawi sur le devant de la scène
Un entretien diffusé hier par la chaîne “Al Arabiya Al Hadath” avec le gouverneur de la région du Darfour, Minni Arko Mennawi, commandant général des forces conjointes combattant aux côtés de l’armée, a provoqué une vive controverse sur les réseaux sociaux.
De nombreux observateurs ont vu dans ses propos une critique implicite du manque de soutien de l’armée aux forces conjointes dans la levée du siège d’El-Fasher.
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Répondant à une question sur une éventuelle rencontre avec le général Abdel Rahim Dogolo, numéro deux des FSR, Ménnawi a déclaré qu’il faisait la distinction entre droit et politique, ajoutant que Dogolo était un Soudanais comme lui, et qu’il ne s’opposait pas à discuter avec lui.
Par ailleurs, le conseiller juridique du chef des FSR, Mohamed Mokhtar, a affirmé que Ménnawi avait pris contact avec Mohamed Hamdan Dogolo, exigeant d’importantes sommes d’argent pour combattre aux côtés des FSR.
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Fuite de responsabilités de l’armée
Selon plusieurs analystes, les alliances de l’armée soudanaise sont minées par des contradictions internes, avec des composantes en lutte pour leurs propres intérêts, sans vision commune, annonçant ainsi de possibles conflits à venir.
La journaliste et militante Sélafa Abou Dafira considère que les forces de Ménnawi ne sont qu’une « arme à louer » pour l’armée, et que cette alliance ne tiendra pas dans la durée.
Elle a déclaré qu’il était évident que l’armée soudanaise évite d’appuyer les forces conjointes pour briser le siège d’El-Fasher, alors que les Frères musulmans (soutien de l’armée) manipulent le conflit ethno-tribal à travers une campagne de propagande organisée.
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Elle a ajouté que l’évaluation militaire de l’armée est en déclin, notamment à cause de la situation sur le terrain et de la dégradation de l’aviation militaire, soulignant que tout mouvement des forces restantes de l’armée hors de Khartoum permettrait aux FSR de reprendre les positions qu’elles avaient abandonnées, y compris le palais présidentiel.
Selon elle, les dernières déclarations de Ménnawi illustrent clairement la détérioration de la relation entre l’armée soudanaise et les forces conjointes.
Elle n’a pas exclu des affrontements directs entre les deux camps, ni même un accord entre Ménnawi et les FSR en échange d’un retrait sécurisé de ses forces d’El-Fasher si les FSR prenaient le contrôle du Nord-Darfour.
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Fracture au sein de l’alliance militaire
Le journaliste et analyste politique Chawki Abdelazim estime que l’absence de soutien militaire à la défense d’El-Fasher par l’armée a provoqué la colère de Ménnawi.
Il a indiqué que les nouvelles capacités de défense aérienne des FSR avaient désorganisé les calculs de l’armée, qui hésite à engager son aviation dans la bataille, de peur de perdre des ressources stratégiques majeures.
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Il a également souligné que les Frères musulmans, qui contrôlent les centres de décision au sein de l’armée, gardent une méfiance ancienne envers les chefs des mouvements armés et n’envisagent pas d’alliance durable avec eux.
Avant de conclure : « L’alliance militaire de l’armée porte en elle-même les germes de sa fracture et de son effondrement, car elle repose sur une compétition interne pour le pouvoir et les ressources. »