Société

L’impact des vidéos « Reels » sur la santé mentale : addiction, comparaison sociale et surcharge cognitive


Les « Reels », ces vidéos courtes diffusées massivement sur Instagram, TikTok, Facebook ou YouTube Shorts, font désormais partie intégrante de notre quotidien numérique. 

En quelques secondes, elles captent notre attention par des contenus rythmés, souvent drôles, visuellement attractifs ou émotionnellement chargés. Leur format rapide, conçu pour être regardé à la chaîne, favorise un défilement infini difficile à interrompre. 

À première vue, ces vidéos peuvent sembler inoffensives, voire distrayantes et inspirantes. Pourtant, leur consommation excessive n’est pas sans conséquences sur la santé mentale, en particulier chez les jeunes et les personnes sensibles à la comparaison sociale.

Le piège de l’addiction et de la dopamine instantanée

L’un des effets les plus préoccupants de la consommation intensive de Reels est la dépendance numérique qu’elle peut générer. 

Chaque vidéo visionnée active le système de récompense du cerveau, libérant de la dopamine – l’hormone du plaisir. Cette gratification rapide et constante pousse l’utilisateur à continuer à faire défiler sans s’en rendre compte. 

Ce mécanisme peut créer une forme d’addiction douce, comparable à celle du jeu ou du sucre, où le cerveau en demande toujours plus. Résultat : des heures entières peuvent être perdues sans but précis, ce qui peut entraîner une baisse de productivité, des troubles du sommeil, un sentiment de vide, voire une perte d’intérêt pour des activités réelles plus constructives.

La comparaison sociale, un poison discret

Outre l’aspect addictif, les Reels amplifient aussi la comparaison sociale. Les utilisateurs y sont constamment exposés à des images de corps parfaits, de vies idéalisées, de succès exagérés, souvent filtrés et soigneusement mis en scène. 

À force d’observer ces contenus, certains développent un sentiment d’insatisfaction, de dévalorisation ou de mal-être. Les jeunes, notamment les adolescentes, peuvent en arriver à douter de leur apparence, de leurs compétences ou de leur vie sociale. Ce phénomène est accentué par les algorithmes, qui suggèrent des vidéos similaires en boucle, enfermant l’utilisateur dans une bulle de comparaison toxique et irréaliste.

Une surcharge cognitive et émotionnelle silencieuse

Les Reels sollicitent également notre cerveau d’une manière intense et constante. Chaque vidéo mobilise notre attention pendant quelques secondes, puis la redirige immédiatement vers une autre ambiance, un autre message, une autre émotion. 

Cette succession rapide d’informations, de sons et d’images surcharge notre système cognitif. À long terme, cela peut nuire à notre capacité de concentration, à notre mémoire et à notre stabilité émotionnelle. 

Le cerveau, en état d’alerte permanent, n’a plus le temps de traiter en profondeur ce qu’il voit, ce qui crée une forme de brouillard mental. Certains utilisateurs rapportent même une sensation de confusion ou de vide après des sessions prolongées de visionnage.

Peut-on consommer les Reels de manière plus saine ?

Heureusement, il est possible d’adopter une relation plus équilibrée avec les Reels. Tout commence par une prise de conscience : observer combien de temps on y consacre chaque jour, et quels types de contenus on consomme. Désactiver les notifications, fixer des limites de temps ou utiliser des applications de bien-être numérique peut aider à reprendre le contrôle. 

Il est aussi utile de suivre des créateurs qui proposent des contenus éducatifs, apaisants ou inspirants, au lieu de ceux qui nourrissent l’anxiété ou la comparaison. 

Enfin, faire des pauses régulières, s’adonner à des activités physiques ou créatives hors écran, et entretenir des relations sociales réelles restent les meilleurs remparts pour préserver une bonne santé mentale à l’ère du scroll infini.

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