Politique

Avec des armes et des militaires, l’ours russe renforce son influence au Sahel africain


Grâce à des équipements militaires et des experts russes, Moscou cherche à renforcer son influence dans les pays du Sahel africain et à consolider sa succession à la France sur le continent noir.

Tatiana Dovgalenko, directrice du partenariat avec l’Afrique au ministère russe des Affaires étrangères, a déclaré ce jeudi que la Russie « soutient l’Alliance des États du Sahel en envoyant des experts et du matériel militaire dans ces pays ».

Dans une déclaration à l’agence russe Sputnik, la responsable a précisé que l’envoi de militaires russes et d’équipements dans ces États vise à « aider à renforcer les capacités de lutte contre le terrorisme et à améliorer l’efficacité des forces armées nationales ».

Elle a ajouté que les experts russes assurent la formation des militaires des pays du Sahel ainsi que des membres de l’exécutif, soulignant l’importance de « renforcer les efforts du Burkina Faso, du Mali et du Niger pour garantir leur sécurité nationale et atteindre leurs objectifs sociaux et économiques ».

Dovgalenko a attribué l’absence d’aide financière aux pays africains aux « sanctions occidentales », expliquant : « La Russie n’a pas pu envoyer de fonds pour l’aide alimentaire en raison des sanctions ».

Elle a ajouté : « Le gouvernement avait alloué les fonds nécessaires à un programme de fourniture de denrées alimentaires locales à la Zambie, au Zimbabwe, au Mozambique, à la Namibie, au Niger et au Soudan. Cependant, en raison des sanctions imposées par Washington en novembre dernier aux institutions financières russes, y compris celles qui financent nos projets de donateurs auprès des organisations internationales, il n’a pas été possible de transférer les fonds ».

Changements radicaux

Les pays du Sahel africain ont connu en 2024 des changements radicaux après des décennies d’hégémonie occidentale, marquées par le retrait des forces françaises et américaines et la montée en puissance de l’influence russe.

Ce bouleversement stratégique, qui a suivi une série de coups d’État militaires, soulève la question de savoir si la Russie pourra combler le vide laissé par l’Occident.

Les pays du « triangle sahélien » (Mali, Burkina Faso et Niger) traversent une période d’instabilité sécuritaire, alors qu’ils s’efforcent, depuis plus d’un an, de relever les défis engendrés par le départ des forces américaines et françaises et de les remplacer par des forces russes.

Retrait américain et français

Le retrait des forces françaises et américaines de ces trois pays a commencé après une série de coups d’État : au Mali en mai 2021, au Burkina Faso en janvier 2022 et au Niger en juillet 2023.

Les nouvelles autorités militaires de ces pays ont insisté sur le départ des troupes françaises et américaines de leur territoire.

L’annonce du retrait des forces américaines de la dernière base militaire au Niger est intervenue après le départ progressif des forces françaises du Niger, du Mali et du Burkina Faso. Pendant ce temps, la présence russe s’est renforcée avec la création par Moscou du « Corps africain ».

En août 2024, l’armée américaine a annoncé avoir achevé le retrait de ses troupes de la base d’Agadez au Niger.

Ce retrait fait suite à la demande formulée en mars par les autorités de Niamey pour le départ des forces américaines, après des tensions avec Washington sur l’orientation de leur politique étrangère depuis leur prise de pouvoir à la suite du coup d’État de juillet 2023.

Il survient également huit mois après le retrait des forces françaises du Niger, qui ont quitté le pays en décembre 2023 après une crise profonde avec les nouvelles autorités.

Un an et demi auparavant, la France avait été contrainte de retirer ses troupes du Mali en août 2022 à la demande des autorités locales. Début 2023, Paris a également annoncé le retrait de ses forces du Burkina Faso à la demande du gouvernement burkinabé.

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