Un Frère musulman libyen incite à prendre les armes à l’instar des factions syriennes
Mohamed Mourgham, membre des Frères musulmans et représentant de cette organisation au sein de l’ancien Congrès national général, rejette tout dialogue avec Haftar, estimant qu’il s’agit d’un dépassement des lignes rouges.
Mohamed Mourgham, membre des Frères musulmans et ancien représentant au Congrès national général, a refusé toute réconciliation ou dialogue avec le commandant en chef de l’armée nationale libyenne, le maréchal Khalifa Haftar. Il a qualifié cela de transgression de nombreux interdits et a appelé à suivre l’exemple des factions syriennes qui ont pris les armes et ont réussi, selon lui, à renverser le régime du président syrien Bachar al-Assad.
-
Un lot de mercenaires syriens quitte le territoire libyen
-
Rural de Hama : Renforts massifs de l’armée syrienne et « fuite collective » des combattants
Ce n’est pas la première fois que Mourgham incite à la violence et à l’usage des armes contre les forces armées libyennes dirigées par Haftar. Il avait déjà exhorté le chef du gouvernement d’unité nationale, Abdelhamid Dbeibah, à collaborer avec la nouvelle direction syrienne, représentée selon lui par Ahmad Al-Charaa (connu auparavant sous le nom d’Abu Mohammad al-Joulani, leader de Hayat Tahrir al-Cham, une organisation islamiste radicale). Mourgham considère cette coopération comme une opportunité pour s’inspirer de cette expérience dans divers domaines : économiques, politiques, culturels, éducatifs et sécuritaires, selon le journal libyen address Libya.
Cette incitation à la violence survient alors qu’aucune solution à la crise libyenne, qui perdure depuis des années en raison des divisions politiques et de l’absence d’un consensus pour organiser des élections nationales, ne semble se profiler à l’horizon.
-
Salaires dérisoires et discrimination flagrante : pourquoi les Syriens désertent-ils les milices iraniennes ?
-
La nomination de Bachagha embrouille la scène libyenne et la Turquie en est le plus grand bénéficiaire
Sur son compte Facebook, Mourgham a écrit : « Toute réconciliation avec Haftar et son clan comprend plusieurs interdits : l’impunité des criminels, la perte des droits des opprimés et l’octroi d’une nouvelle opportunité à Haftar pour exécuter son projet criminel en leur donnant une légitimité politique. » Il a ajouté : « La solution syrienne et les tentatives infructueuses de dialogue précédent sont devant vous. »
Ce discours rejoint celui de Sadek Al-Ghariani, ancien mufti du Congrès national et figure de proue des Frères musulmans en Libye. Al-Ghariani s’est opposé à toute réconciliation nationale avec les autorités parallèles à l’Est du pays, appelant à plusieurs reprises, via des fatwas, à prendre les armes contre les habitants de l’Est et les forces armées, estimant que cela est une priorité.
-
Washington met en garde al-Assad contre l’utilisation d’armes chimiques en réponse à ses défaites
-
La Turquie viole la souveraineté de la Libye avec un nouvel élan de mercenaires syriens
Le courant islamiste radical, représenté par Al-Ghariani, soutient le gouvernement d’unité nationale expiré d’Abdelhamid Dbeibah. Al-Ghariani a maintes fois appelé au maintien de Dbeibah au pouvoir, utilisant ses fatwas comme arme dans les conflits politiques.
Le Parlement libyen a récemment adopté une loi sur la réconciliation nationale, un projet qui divise les acteurs politiques. Alors que le Conseil présidentiel, dirigé par Mohamed Al-Menfi, considère que cette décision complique davantage le processus, le Parlement continue d’affirmer son autorité en prenant des mesures unilatérales, notamment en retirant au Conseil présidentiel le titre de commandant en chef des forces armées.
Malgré ces tensions, des progrès notables ont été réalisés, notamment la signature d’un pacte entre les communautés Toubou et Arabes à Murzuq, dans le sud de la Libye, marquant la fin d’années de conflit.