Politique

Israël et l’Iran en 2024 : le feu par le feu


Entre riposte et contre-riposte, le conflit entre Israël et l’Iran en 2024 suit un rythme sélectif qui craint une escalade incontrôlée tout en évitant un conflit généralisé aux coûts exorbitants.

 

Chaque camp souhaitait renforcer sa dissuasion et affirmer sa puissance. Ainsi, les frappes furent sélectives d’un côté et graduelles de l’autre, créant une zone d’affrontement limitée.
Cette zone a établi un équilibre de gains restreints, car aucun des deux camps ne désirait supporter les coûts élevés d’un conflit total. Sur le terrain, l’ampleur des pertes ne justifiait pas une riposte massive.

Cependant, l’aspect psychologique a joué un rôle décisif dans ce jeu de riposte et de contre-riposte. Le premier ciblage, qu’il vienne de l’un ou l’autre camp, a souvent marqué une rupture des lignes rouges, exigeant une réponse pour sauver la face et atteindre d’autres objectifs.

Les épisodes de confrontation

Rien n’a suscité plus de craintes d’une Troisième Guerre mondiale que l’attaque menée par l’Iran contre Israël en réponse au ciblage de son consulat à Damas.

Un cercle de feu ininterrompu a alimenté des affrontements violents en 2024, résumés par quatre attaques mutuelles directes, une première dans l’histoire des escalades entre les deux camps.

– « La Promesse Sincère » : 14 avril

Au lendemain d’une attaque israélienne sans précédent contre le consulat iranien à Damas, ayant coûté la vie à plusieurs commandants des Gardiens de la révolution, Téhéran a lancé, à l’aube du 14 avril, une offensive appelée « La Promesse Sincère ».

Lors de cette attaque, des drones et des missiles sol-sol ont été utilisés simultanément. Toutefois, la forte présence de chasseurs américains, britanniques, français et israéliens dans la région a permis de détruire la majorité des drones et des missiles avant qu’ils n’atteignent leurs cibles.

– La contre-riposte : 19 avril

La riposte israélienne n’a pas tardé. Cinq jours plus tard, Tel Aviv a mené une attaque limitée avec de petits drones visant la ville d’Ispahan et une base aérienne, sans faire de victimes ni de dégâts majeurs, et sans déclaration officielle.

– « La Promesse Sincère 2 » : 1ᵉʳ octobre

En réponse à l’assassinat de l’ancien chef du bureau politique du Hamas, Ismaël Haniyeh, à Téhéran, de l’ancien secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et d’un commandant des Gardiens de la révolution à Beyrouth, l’Iran a lancé une grande offensive baptisée « La Promesse Sincère 2 » le 1ᵉʳ octobre.

Lors de cette attaque, Téhéran a utilisé des centaines de missiles, dont certains hypersoniques, visant des bases militaires israéliennes. De nombreux missiles ont atteint leurs cibles, causant des dégâts sans entraîner de pertes humaines.

– « Les Jours de Riposte » : 26 octobre

La riposte israélienne au deuxième assaut iranien a eu lieu à l’aube du 26 octobre. Baptisée « Les Jours de Riposte », l’opération a vu des escadrons d’avions israéliens attaquer des systèmes de défense aérienne et des missiles balistiques, selon Tel Aviv.
Téhéran a indiqué que des sites militaires à Téhéran, dans le Khouzistan (Ahvaz) et à Ilam avaient subi des dégâts limités, avec deux soldats tués.

Tel Aviv a également mentionné des cibles atteintes dans les provinces de Fars, Khorassan, Ispahan et le Kurdistan.

«Objectifs maîtrisés»

Lorsque le monde entier suivait ces missiles et drones qui remplissaient le ciel dans les deux sens entre l’Iran et Israël, il ne restait plus aucun doute pour la majorité que le Moyen-Orient glissait dangereusement vers une guerre totale.

Mais dès que la peur initiale s’est dissipée, il est progressivement apparu que cet affrontement n’était pas à la hauteur des tensions qu’il avait générées. Les objectifs réels étaient bien éloignés de l’aura dramatique que véhiculaient ces missiles et drones.

Des analystes ont unanimement conclu qu’Israël ne cherchait pas une escalade régionale, mais aspirait plutôt à affaiblir l’Iran de manière graduelle, sans se retrouver embarqué dans une confrontation directe susceptible d’épuiser ses ressources et de susciter des condamnations internationales.

De son côté, l’Iran semblait également viser à affirmer sa puissance en dissuadant Israël et en refusant d’accepter l’attaque contre son consulat à Damas. Par conséquent, sa réponse a été sélective, cherchant à limiter les risques d’une escalade incontrôlée.

Pendant ce temps, les menaces et avertissements dominaient des deux côtés, suivis par des démonstrations de capacités défensives israéliennes, entrecoupées de périodes de réflexion pour évaluer les options de riposte et de contre-riposte.

Points de force

Tel-Aviv mise sur un levier de pression efficace pour contrer l’avantage géographique de l’Iran en termes de superficie. Sa supériorité militaire lui permet de mener des opérations précises et étendues. Israël s’appuie sur la compétence et la précision de ses capacités militaires, ce qui lui procure un avantage stratégique qu’elle exploite pour imposer ses normes sans s’engager dans des conflits généralisés susceptibles d’attirer les critiques internationales et de drainer ses ressources.

L’Iran, quant à lui, est une puissance régionale dotée de capacités militaires compétitives. Cependant, il ne s’appuie pas sur une supériorité militaire directe dans son conflit avec Israël, mais privilégie son étendue géographique et ses réseaux régionaux. Dans son affrontement avec Israël, Téhéran semble équilibrer son ambition d’élargir son influence et de préserver sa crédibilité, non seulement auprès de sa population, mais également auprès de «l’axe de la résistance», tout en étant conscient des limites de ses capacités face à un adversaire technologiquement supérieur.

Dimensions

En 2024, le conflit entre l’Iran et Israël s’est articulé autour de plusieurs dimensions. La confrontation directe représente le point central de cette année et l’étape la plus dangereuse dans l’évolution des tensions au Moyen-Orient.

La deuxième dimension réside dans les répercussions des guerres de Gaza et du Liban. La troisième concerne les négociations sur l’accord nucléaire avec les grandes puissances occidentales. Enfin, les impacts de ces développements sur la sécurité régionale et le rôle de Téhéran dans le Moyen-Orient complètent ce tableau.

Cependant, au vu des évolutions critiques sur le terrain, notamment sur les fronts de combat, ces points restent les plus déterminants pour dessiner les contours de l’affrontement entre les deux parties, comme cela s’est manifesté après le cessez-le-feu au Liban.

En tout état de cause, le conflit entre Tel-Aviv et Téhéran n’a pas atteint le point de non-retour. Ainsi, l’arrêt des combats au Liban, bien qu’ayant entraîné le retrait du Hezbollah au-delà du fleuve Litani, a contribué à éliminer les principaux facteurs de confrontation entre Téhéran et Tel-Aviv.

Avec l’affaiblissement de ses réseaux, la phase de riposte et de contre-riposte semble révolue, les causes ayant disparu et les objectifs des deux camps étant atteints. L’Iran peut ainsi se positionner comme un acteur défensif, tandis qu’Israël a démontré sa supériorité militaire, non seulement sur le plan logistique, mais également en affaiblissant les réseaux iraniens dans la région.

Dès lors, les déclarations des responsables des deux camps laissent entrevoir une période de guerre froide où les règles d’engagement retournent à des zones d’ombre.

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