Mayotte : Une île française détruite par la pauvreté avant le cyclone « Chido »
L’île française de Mayotte, habitée par environ 100 000 personnes, vit une situation désastreuse après avoir été frappée par le cyclone « Chido », ce qui a aggravé sa fragilité économique et la pauvreté extrême de ses habitants.
Alors que les opérations maritimes et aériennes continuent d’acheminer des fournitures et des équipements de secours vers cette île de l’océan Indien, les autorités craignent la mort de milliers de personnes en raison des destructions massives causées par le cyclone, qui a également entraîné des coupures d’électricité et de communication.
Selon le journal français La Croix, la majorité des habitants de Mayotte vivent dans des maisons en tôle. D’après l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), environ 4 logements sur 10 sont précaires.
Megan Oussedat, doctorante en sociologie à l’Université de Rouen et spécialiste du logement précaire à Mayotte, explique : « En général, ces maisons sont construites avec des poteaux en bois, des murs et des toits en tôle, et elles comportent des portes et des fenêtres. »
Elle ajoute : « Le confort varie : certaines maisons ont un sol en béton ou décoré, mais seulement 44 % d’entre elles sont raccordées à l’eau. De plus, ces habitations sont souvent construites sur des collines, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux aléas climatiques. Il y a quelques années, des glissements de terrain ont emporté des maisons et des familles. »
La région la plus pauvre de l’Union européenne
François Hermet, maître de conférences en sciences économiques à l’Université de La Réunion, souligne : « Avec 77 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté, Mayotte est non seulement la région au PIB le plus faible de France, mais aussi de l’Union européenne. »
Il ajoute : « Bien que Mayotte soit une région extrêmement pauvre, son PIB reste sept à dix fois supérieur à celui des îles voisines. »
Rémi Carayol, auteur de Mayotte, le cercle colonial, rappelle qu’au référendum d’autodétermination de 1974, contrairement aux trois autres îles, Mayotte a voté pour rester rattachée à la France, qui n’a commencé à investir dans cette île qu’au milieu des années 1990.
Une population en forte croissance
Entre 2007 et 2017, l’immigration en provenance des Comores, principalement composée de femmes et d’enfants, a été multipliée par dix.
Un fait marquant est que le taux de fécondité des femmes comoriennes est presque deux fois supérieur à celui des femmes mahoraises. Ces dernières années, plus de 10 000 enfants naissent chaque année à Mayotte.
Carayol précise que la population, qui a presque doublé depuis le début des années 2000, a fortement augmenté. Ainsi, « même si l’État investit, il n’arrive jamais à répondre aux besoins croissants en matière d’infrastructures, de santé ou d’éducation. »
Dans cette île où les cours ne durent souvent qu’une demi-journée, Mayotte fait face à un énorme défi pour éduquer ses jeunes et leur permettre de poursuivre des études supérieures. Elle souffre également d’un manque aigu de médecins, d’enseignants, d’infirmiers et d’ingénieurs, qui sont recrutés à grands frais depuis la métropole française mais repartent après une courte période.
Mayotte subit aussi des pénuries chroniques d’eau potable en raison de coupures fréquentes.
Hermet explique : « Plus de la moitié de la population a moins de 18 ans, et un tiers a moins de 10 ans. Il faudrait construire une nouvelle salle de classe chaque jour pour répondre à leurs besoins. »
Actuellement, 48 % des habitants de Mayotte sont étrangers, dont une grande partie en situation irrégulière. Ces personnes, sans titre de séjour, n’ont pas accès aux droits sociaux, à l’emploi ou au logement.
Hermet conclut : « Ce sont des personnes extrêmement démunies, qui n’ont d’autre choix que de vivre dans des maisons en tôle, sans protection adéquate. »