Politique

Des arrangements secrets entre la Turquie, la Russie et l’Iran ont accéléré la chute d’al-Assad

Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a affirmé que la victoire de l'opposition aurait pris beaucoup plus de temps si al-Assad avait bénéficié du soutien de la Russie et de l'Iran.


Vendredi, Hakan Fidan a annoncé que la Turquie avait convaincu la Russie et l’Iran de ne pas intervenir militairement en Syrie pendant l’offensive des factions rebelles qui a conduit à la chute de Bachar al-Assad. « Ils ont compris notre position », a-t-il déclaré, réfutant ainsi les affirmations des responsables iraniens selon lesquelles l’attaque aurait été une surprise et que l’Iran n’était pas informé des évolutions sur le terrain.

Dans une interview diffusée en direct sur la chaîne privée turque NTV, il a expliqué :

« L’élément le plus important était de parler aux Russes et aux Iraniens et de s’assurer qu’ils n’interviendraient pas militairement dans l’équation. Nous leur avons parlé, et ils ont compris. »

Fidan a ajouté : « Pour minimiser autant que possible les pertes humaines, nous avons travaillé pour atteindre notre objectif sans effusion de sang, en poursuivant des négociations ciblées avec deux acteurs importants capables d’user de leur puissance. »

Selon le ministre, si al-Assad avait reçu le soutien de la Russie et de l’Iran, « la victoire de l’opposition aurait pris beaucoup plus de temps et aurait été sanglante ».

Les critiques contre la Russie et l’Iran

La Russie et surtout l’Iran sont critiquées par certaines forces pro-Assad dans la région pour avoir abandonné le régime. Cependant, l’Iran affirme que l’armée syrienne n’avait aucune volonté de se battre et que la fuite de Bachar al-Assad, sans même avertir ses proches, témoigne de son désintérêt pour le maintien au pouvoir.

Des rapports indiquent que l’ancien président syrien avait planifié de fuir avec sa famille grâce à l’aide des Russes, sans informer son frère Maher al-Assad, qui aurait ensuite fui en Irak par hélicoptère.

Hakan Fidan a aussi déclaré : « Mais les Russes et les Iraniens ont compris que cela n’avait plus aucun sens. L’homme dans lequel ils avaient investi ne valait plus cet investissement. En outre, les conditions régionales et mondiales ont changé. »

Les tentatives de normalisation

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan avait précédemment tenté de normaliser les relations avec al-Assad, mais ce dernier avait refusé tant que la Turquie ne retirait pas ses troupes du nord de la Syrie et ne cessait pas son soutien à l’opposition armée.

Après la fuite d’al-Assad, la Russie a reconnu que le régime syrien n’était plus en mesure de survivre face aux pressions militaires et économiques, affirmant que le peuple syrien devait choisir son avenir de manière indépendante.

La chute d’al-Assad

Après une offensive de onze jours, les factions de l’opposition syrienne, dirigées par Hayat Tahrir al-Cham (HTS), ont renversé al-Assad, qui s’est enfui en Russie avec sa famille, selon les agences de presse russes. Cette fuite a provoqué un choc parmi ses partisans.

Plusieurs pays, notamment dans la région, ont exprimé leurs inquiétudes face à HTS, une organisation islamiste encore classée comme terroriste par des États occidentaux malgré sa rupture avec Al-Qaïda.

Hakan Fidan a jugé ces craintes « parfaitement normales », tout en soulignant la nécessité de « trouver une solution ». Il a précisé : « Personne ne les connaît mieux que nous. Nous voulons une Syrie sans terrorisme, qui ne constitue pas une menace pour les pays de la région. »

En maintenant des lignes de communication ouvertes avec HTS, la Turquie transmet directement ces préoccupations à la direction de l’organisation et à Damas.

« Nous leur disons : La Turquie, qui vous soutient depuis des années, ainsi que le reste du monde, attendent cela de vous. C’est votre devoir et votre test », a-t-il conclu.

Le 8 décembre, les factions de l’opposition syrienne ont pris le contrôle de la capitale, Damas, après avoir conquis d’autres villes, forçant les forces du régime à se retirer des institutions publiques et des rues.

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