« Échecs » des services de renseignement : Israël peut-il restaurer son prestige sécuritaire après l’attaque d’octobre ?
Le renseignement israélien a toujours été perçu comme un système légendaire dans le domaine de la sécurité nationale, et ses opérations ont même été représentées dans des films hollywoodiens.
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Cependant, cette réputation a subi un coup dur après l’attaque surprise menée par le Hamas contre des villes israéliennes à la périphérie de Gaza l’an dernier, et les dirigeants du renseignement israélien tentent de la restaurer.
Est-ce que les frappes israéliennes contre le Hamas dans la bande de Gaza et contre le Hezbollah au Liban ont corrigé les « échecs » laissés par l’attaque du 7 octobre 2023 ?
D’après le magazine américain Foreign Policy, même si les « opérations de renseignement spectaculaires créent des gros titres captivants, il n’est pas certain que les espions israéliens fournissent également le meilleur soutien diplomatique ou stratégique ».
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Deux moments d’échec
Le magazine souligne que, avant l’attaque du Hamas, le renseignement israélien « était empreint d’une culture de responsabilité lorsqu’un échec inévitable se produisait, mais semblait pourtant être à son apogée ».
En septembre 2023, à l’occasion du 50e anniversaire de la guerre d’Octobre 1973, le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, a réfléchi sur ce qui était alors considéré comme le plus grand échec du renseignement israélien, à savoir l’incapacité à anticiper l’attaque égyptienne qui a déclenché la guerre, et les leçons qui en ont été tirées.
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À cette époque, Foreign Policy explique que la croyance profondément ancrée, mais totalement erronée, selon laquelle les pays arabes ne lanceraient une autre guerre contre Israël que dans des conditions très spécifiques, avait conduit le gouvernement israélien à ignorer à plusieurs reprises les preuves d’un conflit imminent.
Le renseignement israélien croyait alors avoir appris de ces erreurs, qui avaient conduit à de nombreuses démissions et licenciements après la guerre. Cependant, la réputation durement acquise d’Israël, ainsi que son sentiment de sécurité, étaient sur le point de s’effondrer.
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Selon Foreign Policy, l’incapacité des services de renseignement israéliens à prévoir et à contrecarrer l’attaque du Hamas le 7 octobre était « si choquante qu’elle a éclipsé les échecs de 1973 ».
L’absence d’organisation, les signaux manqués et les avertissements ignorés minimisent même l’échec du renseignement américain lors des attentats du 11 septembre, lorsque les agences de renseignement avaient averti d’une attaque imminente d’Al-Qaïda.
Comme leurs homologues américains en 2001, les services de renseignement israéliens avaient également ignoré ce que répétaient les membres des organisations hostiles.
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Face à un pays non préparé, l’armée israélienne a mis plusieurs heures à réagir à l’attaque du Hamas.
Une « mauvaise évaluation » partagée
Entre les échecs du renseignement de 2023 et 1973, Foreign Policy observe « des similitudes frappantes », notamment le fait que les dirigeants politiques et militaires étaient « prisonniers d’une mauvaise évaluation des intentions de l’ennemi et de la sous-estimation de ses capacités ».
Dans ce cas précis, la direction israélienne pensait que le Hamas, malgré toute sa rhétorique belliqueuse, était essentiellement satisfait du statu quo dans lequel il contrôlait Gaza.
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Encore une fois, comme en 1973, des membres subalternes des services de renseignement ont tenté de prévenir leurs supérieurs, qui les ont ignorés.
Les services de renseignement militaires israéliens n’ont pas cru que quelque chose de nouveau était sur le point de se produire, malgré les nombreux avertissements de surveillantes militaires situées à la frontière sud, ainsi que d’un citoyen israélien qui écoutait les communications du Hamas. Le ministère des Communications lui avait confisqué son matériel car « les hauts responsables de la sécurité en avaient assez de ses avertissements », selon la journaliste Efrat Fenigson.
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« Reconstruction »
Malgré ces faiblesses, les opérations menées l’année dernière et cette année contre le Hezbollah libanais ont offert aux services de renseignement israéliens « l’occasion de reconstruire leur réputation d’avant le 7 octobre ».
À ce titre, Foreign Policy souligne que le Hezbollah et son soutien iranien ont été au cœur des préoccupations du renseignement israélien pendant des années, et que ce dernier a réussi à « voler les archives nucléaires iraniennes, assassiner plusieurs scientifiques nucléaires pour retarder les programmes d’enrichissement, et frapper à plusieurs reprises les cargaisons d’armes iraniennes transitant par la Syrie ».
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Ils ont également pu atteindre des dirigeants du Hamas et du Hezbollah, notamment les plus hauts niveaux de commandement.
En février dernier, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, est devenu de plus en plus préoccupé par la sécurité opérationnelle et a mis en garde les membres du parti contre les capacités israéliennes à exploiter leurs téléphones portables. Le groupe a donc opté pour des téléavertisseurs.
Le 17 septembre dernier, à 15h30 heure locale, les téléavertisseurs utilisés par des milliers de membres du Hezbollah à travers le Liban et la Syrie ont explosé simultanément.
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Le lendemain, une autre vague d’explosions a détruit ce qui restait des capacités de communication du Hezbollah, faisant des morts et des blessés.
Bien que les services de renseignement israéliens n’aient pas explicitement reconnu leur responsabilité, il semble que le Mossad et l’Aman aient planifié et exécuté cette opération, faisant preuve d’une grande patience pour mener à bien une opération qui a peut-être été en préparation pendant des années, selon Foreign Policy.
Ensuite, la peur de l’Iran face à une éventuelle maîtrise israélienne de ses moyens de communication a poussé les Gardiens de la révolution à cesser d’utiliser tous les dispositifs électroniques.
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Ce coup, en plus de semer une peur psychologique autour de ces appareils, a gravement affecté les capacités de communication du Hezbollah, forçant ses milliers d’agents à revenir à des moyens de communication plus basiques.
Bien que Nasrallah ait promis une « réponse sévère » à Israël à la suite des explosions des téléavertisseurs et des radios, il a été surpris par une frappe aérienne israélienne qui a visé un centre de commandement souterrain lors d’une réunion avec ses hauts responsables.