Moyen-Orient

« Pont de la Dignité » : La passerelle des Palestiniens « triple nationalité » vers le monde


La réalité palestinienne a toujours été liée aux ponts et aux postes-frontières, ces infrastructures qui maintiennent le lien avec le monde et atténuent l’absence d’aéroports et de ports nationaux.

Dans ce contexte, les Palestiniens en Cisjordanie considèrent le Pont de la Dignité, à la frontière entre la Cisjordanie et la Jordanie, qui a fait la une des journaux ces dernières 24 heures, comme une bouffée d’air et une porte d’entrée vers le monde extérieur.

Ce matin, les autorités jordaniennes ont annoncé la fermeture du pont pour les départs, les arrivées et le fret, jusqu’à nouvel ordre.

Hier, un conducteur jordanien a ouvert le feu sur plusieurs Israéliens au Pont du Roi Hussein (poste-frontière d’Allenby) entre la Cisjordanie et la Jordanie, tuant 3 Israéliens avant d’être abattu par les forces de sécurité israéliennes.

Pont de la Dignité

Les Palestiniens appellent ce poste-frontière le « Pont de la Dignité », tandis que le gouvernement jordanien l’appelle le « Pont du Roi Hussein » et Israël le nomme le « Pont Allenby ».

À l’origine, ce « pont » était un pont en bois traversant le Jourdain, renforcé par la suite avec des structures en acier pour devenir un pont en fer, avant de se transformer en pont en béton.

Des dizaines de milliers de Palestiniens traversent quotidiennement le pont, dans les deux sens, entre la Cisjordanie et la Jordanie. Des centaines de camions commerciaux empruntent également le pont pour transporter des marchandises entre la Cisjordanie et la Jordanie.

La grande majorité des habitants de la Cisjordanie voyage à partir de l’aéroport international Queen Alia à Amman vers différentes destinations dans le monde, mais ils passent d’abord par le « Pont de la Dignité ».

Israël interdit aux Palestiniens de Cisjordanie de voyager via l’aéroport international Ben Gourion près de Tel Aviv, sauf dans des cas rares.

Une longue histoire

Le pont traverse le Jourdain, se trouvant à 60 kilomètres de la capitale jordanienne Amman et à 5 kilomètres de la ville de Jéricho en Cisjordanie, à une altitude de 273 mètres en dessous du niveau de la mer.

L’histoire du pont remonte à l’époque ottomane en 1885, lorsqu’il était en bois, mais il a été détruit pendant la Première Guerre mondiale avant d’être reconstruit sous le mandat britannique en 1918.

Il a été nommé « Pont Allenby » en l’honneur du général Edmund Allenby, commandant de l’armée britannique qui a occupé la Palestine avant la mise en place du mandat.

Le pont s’est effondré à nouveau en 1927 lors du tremblement de terre de Naplouse, puis a été reconstruit, mais a de nouveau été détruit en 1946 par la « bande de Palmach » sioniste.

Le pont est étroitement lié à la destruction, ayant été entièrement détruit une fois de plus lors de la guerre de 1967, avant d’être reconstruit en 1968.

Au fil des ans, il est passé d’un pont en bois à un pont en fer puis en béton en 2001, et il est désormais doté de 4 voies pour les bus, les voitures et les camions.

3 Phases

Le pont est divisé en deux sections : la première est sous contrôle israélien complet, et la seconde sous souveraineté jordanienne.

Le passage des Palestiniens de Cisjordanie par le pont se fait en 3 phases : la première consiste à quitter et enregistrer pour le voyage et à remettre les bagages depuis une zone appelée « la halte » à Jéricho, puis ils se rendent en bus du côté israélien du pont où les passeports sont vérifiés, et enfin ils passent du côté jordanien en bus, où les passeports sont de nouveau vérifiés par les autorités jordaniennes et les bagages sont remis.

Cependant, les Palestiniens de Jérusalem-Est et les étrangers traversent le pont sans passer par « la halte » à Jéricho, mais directement vers le côté israélien du pont.

L’Autorité des aéroports israéliens gère la partie israélienne du pont, qui connaît de fortes affluences pendant les vacances d’été ainsi que lors de la saison du pèlerinage.

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