La Libye demande à la Tunisie de livrer deux personnes impliquées dans l’assassinat de Mliqta
L’incident a révélé un dysfonctionnement majeur dans le système de renseignement libyen, en particulier dans l’agence de sécurité extérieure, qui est l’un des organes sensibles.
Le gouvernement d’unité nationale sortant, dirigé par Abdel Hamid Dbeibah, a renouvelé sa demande aux autorités tunisiennes d’extrader les suspects impliqués dans la tentative d’assassinat du président de l’Autorité nationale de sécurité, Abdelmajid Mliqta, en juin dernier, au milieu de craintes que cet incident soit le début d’une série d’assassinats politiques en Libye dans un contexte de tensions sécuritaires continues et de divisions au sein des institutions de l’État.
Dbeibah a discuté avec le procureur général Sadiq Al-Sour des mesures prises avec la Tunisie selon les protocoles habituels des deux pays et de la poursuite de l’enquête sur le citoyen Abdelrahman Qaja en vertu de l’accord de Riyad à cet égard.
Des rapports médiatiques tunisiens ont indiqué que les autorités libyennes avaient demandé à la Tunisie d’extrader deux personnes accusées de l’incident sans révéler de détails sur l’identité des suspects ou la manière dont ils étaient entrés en Tunisie.
Le bureau du procureur général en Libye avait publié mercredi dernier un communiqué indiquant qu’une réunion avait eu lieu entre le conseiller du procureur général et le ministre de l’Intérieur tunisien Khaled El-Nouri, ainsi que le directeur général de l’Administration des frontières et des étrangers du ministère, lors du Forum méditerranéen sur la migration qui s’est tenu à Tripoli, la capitale libyenne. Les parties réunies ont discuté de l’état des procédures judiciaires liées au rapatriement des personnes impliquées dans le meurtre de Mliqta.
Le procureur général avait annoncé mardi dernier l’arrestation de deux membres des services de renseignement libyens accusés d’avoir fait exploser une voiture piégée sur le chemin emprunté par le président de l’Autorité nationale de sécurité dans le but de l’assassiner, et de la poursuite des autres personnes impliquées dans l’opération, précisant qu’elles étaient hors du pays.
L’annonce de l’implication de membres des services de renseignement libyens dans la tentative d’assassinat d’un responsable gouvernemental a suscité un large débat sur la possibilité de futures éliminations internes au sein des organes de l’État en raison des conflits entre leurs membres.
Selon le procureur général, Al-Sour a reçu une décision du chef des services de renseignement libyens, Hussein Al-Aib, levant les restrictions procédurales à l’encontre de 13 membres du service accusés dans l’affaire de l’assassinat.
Les analystes libyens estiment que l’implication directe de Dbeibah dans le dossier de la tentative d’assassinat de son conseiller envoie plusieurs messages, le premier étant la relation personnelle qui le lie à son conseiller et confident, et d’autre part, l’implication directe d’un organe souverain dont la mission est de protéger le pays contre les dangers internes et externes. L’incident a révélé un dysfonctionnement majeur dans le système de renseignement libyen, en particulier dans l’agence de sécurité extérieure, qui est l’un des organes sensibles.
D’autres pensent que l’incident a révélé les conflits internes au sein des services de renseignement libyens, tandis que certains estiment qu’il semble s’agir d’un règlement de comptes, notamment à la suite de fuites dans les coulisses de la scène libyenne concernant le désir de Mliqta de gérer l’agence avec des personnalités qui lui sont proches.
La Tunisie et les cinq pays de l’Union du Maghreb arabe sont liés par un accord de coopération judiciaire et juridique datant de 1993.
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En juin 2012, la présidence du gouvernement tunisien avait annoncé l’extradition de l’ancien Premier ministre du défunt Mouammar Kadhafi, Baghdadi Mahmudi, aux autorités libyennes pour qu’il soit jugé, avec des garanties du côté libyen de le protéger contre toute atteinte physique ou morale et toute violation des droits de l’homme.
L’incident avait suscité un large débat dans la rue tunisienne, et à l’époque, le ministre des Droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou, et le ministre de la Justice, Noureddine Bhiri, avaient confirmé lors d’une conférence de presse que la décision d’extrader Baghdadi se fondait sur l’accord d’extradition des réfugiés signé avec le gouvernement libyen en 1968.