La France exprime une forte volonté de mettre fin aux tensions avec le Maroc
Le ministre des Affaires étrangères français, auparavant connu pour ses positions hostiles envers Rabat, affirme qu'il travaillera "personnellement" à rapprocher et renforcer les relations entre les deux pays
La France a exprimé une forte volonté de corriger la trajectoire des relations avec le Maroc et de mettre fin à une crise qui a sérieusement affecté ses intérêts avec son partenaire marocain, renouvelant en même temps son soutien à la proposition d’autonomie comme solution réaliste pour mettre fin au conflit artificiel dans le Sahara.
Le nouveau ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a déclaré qu’il travaillerait « personnellement » à rapprocher la France du Maroc, ajoutant dans une interview au quotidien « Ouest France » aujourd’hui: « Nous avons eu plusieurs contacts (avec les Marocains) depuis ma nomination » le 12 janvier. Et il a souligné que « le président de la République m’a demandé d’investir personnellement dans la relation franco-marocaine et également d’écrire un nouveau chapitre dans notre relation. Et je m’engage à le faire ».
Il a également souligné que la France « a toujours été à l’heure, même en ce qui concerne les questions les plus sensibles comme le Sahara, où le soutien clair et continu de la France au plan d’autonomie marocain est devenu une réalité depuis 2007″. Et d’ajouter: « Nous ajoutons que le moment est venu d’avancer », confirmant: « Je ferai de mon mieux dans les semaines et les mois à venir pour rapprocher la France du Maroc » tout en « respectant les Marocains ».
Les déclarations de Séjourné indiquent que la France intensifie ses efforts diplomatiques pour envoyer des messages positifs au Maroc et exprimer sa volonté d’améliorer ses relations et de les faire progresser, en affirmant que les personnalités politiques présentes au gouvernement qui ont auparavant adopté des positions hostiles envers le royaume, sont très déterminées à ouvrir une nouvelle page et à rapprocher les liens avec Rabat.
L’intérêt de la France aujourd’hui nécessite un changement dans les positions antérieures de Séjourné hostiles au Maroc compte tenu des relations actuelles entre les deux pays. Et d’adopter une nouvelle approche pour se rapprocher de Rabat, notamment après les revers et le recul de l’influence française dans la région du Sahel, au profit de la montée en puissance du Maroc en tant que force significative et partenaire fiable ayant réussi à pénétrer le continent africain avec une diplomatie politique et économique calme basée sur des partenariats stratégiques qui servent les intérêts de l’Afrique et du royaume.
Les personnalités politiques du nouveau gouvernement reconnaissent qu’elles doivent travailler à améliorer les relations bilatérales avec Rabat, d’autant plus que la France entretient généralement des relations tendues avec un certain nombre de ses anciennes colonies en Afrique, et a grand besoin d’une relation stable avec le Maroc.
Le nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, qui était également connu pour ses positions hostiles envers le Maroc, pourrait avoir tiré les leçons du passé et des efforts soutenus de son pays pour améliorer les relations avec Rabat, étant donné son importance et sa position stratégique dans la région, notamment en tant que premier partenaire commercial de la France en Afrique, et en sécurisant un passage vers l’Afrique subsaharienne où il exerce activement une « puissance douce » économique depuis 2010.
Les calculs des politiciens français ont clairement transparu dans les propos de l’ancien chef des services de renseignement français, Alain Juillet, il y a quelques jours, critiquant sévèrement la diplomatie française à l’égard du Maroc, soulignant de graves erreurs, dont la poursuite d’une approche contraire à ce que devraient être les relations franco-marocaines, ce qui a conduit à ce que « l’État qui était récemment un allié de la France, soit maintenant en conflit avec nous », se demandant « comment la France peut-elle commettre de telles erreurs? C’est incroyable ».
Juillet, ancien chef des services de renseignement français qui a occupé ce poste en 2002, a parlé de la perte par son pays de son influence en Afrique, affirmant en revanche que le Maroc a réussi à prendre la place de Paris dans la région du Sahel après l’initiative lancée par le roi Mohammed VI, qui permet aux pays du Sahel d’accéder à l’océan Atlantique.
Il a déclaré que le Maroc avait réussi à prendre la place de Paris dans la région du Sahel, en particulier après l’initiative marocaine visant à renforcer l’accès des pays du Sahel à l’océan Atlantique.
Il a estimé que le Maroc avait déjà dépassé la France, surtout après avoir conclu un accord économique avec le Niger, le Mali et le Burkina Faso, des pays qui ont connu des coups d’État militaires et sont maintenant gouvernés par des conseils militaires.
Rabat s’est engagé à adopter une attitude positive dans la crise que les trois pays ont traversée, tandis que la France a adopté une politique hostile et a poussé à intervenir dans les affaires de ses anciennes colonies au lieu de rechercher une solution diplomatique.
Les deux dernières années ont été marquées par de fortes tensions entre le Maroc et la France, l’ancienne puissance coloniale qui abrite une importante communauté marocaine. L’une des principales causes de tension a été la tentative du président français Emmanuel Macron de se rapprocher de l’Algérie, alors que cette dernière a rompu ses relations diplomatiques avec Rabat en 2021.
En septembre, une nouvelle controverse a éclaté après que Rabat ait ignoré l’offre de la France de fournir de l’aide après le séisme dévastateur.
Les positions françaises ont créé des tensions au cours des derniers mois, parmi lesquelles le refus des autorités marocaines de l’aide française destinée aux victimes du séisme du 8 septembre dernier, ce qui a suscité la colère des médias français qui ont lancé des campagnes contre le Maroc et ses institutions. Cela a reflété l’ampleur de la « crise silencieuse » qui a assombri les relations entre Rabat et Paris depuis plus de deux ans, se traduisant notamment par le gel des visites officielles entre les deux pays, l’absence de tout contact entre le roi du Maroc et le président français, et une lacune diplomatique.
Après des tentatives françaises de colmater la brèche et de montrer des signes de bonne volonté envers Rabat, l’ambassadeur français au Maroc a reconnu en novembre dernier que la décision de restreindre l’octroi de visas français aux Marocains était une erreur.
En novembre 2023, lors de sa participation à un programme radio sur « Radio 2M », l’ambassadeur français à Rabat, Christophe Lecourtier, a annoncé que son pays avait levé toutes les restrictions imposées sur la délivrance de visas aux citoyens marocains pour clore ce dossier définitivement, mais il a exprimé son regret pour cette décision, qualifiée de « perte » pour son pays selon le président Emmanuel Macron, et qui a considérablement nui à son image. Il a expliqué qu’une relation aussi solide que celle entre Paris et Rabat ne peut être gérée uniquement par des statistiques.
Les relations entre les deux pays ont ensuite montré des signes de progrès, et le roi du Maroc, Mohammed VI, a nommé en octobre dernier la journaliste et ancienne directrice de l’information de la deuxième chaîne marocaine, Samira Sitail, ambassadrice auprès de la République française, quelques mois après la vacance du poste suite à la fin de la mission de l’ambassadeur Mohammed Benchaaboun le 17 janvier dernier, le même jour où le Parlement européen a voté sur une résolution concernant la liberté de la presse, considérée comme hostile au Maroc par une initiative et un soutien de députés du parti de Macron.
Le journal « Africa Intelligence », spécialisé dans les affaires africaines, a révélé que Macron se préparait à visiter Rabat après une amélioration relative des relations récemment, indiquant que la présidence française prévoyait de tourner une nouvelle page dans les relations bilatérales et de donner un nouvel élan aux relations entre les deux pays.