Les plans de la Russie réussissent à préparer la dissolution du Groupe Sahélien
Le Tchad et la Mauritanie, les deux derniers pays du Groupe Sahélien soutenu par Paris, mettront en œuvre une disposition permettant la dissolution de la coalition sur demande d'au moins trois pays membres
Le Groupe Sahélien, établi par la France pour faire face à l’expansion des djihadistes au Sahel et dans le désert africain, est au bord de l’effondrement après le retrait de plusieurs pays influents et la perte de l’influence considérable de Paris. On accuse la Russie d’être à l’origine de la dissolution du groupe.
Le Tchad et la Mauritanie, les deux derniers pays du Groupe Sahélien des cinq, ont annoncé mercredi le dégagement de la voie pour la dissolution de la coalition régionale destinée à combattre les djihadistes après le retrait des trois autres pays.
Dans une déclaration, les deux pays ont mentionné que le Tchad et la Mauritanie « prennent acte et respectent la décision souveraine » du Burkina Faso et du Niger de se retirer de la coalition, tout comme l’a fait le Mali. La déclaration ajoutait que les deux pays « mettront en œuvre toutes les mesures nécessaires conformément à l’accord fondateur du G5 Sahel, en particulier l’article 20. » L’article 20 permet la dissolution de la coalition sur demande d’au moins trois pays membres.
Les pays du G5 Sahel ont été créés en 2014, déployant une force militaire conjointe pour lutter contre le terrorisme avec le soutien de la France. Ils ont lancé des opérations connues sous le nom d' »Opération Barkhane » lorsque les menaces djihadistes s’intensifiaient dans ces pays, qui avaient des armées mal équipées.
Cependant, les chefs militaires du Burkina Faso, du Niger et du Mali ont accusé Paris de jouer un rôle exagéré après des années de présence française sur leur territoire. Le Burkina Faso et le Niger ont annoncé leur retrait de toutes les instances affiliées au G5 Sahel dans une déclaration samedi, indiquant qu’ils ont décidé de « se retirer de toutes les institutions liées au G5 Sahel, y compris la force conjointe. »
Ouagadougou et Niamey ont ajouté dans la déclaration que « l’organisation rencontre des difficultés pour atteindre ses objectifs. Le pire est que les aspirations légitimes de nos pays, consistant à faire de la région du G5 Sahel une zone sécurisée et développée, sont entravées par la routine institutionnelle d’une ère précédente, nous convainquant que notre chemin vers l’indépendance et la dignité n’est pas compatible avec la participation dans la forme actuelle du G5 Sahel. »
Depuis la création de la Force Conjointe de Lutte contre le Terrorisme, la violence n’a cessé de se propager, entraînant la mort de milliers de civils et de combattants et le déplacement de millions de personnes.
La dissolution du Groupe Sahélien entraînera une influence croissante de la Russie dans la région, notamment à mesure que le Groupe Wagner, le bras militaire privé de Moscou, gagne du terrain, en particulier au Mali, où l’on pense que Moscou est à l’origine du démantèlement du groupe.
La Russie a renforcé son soutien au conseil militaire malien en signant des accords militaires pour soutenir les forces maliennes contre les djihadistes. La Russie a déjà livré plusieurs hélicoptères de combat et des armes aux forces maliennes en mars, mais Bamako, ainsi que d’autres capitales, en révolte contre l’influence française, cherche un soutien économique, d’autant plus que le soutien occidental dans les aspects financiers et économiques a diminué depuis la détérioration des relations avec la France.
Malgré les efforts du président français Emmanuel Macron pour sauver le Groupe Sahélien lors de visites dans plusieurs pays africains, cela semble être un échec pour empêcher l’effondrement du groupe.