Turquie

La Turquie tente-t-elle d’attirer des leaders chiites irakiens dont le statut a diminué avec l’Iran ?


Après avoir réalisé l’inutilité de compter sur des leaders sunnites qui ne jouent qu’un rôle secondaire et limité dans la formulation et la mise en œuvre des politiques irakiennes, les efforts de la Turquie pour étendre son influence en Irak connaissent un tournant significatif en vue de construire un réseau étendu de relations avec des leaders chiites traditionnellement influents au sein du camp de loyauté envers l’Iran.

Ankara profite de la relation tendue entre Téhéran et certains de ses partisans en Irak, dont la valeur a diminué pour plusieurs raisons. Parmi ces raisons figure leur éloignement des rôles qui leur sont assignés et leur participation à des conflits contre d’autres factions chiites. De plus, leur popularité a diminué dans la rue irakienne, signifiant une réduction de leur capacité à diriger et à contrôler, selon un rapport analytique publié par le journal « Al-Arab » basé à Londres.

Le rapport cite l’exemple de Qais al-Khazali, le leader de la milice Asaib Ahl al-Haq, dont la relation avec l’Iran serait en proie à une rupture sans précédent. Cela est attesté par le récent différend entre lui et l’une des milices chiites irakiennes affiliées aux Gardiens de la Révolution iranienne en raison du refus d’Asaib Ahl al-Haq de participer à l’attaque contre les forces américaines en Syrie et en Irak.

Al-Khazali était absent d’une série de réunions organisées par le chef d’état-major iranien Mohammad Bagheri lors de sa visite en Irak. Au lieu de cela, il est apparu lors d’une rencontre avec l’ambassadeur turc Ali Riza Gunay. Lors de cette réunion, al-Khazali a souligné les questions de sécurité les plus importantes et les plus sensibles pour les Turcs, en particulier la présence des combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) sur le sol irakien.

Lors de la réception avec Gunay dans son bureau à Bagdad, al-Khazali a parlé dans le langage du gouvernement irakien, dans lequel sa faction est déjà impliquée. Il a souligné à l’ambassadeur turc « la disposition du gouvernement irakien à assumer ses responsabilités constitutionnelles en empêchant l’utilisation du territoire irakien pour menacer les pays voisins ou lancer des attaques contre eux », précisant que « l’Irak adopte une politique d’équilibre dans ses relations avec son environnement régional et international, garantissant sa stabilité et réalisant les aspirations de son peuple ».

L’équilibre dans la politique étrangère de l’Irak signifie développer des relations avec les pays de la région pour réduire la dépendance à l’égard de la relation avec l’Iran. La Turquie travaille à le réaliser dans la pratique en concentrant ses actions sur les cercles politiques chiites irakiens.

Al-Khazali, selon un communiqué de son bureau, a souligné « l’importance du renforcement des relations bilatérales dans la gestion de tous les dossiers communs, en particulier dans les domaines économiques, selon une vision réaliste, loin de toute intervention d’autres parties ». L’ambassadeur turc a exprimé sa gratitude pour l’intérêt d’al-Khazali à consolider les relations irako-turques selon des visions qui servent les intérêts des deux pays. Il a qualifié le rôle du leader d’Asaib Ahl al-Haq de « central et important dans l’État irakien », reflétant ses démarches nationales sérieuses pour renforcer le rôle de l’Irak dans la région et dans le monde.

Sur cette base, la Turquie n’exclut pas de ses objectifs la concurrence avec l’Iran pour l’influence dans les régions du sud de l’Irak, le berceau principal de la composante chiite irakienne. Cela a été reflété dans des visites récentes de l’ambassadeur turc Gunay, accompagné d’une délégation de chefs d’entreprise, dans plusieurs provinces du sud de l’Irak.

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