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Libye: L’obsession du pouvoir, conflits d’intérêts et de divisions compliquent encore la crise libyenne


Le 10 Février, la Chambre des Représentants de la Libye, réunie à Tobrouk, dans l’Extrême-Orient du pays, a annoncé qu’à l’unanimité, Fathi Bachagha, a élu Président du gouvernement en remplacement d’Abdel Hamid Dbeibah dans un vote qui a soulevé de larges controverses et qui attise les disputes de pouvoir dans le pays qui est ravagé par des conflits depuis plus d’une décennie.

Bachagha n’a pas réussi à mettre fin au chaos

Bachgha était ministre de l’Intérieur dans le gouvernement d’Entente nationale dirigé par Fayez el-Sarraj depuis 2018, promettant d’éliminer la corruption mais ne parvenant pas à mettre fin à la situation chaotique qui prévaut en Libye depuis l’instabilité de 2011, quand une campagne militaire soutenue par l’OTAN a renversé l’ancien président Mouammar Kadhafi.

Division

Le choix de Bachagha, attribué aux Frères Musulmans, pour former un nouveau gouvernement, a également été rejeté par son prédécesseur, Abdel Hamid Dbeibah également attribué au Frères maintient son siège et s’est abstenu de le quitter, ce qui a aussi fait scission au sein du Conseil suprême de l’État. Au début du mois, 54 membres ont annoncé leur rejet des mesures prises par les députés libyens, consistant à procéder à un amendement constitutionnel pour choisir un nouveau chef de gouvernement, et ont confirmé la nullité des mesures de censure envers le gouvernement des Dbeibah.

Selon les experts, le groupe islamiste, avec son influence au sein du la Chambre des Représentants, dirigé par le membre terroriste de l’organisation des Frères musulmans, Khaled al-Michri, a fait obstacle à l’entente récente de la chambre avec le Parlement, qui a été approuvée par 75 membres du Conseil d’État.

Le Conseil d’État, créé en vertu de l’Accord de Skhirat en 2015, comprend des membres de l’ancienne Convention générale nationale qui était sous le contrôle des Frères musulmans. L’accord prévoyait que son rôle serait de « conseiller » le Parlement en matière de législation, sans qu’il ait besoin d’une approbation préalable, mais il considérait que l’approbation des lois sous le nom de « compatibilité » était une condition de leur adoption.

La crise libyenne s’intensifie avec la persistance des forces de sécurité, des dissensions politiques et l’absence d’un gouvernement d’unité nationale. Les craintes sont exacerbées par le fait que la partition actuelle du pays puisse devenir une réalité imposée par les puissances dominantes sur le terrain et leurs partisans de l’extérieur, en premier lieu la Turquie, alors que l’intransigeance de Dbeibah, qui avait pour mission de diriger la Libye jusqu’aux élections du 24 décembre dernier, a été annulée par de graves divisions au sujet de ses fondements juridiques et la candidature de plusieurs personnalités controversées.

Divergence d’opinions et d’intérêts

Selon l’analyste politique libyen, Abdelmajid El Hadar, la situation à Tripoli est ambiguë : d’une part, le nouveau Président du Gouvernement, le Président Fathi Bachaga, confirme que les choses vont bien se passer sans avoir recours aux armes, et d’autre part, nous pensons que le Président actuel, Abdel Hamid Dbeibah, et certains membres du Conseil d’État, sont en désaccord avec ce qu’ils considèrent Bachagha et d’autres membres du Conseil d’État favorables au consensus avec le Parlement.

De l’avis de El Hadar, la question de la compatibilité entre le Conseil d’État et le Parlement était un obstacle à Bachagha. L’apparition au Conseil d’hommes armés favorables à l’islam politique et aux dirigeants de celui-ci confirme que la question de l’extradition peut faire l’objet d’affrontements armés, qui sont peu susceptibles d’avoir un caractère durable; parce que le pouvoir qu’il possède est le plus lourdement armé, le plus nombreux, le plus entrainé et le plus capable.

La réalité de la crise libyenne

Un réalisme politique nous impose d’admettre l’existence d’une crise réelle en Libye autre que celle annoncée et imputable à une intervention extérieure, à une guerre par procuration et à une crise internationale sur le gâteau libyen (pétrole, gaz et minerais), même si cette intervention et cette guerre par procuration font partie intégrante de la crise.

La crise libyenne est à l’origine un conflit entre ceux qui croient en l’État-nation civil au sein de la géographie de la Libye, ceux qui croient en un État qui transcende les frontières de la Libye et en fait un État dans un califat derrière al-Baghdadi, ben Laden , ou même le guide, ainsi qu’au sein de l’État civil, entre ceux qui considèrent la Libye comme un État originellement composé de trois provinces et dont le système fédéral doit être rétabli, ceux qui veulent s’arroger le pouvoir central et maintenir l’autorité de Tripoli sur les autres territoires sans satisfaire aux exigences minimales des autres, ceux qui veulent bâtir les bases d’un État véritablement libyen solide (et quasi inexistant) et ceux qui cherchent à rester à leur poste n’importe quel qu’en soit le prix, pour servir leurs propres intérêts et ceux qui les soutiennent de l’intérieur ou de l’extérieur.

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