Grand Maghreb

4 ans après la chute des Frères musulmans en Tunisie : une fin ordonnée par le peuple


Il fallait bien qu’un jour tout ce noir s’estompe et que ces longues années de violations et de dérives prennent fin. Ce jour-là est arrivé, marquant le point final d’un chapitre sombre. C’était le 25 juillet 2021, date à laquelle le peuple tunisien, par la voix du président Kaïs Saïed, a mis un terme au règne des Frères musulmans en Tunisie à travers une série de mesures exceptionnelles qui ont clos une décennie noire et ouvert la voie à une nouvelle ère de réformes et de reconstruction.

Ce jour-là, la Tunisie a tourné la page du régime islamiste dirigé par le mouvement Ennahdha, en suspendant le Parlement présidé alors par Rached Ghannouchi, en limogeant le chef du gouvernement Hichem Mechichi, allié de ce mouvement, et en levant l’immunité des députés, prélude à la dissolution définitive du Parlement le 30 mars 2022. Ces décisions ont été suivies de la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature ainsi que d’autres instances, dont l’Instance nationale de lutte contre la corruption.

Le président Saïed a également promulgué le décret n°117 qui a fait office de Constitution provisoire, suspendant celle de 2014 adoptée sous l’influence des Frères musulmans. Plusieurs juges affiliés au mouvement islamiste ont été démis de leurs fonctions, mettant fin à leur influence au sein de l’appareil judiciaire.

 En le 25 juillet 2022, un référendum populaire a entériné un nouveau projet de Constitution instaurant un régime présidentiel, mettant ainsi fin au système parlementaire antérieur. Dans la même année, le président a convoqué des élections législatives excluant les partis islamistes, permettant l’émergence d’un nouveau Parlement.

En février 2023, les autorités tunisiennes ont arrêté plus de 80 figures politiques, principalement issues d’Ennahdha, accusées de complot contre la sûreté de l’État dans le cadre de la législation antiterroriste. En avril de la même année, Rached Ghannouchi a été interpellé pour les mêmes accusations, avant d’être condamné dans d’autres affaires. Tous les sièges d’Ennahdha ont été fermés, et les arrestations des cadres du mouvement se sont multipliées à mesure que la justice progressait dans les dossiers liés aux crimes politiques et économiques.

Pour de nombreux analystes, le 25 juillet 2021 symbolise la sauvegarde de la Tunisie, malmenée pendant dix ans par les politiques des Frères musulmans, qui ont plongé le pays dans la violence, les assassinats, la corruption et la faillite économique.

Le politologue tunisien Abdelrazek Reïs estime que cette date est ancrée dans la mémoire collective comme la fin d’une période sombre marquée par la domination d’Ennahdha. Il affirme que le mouvement islamiste a perdu toute légitimité, ses dirigeants étant emprisonnés ou rejetés, et que le parti est désormais politiquement isolé et rejeté par la population.

Il souligne que la Tunisie a vécu, de 2011 à 2021, une décennie de chaos, d’attentats, de désordre et de corruption systémique, avant que le pays ne reprenne son souffle. Il rappelle également la forte charge symbolique du 25 juillet dans l’histoire tunisienne : c’est la date de la proclamation de la République en 1957, mais aussi celle de l’assassinat de Mohamed Brahmi, secrétaire général du Parti du Courant Populaire, tué le 25 juillet 2013 par quatorze balles devant sa famille.

Les auteurs de l’attentat étaient deux membres du groupe terroriste interdit Ansar al-Charia, identifiés comme Boubaker Hakim et Lotfi Zine, utilisant une arme de calibre 9 mm à bord d’une moto. L’enquête a mis en lumière l’implication du mouvement Ennahdha dans cet assassinat politique.

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