Politique

20 000 drones en six mois : les usines russes alimentent la guerre en Ukraine


La guerre en Ukraine a connu ces derniers mois un tournant majeur dans la nature des attaques russes, Moscou ayant eu recours de manière croissante aux drones.

Selon plusieurs reportages, dont une enquête de The Wall Street Journal, la Russie a mené hier une attaque d’une ampleur inédite, utilisant plus de 700 drones et munitions leurres en une seule nuit contre des villes et sites stratégiques de l’ouest de l’Ukraine.

Cette intensification montre la capacité croissante de Moscou à produire et à utiliser cette technologie militaire moderne, devenue un élément central du conflit.

Nouvelles lignes de production
D’après le rapport, la Russie a ouvert au cours des derniers mois plusieurs usines de fabrication de drones sur son territoire, certaines situées dans des zones industrielles du centre du pays, d’autres dans des régions plus reculées, moins exposées aux frappes ukrainiennes.

Ces usines ne se limitent pas à la production de drones kamikazes de courte portée, mais travaillent aussi sur le développement de modèles plus avancés, capables de mener des frappes de précision à longue distance contre les infrastructures vitales ukrainiennes.

En 2025, la Russie aurait ainsi déployé plus de 20 000 drones et munitions leurres, un record qui met à rude épreuve les systèmes de défense antiaérienne ukrainiens, souvent débordés par le nombre d’attaques simultanées.

Des débuts iraniens
Au début du conflit, Moscou s’est largement appuyée sur les drones iraniens de type Shahed-136, efficaces pour frapper les infrastructures civiles et militaires.

Mais selon le journal, la Russie ne s’est pas contentée d’en importer : elle a construit des usines locales sous licence iranienne ou via ingénierie inverse, donnant naissance à ce que les experts appellent le « projet Shahed russe ».

Ces versions modifiées intègrent parfois des technologies de navigation occidentales, acheminées via des pays intermédiaires.

Un effort d’État massif
Toujours selon The Wall Street Journal, le gouvernement russe finance massivement cette industrie, considérée comme une priorité de sécurité nationale. Le ministère de la Défense supervise directement les chaînes de production, en recrutant ingénieurs locaux et talents étrangers, notamment d’Asie centrale.

Les experts militaires interrogés indiquent que la Russie combine des drones bon marché pour saturer les défenses ukrainiennes et des drones de précision pour cibler des objectifs sensibles comme les centrales électriques ou les dépôts militaires.

Ces attaques surviennent généralement la nuit, profitant de la fatigue des unités de défense antiaérienne ukrainiennes.

Une riposte ukrainienne limitée mais en progrès
Face à cette menace, l’Ukraine tente d’améliorer ses capacités de défense aérienne. Elle a récemment reçu des systèmes occidentaux avancés comme le Patriot ou l’IRIS-T, mais manque de munitions adaptées aux vagues de drones peu coûteux.

Kiev développe également ses propres drones offensifs, mais l’écart de production avec la Russie reste important.

The Wall Street Journal conclut que le conflit est entré dans une nouvelle phase, où les drones jouent un rôle stratégique équivalent à celui des avions de chasse ou des missiles balistiques.

Si la Russie continue d’intensifier sa production, l’Ukraine pourrait avoir de plus en plus de mal à défendre son espace aérien, à moins d’un soutien militaire occidental accru et rapide.

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