Washington trace une nouvelle voie pour les négociations nucléaires avec Téhéran en marginalisant les Européens

La décision de Washington de ne pas coordonner avec les pays européens sur les négociations prévues avec l’Iran pourrait réduire l’influence de ces derniers dans les discussions et augmenter la probabilité d’une action militaire conjointe des États-Unis et d’Israël contre Téhéran.
Des diplomates européens ont indiqué que les États-Unis n’avaient pas informé leurs alliés européens des pourparlers nucléaires en Oman avant leur annonce par le président Donald Trump, malgré la possibilité de réimposer des sanctions de l’ONU à l’Iran.
Blaise Mischtal, vice-président des politiques à l’Institut juif pour la sécurité nationale des États-Unis, a souligné la nécessité d’une stratégie diplomatique coordonnée avec les alliés européens pour garantir une pression maximale et donner une chance au succès diplomatique.
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Trump a réitéré ses menaces d’utiliser la force militaire contre l’Iran si ce dernier ne cesse pas son programme nucléaire, affirmant qu’Israël “mènerait” cette action.
Après le retrait des États-Unis de l’accord nucléaire de 2015, Washington ne peut pas activer le mécanisme de réimposition des sanctions au Conseil de sécurité de l’ONU.
Les analystes estiment que cela laisse le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France, connus sous le nom de troïka européenne, comme les seules parties capables et désireuses de chercher à réimposer les sanctions.
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Les diplomates ont rapporté que la troïka a informé l’Iran de son intention d’activer le mécanisme de réimposition des sanctions d’ici fin juin, ce à quoi l’Iran a répondu que cela entraînerait de graves conséquences et une révision de sa doctrine nucléaire.
Un diplomate européen de haut rang a déclaré que le groupe des trois ne fait pas confiance aux États-Unis, les accusant de prendre des initiatives sans consultation.
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ismail Baghaei, a déclaré que Téhéran accorde une “véritable chance” aux pourparlers prévus avec les États-Unis, ajoutant que l’Iran évaluera les intentions de l’autre partie et prendra une décision samedi.
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Selon l’accord de 2015, un processus connu sous le nom de “retour rapide” permet à l’ONU de réimposer des sanctions à l’Iran si les parties ne parviennent pas à résoudre les accusations de manquements significatifs.
Une fois le processus lancé, le Conseil de sécurité doit voter dans les 30 jours sur une résolution pour maintenir la levée des sanctions, nécessitant neuf votes favorables et l’absence de veto des membres permanents.
Si la résolution n’est pas adoptée, toutes les sanctions de l’ONU contre l’Iran seront réimposées, à moins que le Conseil ne prenne d’autres mesures.
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Bien que Trump ait quitté l’accord nucléaire, les États-Unis ont déclaré en août 2020 avoir lancé le processus de réimposition des sanctions, arguant que la résolution de 2015 les considère toujours comme participants.
Cependant, les autres parties à l’accord ont informé le Conseil de sécurité qu’elles ne reconnaissent pas cette démarche américaine.
Tous les autres participants ont la capacité d’activer le processus de réimposition des sanctions, mais seuls l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni souhaitent réellement le faire.
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Lorsque la résolution de l’ONU de 2015 expirera le 18 octobre, l’opportunité d’activer le processus prendra fin.
Trump a ordonné à son ambassadeur à l’ONU de travailler avec les alliés pour réimposer les sanctions à l’Iran.
Le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont informé le Conseil de sécurité qu’ils sont prêts à poursuivre la réimposition des sanctions et font pression pour obtenir un rapport “complet” de l’Agence internationale de l’énergie atomique sur les activités nucléaires de l’Iran.
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Les participants à l’accord doivent d’abord utiliser le mécanisme de règlement des différends lancé par le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne en janvier 2020, bien que la Russie s’y oppose.
Le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne prendront probablement en compte le fait que la Russie présidera le Conseil en septembre lors de l’élaboration de leur stratégie pour réimposer les sanctions.
Si les sanctions sont réimposées, toutes les mesures imposées par le Conseil de sécurité à l’Iran dans six résolutions de 2006 à 2010 reviendront en vigueur.
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Ces résolutions incluent des interdictions sur les armes, l’enrichissement et le retraitement de l’uranium, ainsi que des interdictions sur les lancements et autres activités liées aux missiles balistiques capables de transporter des armes nucléaires.
Elles comprennent également des gels ciblés des avoirs et des interdictions de voyage pour des individus et entités iraniens, ainsi que des autorisations pour les pays d’inspecter les cargaisons d’Iran Air Cargo et de la ligne maritime de la République islamique d’Iran à la recherche de marchandises interdites.