Washington tient le futur gouvernement irakien responsable du démantèlement des milices
Alors que les forces politiques irakiennes se préparent à définir la forme du nouveau gouvernement, les déclarations du représentant du président américain Donald Trump en Irak, Mark Safaya, ont clairement révélé l’ampleur de la pression exercée par Washington sur Bagdad avant le moment décisif. Les propos de Safaya ne constituaient pas un simple constat de la situation en Irak, mais s’apparentaient à un message politique explicite, lançant un avertissement précoce selon lequel l’avenir des relations avec les États-Unis et le niveau de soutien international à l’Irak dépendraient de la manière dont le futur gouvernement gérait les factions armées affiliées à Téhéran.
Safaya, qui a choisi la plateforme « X » pour diffuser ses avertissements, a décrit la période actuelle en Irak comme « l’une des plus sensibles depuis deux décennies », soulignant que le maintien des groupes armés hors du contrôle de l’État représente, selon Washington, le principal danger pour la position régionale de l’Irak et sa capacité à se redresser. Ce qui distingue cette fois son discours, c’est la transformation de ce diagnostic en condition politique directe, avertissant clairement que la poursuite de ce statu quo mènerait le pays à une isolation internationale et à une détérioration difficilement maîtrisable.
Selon les observateurs, le langage employé par Safaya reflète l’inquiétude croissante des États-Unis face à l’expansion de l’influence iranienne au sein des institutions irakiennes. Le message qu’il souhaite transmettre, bien que formulé en termes de « stabilité » et de « renforcement des institutions », porte en substance une exigence américaine précise : le démantèlement des structures armées pro-Téhéran, ou au minimum leur exclusion de l’influence directe sur les décisions politiques lors de la formation du nouveau gouvernement.
Safaya a insisté sur le fait que l’Irak dispose d’une opportunité de se reconstruire, mais qu’il s’agit d’une « opportunité conditionnelle » nécessitant la fin de la présence des acteurs armés qui rivalisent avec l’État et limitent sa capacité à imposer la loi. Selon le représentant américain, les expériences des trois dernières années ont démontré qu’adopter des politiques réalistes et équilibrées peut créer un environnement plus stable, mais il a réaffirmé que ce parcours ne se poursuivra pas sans « une volonté politique déterminée » de la part de la classe dirigeante.
Le discours de Safaya intervient à un moment politique délicat suivant les élections parlementaires, que Washington considère propice pour exercer une pression maximale, en raison de l’absence d’un gouvernement pleinement opérationnel et du maintien du pays en situation de gouvernement intérimaire. Dans ce vide relatif, l’administration américaine cherche à influencer les décisions qui redessineront l’équilibre des pouvoirs au sein des institutions officielles, en écartant les personnalités proches des groupes armés et en les empêchant d’accéder aux postes exécutifs.
Ses déclarations s’inscrivent dans la continuité de positions exprimées par des membres influents du Congrès américain, dont le député républicain Joe Wilson, qui a lié le maintien du soutien du Congrès à Bagdad au désarmement des milices soutenues par l’Iran et à la protection de la région du Kurdistan. Des centres de réflexion influents à Washington, notamment la « Foundation for Defense of Democracies », ont également appelé publiquement à écarter tous les politiciens liés aux factions armées du futur gouvernement, estimant que leur présence constitue une menace directe à la souveraineté de l’Irak et aux intérêts américains dans la région.
Des experts américains soulignent que Washington considère la bonne performance électorale des forces pro-Téhéran comme un signal inquiétant pouvant, si elle n’est pas contrée, consolider le modèle de « délégation politique et sécuritaire » que l’Iran applique en Irak depuis des années. Selon des rapports récents, ce réseau, centré sur les factions du Hachd al-Chaabi, est né avec le soutien direct du Hezbollah libanais, le reliant organiquement à l’équation du « Axe de la Résistance » dans la région.
Malgré le langage diplomatique de Safaya évoquant « la coopération » et le « soutien à l’Irak », le message profond indique que Washington se prépare à une phase plus ferme dans ses relations avec Bagdad, tirant parti de la transition politique pour imposer des conditions liées à la réorganisation de la sécurité intérieure et à la réduction de l’influence iranienne. Le représentant de Trump avertit que les choix des dirigeants irakiens dans les semaines à venir détermineront si l’Irak deviendra un État souverain et fort ou s’enfoncera dans davantage de confusion et d’instabilité.
En résumé, Safaya a affirmé la volonté de l’administration Trump d’accompagner l’Irak dans cette « phase de transition », mais a clairement lié ce soutien à une orientation politique réaffirmant l’autorité de l’État et limitant l’action des groupes armés. Ainsi, Washington semble déjà poser les bases de la relation qu’elle souhaite établir avec Bagdad : un partenariat conditionnel, dont la priorité première est le désarmement des factions pro-iraniennes et la consolidation d’un nouvel équilibre au Moyen-Orient jugé essentiel à la stabilité régionale.
