Politique

Washington met en garde contre la rupture des relations entre les banques israéliennes et palestiniennes

Le ministre américain des Finances a informé le roi de Jordanie qu'une initiative israélienne visant à couper les relations commerciales avec les banques palestiniennes augmenterait le risque d'instabilité régionale.


Wally Adeyemo, le sous-secrétaire américain au Trésor, a exhorté Israël à prolonger ses relations bancaires avec les banques palestiniennes pour au moins un an afin d’éviter une crise économique en Cisjordanie, avertissant que la sécurité d’Israël elle-même était en jeu.

Adeyemo a exprimé ce message lors d’une rencontre avec le gouverneur de la Banque d’Israël, Amir Yaron, à New York lundi, en marge des réunions de l’Assemblée générale des Nations Unies, avant de s’entretenir séparément avec le roi de Jordanie, Abdallah.

Dans un communiqué, le département du Trésor a déclaré que, lors de sa rencontre avec Yaron, Adeyemo a exprimé les préoccupations des États-Unis concernant les menaces proférées par certains membres du gouvernement israélien de rompre les relations bancaires entre les banques israéliennes et palestiniennes, insistant sur la nécessité de prolonger ces relations d’au moins un an.

La mission israélienne à l’ONU a refusé de commenter.

Depuis des mois, les responsables américains mettent en garde contre les menaces du ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, et d’autres responsables israéliens, qui visent à empêcher les banques palestiniennes de collaborer avec leurs homologues israéliens, ce qui pourrait déstabiliser l’Autorité palestinienne et, par conséquent, nuire à la sécurité d’Israël.

Le ministère du Trésor a déclaré que l’accord sur les correspondances bancaires entre Israël et la Palestine expirera le 31 octobre, menaçant ainsi des échanges commerciaux d’exportation et d’importation d’une valeur d’environ 10 milliards de dollars.

Une source proche des discussions a indiqué qu’Adeyemo a informé le roi Abdallah que toute mesure israélienne visant à couper les relations bancaires avec les Palestiniens augmenterait le risque d’instabilité régionale et pourrait inciter à des transactions financières palestiniennes clandestines, nuisant ainsi à la sécurité israélienne et régionale.

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, avait soulevé des préoccupations similaires avant une réunion des ministres des Finances du G7 en mai, et la question a été mentionnée dans deux déclarations conjointes du G7.

Un responsable américain, sous couvert d’anonymat, a déclaré : « La capacité de l’Autorité palestinienne à survivre est essentielle pour la stabilité en Cisjordanie, et cette stabilité est cruciale pour la sécurité nationale d’Israël. »

Lundi, la Banque mondiale a averti que les territoires palestiniens sont déjà au bord d’un « effondrement économique », avec un PIB de Gaza qui devrait chuter de 86 % au premier trimestre 2024 en glissement annuel, tandis que l’Autorité palestinienne fait face à un déficit de financement de 1,86 milliard de dollars pour 2024, avec un risque accru de « défaillance systémique ».

En juin, Smotrich a prolongé une exception permettant aux banques israéliennes de coopérer avec les banques palestiniennes en Cisjordanie, mais seulement pour quatre mois, contrairement à ses prédécesseurs qui l’avaient prolongée d’un an.

Cette exception permet aux banques israéliennes de traiter des paiements en shekels pour des services et des salaires liés à l’Autorité palestinienne, sans risque d’accusation de blanchiment d’argent ou de financement du terrorisme. Sans cette exception, les banques palestiniennes seraient déconnectées du système financier israélien.

Les analystes estiment que les menaces de Smotrich ne sont pas sérieuses, étant donné les énormes dommages économiques que subirait Israël en cas de rupture des relations bancaires avec la Palestine, et que les États-Unis ainsi que la communauté internationale n’accepteraient pas une telle mesure sans offrir des alternatives aux Palestiniens, telles que l’autorisation d’importer des biens de l’étranger.

Cependant, les Palestiniens considèrent que l’objectif derrière cette mesure israélienne est de leur nuire gravement, et non de leur offrir de meilleures alternatives, ce qui les pousse à prendre les menaces de Smotrich au sérieux.

Israël impose des prix élevés sur les biens essentiels, notamment les carburants, dont les prix en Palestine sont les plus élevés de la région, dépassant les deux dollars par litre d’essence, par exemple.

Les Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza importent des biens et services d’Israël pour une valeur de 8 milliards de dollars par an, et exportent pour environ 1,7 milliard de dollars, selon des statistiques officielles du gouvernement.

Les importations palestiniennes en provenance d’Israël comprennent des biens et services indispensables, tels que le carburant et l’électricité, tandis que le carburant est l’un des biens dont l’importation de l’étranger est strictement limitée.

Les accords politiques et économiques signés entre Israël et l’Autorité palestinienne limitent les opérations d’importation et d’exportation des Palestiniens ainsi que la taxe sur la valeur ajoutée.

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page