Politique

Washington maintient son partenariat pétrolier avec Erbil malgré les différends avec Bagdad


La position de Washington reflète une priorité accordée aux intérêts économiques et aux contrats lucratifs, au détriment des lois locales ou des positions des États partenaires.

Le soutien des États-Unis aux contrats conclus entre des entreprises énergétiques américaines et la région du Kurdistan, malgré le recours judiciaire engagé par le gouvernement irakien, révèle une orientation politico-économique susceptible d’intensifier les tensions entre Bagdad et Washington. En choisissant de s’aligner sur Erbil, les États-Unis se placent en opposition directe aux revendications du gouvernement central irakien, qui considère ces accords comme une atteinte à sa souveraineté et à ses compétences constitutionnelles. Cette divergence aggrave les fractures dans les relations bilatérales, d’autant plus dans un contexte déjà tendu entre les deux capitales.

Cette posture américaine s’inscrit dans la continuité de la politique de l’administration Trump, marquée par la priorité donnée aux intérêts commerciaux et aux gains économiques, souvent au mépris des cadres juridiques locaux ou des sensibilités politiques des partenaires. Cette logique continue d’imprégner l’approche américaine en Irak, notamment sur des dossiers sensibles tels que la présence de factions armées pro-iraniennes. Dans ce climat, la question pétrolière devient un facteur aggravant des tensions.

De son côté, Erbil devrait capitaliser sur le soutien américain pour faire avancer ces contrats, tout en ignorant en grande partie les objections de Bagdad. Ce désaccord pourrait pousser le gouvernement central à entreprendre des démarches juridiques ou diplomatiques plus fermes. Toutefois, l’éventualité d’un recours à la négociation n’est pas exclue, que ce soit sous médiation américaine ou par le biais de canaux régionaux, dans le but de préserver l’équilibre constitutionnel et d’éviter une détérioration des relations entre le gouvernement central et le Kurdistan, ainsi qu’entre Bagdad et Washington.

Lors d’une visite à Washington, le Premier ministre du Kurdistan, Masrour Barzani, a annoncé la signature de deux accords d’une valeur estimée à plusieurs dizaines de milliards de dollars. Il a rencontré à cette occasion le secrétaire d’État américain, Marco Rubio.

Ce dernier a salué les deux accords conclus avec des entreprises américaines, selon les déclarations de la porte-parole du département d’État, Tammy Bruce, lors d’un point presse.
« Nous encourageons Bagdad et Erbil à collaborer afin d’accroître au plus vite la production locale de gaz. Ce type de partenariat économique est bénéfique tant pour les peuples américain qu’irakien, et contribue à l’autonomie énergétique de l’Irak », a-t-elle affirmé.

Elle a ajouté : « Nous pensons également que les intérêts américains et irakiens sont mieux servis par un Kurdistan fort, résilient, intégré dans un Irak fédéral, souverain et prospère. »
Et de conclure : « Nous espérons la poursuite de tels accords et nous prévoyons qu’ils se développeront davantage avec le soutien nécessaire. »

En parallèle, le gouvernement irakien a intenté une action en justice contre la région du Kurdistan pour avoir signé, sans son aval, des contrats avec deux compagnies pétrolières américaines. Deux responsables ont confirmé cette information à l’Agence France-Presse mardi, dans ce qui constitue un nouvel épisode du conflit autour de l’exploitation des ressources pétrolières et gazières du Kurdistan.

Le ministère irakien du Pétrole a déclaré l’illégalité de ces contrats, invoquant la Constitution et les décisions de la Cour fédérale suprême, en insistant sur le fait que l’exploitation des ressources nationales doit obligatoirement passer par le gouvernement fédéral.

La plainte exige que « le gouvernement régional annule les contrats » signés avec HKN Energy et WesternZagros.

L’accord avec WesternZagros concerne l’exploitation du bloc de Topkhana, qui, avec le bloc voisin de Kurdamir, contiendrait jusqu’à 5 000 milliards de pieds cubes de gaz naturel et 900 millions de barils de pétrole brut, représentant des revenus estimés à 70 milliards de dollars sur la durée du projet.

Quant au partenariat avec HKN Energy, il vise le champ gazier de Miran, estimé à contenir 8 000 milliards de pieds cubes de gaz naturel, pour une valeur totale estimée à 40 milliards de dollars à long terme.

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