Washington appelle ses ressortissants à quitter le Mali en raison des attaques djihadistes
Les États-Unis ont lancé mardi un avertissement pressant à leurs ressortissants présents au Mali, leur demandant de quitter immédiatement le pays par des vols commerciaux, alors que la situation sécuritaire se détériore rapidement sous la pression des groupes armés affiliés à Al-Qaïda. Ces derniers ont imposé un blocus sur les importations de carburant, paralysant progressivement l’économie de ce pays enclavé d’Afrique de l’Ouest.
Depuis le début du mois de septembre, la coalition djihadiste Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) a revendiqué une série d’attaques ciblant les convois de transport de carburant destinés à la capitale, Bamako. Ce siège énergétique a eu des répercussions profondes sur la vie quotidienne : dimanche dernier, le gouvernement malien a ordonné la suspension des cours dans toutes les écoles et universités pendant deux semaines, en raison de la pénurie aiguë de carburant.
Dans un communiqué officiel, l’ambassade des États-Unis à Bamako a souligné que les défis persistants touchant les infrastructures, notamment les ruptures continues dans l’approvisionnement en essence et en diesel, l’arrêt des services publics essentiels et la poursuite des affrontements entre les forces gouvernementales et les insurgés aux abords de la capitale, rendent la situation « hautement imprévisible ». L’ambassade a confirmé que l’aéroport international de Bamako reste opérationnel, tout en conseillant aux citoyens américains de quitter le pays par voie aérienne plutôt que par la route, en raison du risque élevé d’attentats le long des axes routiers.
Selon plusieurs experts en sécurité, le blocus du carburant s’inscrit dans une stratégie plus large visant à affaiblir l’État malien dirigé par la junte militaire. En coupant l’accès à une ressource vitale, les groupes djihadistes cherchent à asphyxier économiquement le gouvernement et à accentuer le mécontentement populaire.
L’ambassade américaine a également mis en garde contre l’impossibilité de fournir une assistance consulaire en dehors de Bamako et a recommandé aux citoyens restant sur place de préparer des plans d’urgence, incluant la possibilité de se confiner pour une période prolongée. Le niveau d’alerte de voyage vers le Mali reste au plus haut, classé au niveau 4, soit « ne pas voyager ».
Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin, formée en 2017 de la fusion de cinq groupes armés – Ansar Dine, la Katiba Macina, Al-Mourabitoun, Ansar al-Islam et la branche sahélienne d’Al-Qaïda au Maghreb islamique – est aujourd’hui considérée comme l’une des organisations djihadistes les plus dangereuses du continent africain. Née du vide sécuritaire laissé après les offensives françaises contre les mouvements séparatistes et extrémistes dans le nord du Mali en 2012, la coalition a su se reconstituer, étendre son influence et renforcer ses réseaux logistiques à travers la région.
Malgré la diminution du soutien occidental, l’armée malienne, épaulée par des conseillers russes, a lancé plusieurs opérations conjointes, incluant des frappes
aériennes et terrestres contre des camps d’entraînement et des dépôts d’armes. Toutefois, ces efforts n’ont pas suffi à endiguer la montée de la violence, tandis que la population civile continue de payer le prix d’un conflit qui semble loin de trouver une issue.









