Waqf al-Umma… Une campagne de dons pour Gaza révèle un «scandale frériste» de détournement de l’aide
Dans l’une des plus grandes affaires d’exploitation de la cause de Gaza pour lever des fonds depuis le début de la guerre, les contours d’un vaste «scandale financier» impliquant des dirigeants du groupe des Frères musulmans et leurs alliés en Turquie et en Jordanie se dévoilent. Près d’un demi-milliard de dollars auraient été collectés sous le nom de «Waqf al-Umma» pour soutenir la population de Gaza.
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La surprise est venue du mouvement Hamas lui-même, qui a publié un communiqué officiel retirant toute couverture politique à l’association et à ses responsables, affirmant que la campagne ne le représentait pas et que les fonds avaient été utilisés en dehors de Gaza et en dehors des objectifs humanitaires déclarés.
Au cours des dernières semaines, une vaste controverse et une série d’accusations ont éclaté autour de cette campagne de dons massive menée par la fondation «Waqf al-Umma», active depuis la Turquie.
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Cela fait suite à des révélations de membres affiliés au Hamas, d’activistes et d’experts des mouvements islamistes affirmant que le mouvement des Frères musulmans avait utilisé la fondation pour collecter de l’argent au nom de Jérusalem et de Gaza, avant de s’en emparer.
De nombreuses estimations évoquent des sommes atteignant près d’un demi-milliard de dollars collectées en une seule campagne, dans un contexte de récits contradictoires et d’absence totale de transparence financière.
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Communiqué du Hamas : retrait de la couverture et accusations de détournement
Le 27 janvier 2024, le mouvement Hamas a publié un communiqué officiel adressé «à qui de droit», annonçant le retrait de la couverture politique de trois institutions : «Waqf al-Umma», «Minbar al-Aqsa» et «Kulluna Maryam».
Le communiqué a également retiré la couverture de plusieurs personnes nommément désignées : Saïd Abou al-Abd (Yazid Noufal), Fouad al-Zubaidi, Abdallah Samir, Khaldoun Hijazi, Ahmad al-Umari et Zaid al-‘Is.
Selon Hamas, ces institutions auraient été «confisquées» au cours des deux dernières années et fonctionneraient désormais «en dehors des orientations», utilisant d’anciennes accréditations pour collecter des dons «de manière préjudiciable aux habitants de Gaza et de Jérusalem». Le mouvement affirme avoir formé des comités pour récupérer le contrôle de ces organisations, sans succès.
Cependant, le communiqué ne mentionne aucun chiffre officiel ni montant précis.
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Comment l’affaire a-t-elle éclaté ?
L’affaire a commencé lorsqu’un jeune homme connu sous le nom de Khaled Mansour, se présentant sur les réseaux sociaux comme étant issu de Hamas, a publié une série de posts accusant «Waqf al-Umma» et plusieurs personnalités liées à la fondation de s’approprier les dons destinés à Gaza.
Les publications de Mansour se sont rapidement propagées sur les plateformes arabes et turques. S’en est suivi un vif échange entre lui et le prédicateur associé aux Frères musulmans, Mohamed al-Mokhtar al-Shanqiti, apparaissant dans des messages lui demandant de cesser d’attaquer «Waqf al-Umma».
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Cette polémique a élargi le débat public, jusqu’à ce que Hamas intervienne officiellement par un communiqué qui a donné à l’affaire une dimension politique et organisationnelle.
Avec l’intensification de la guerre à Gaza, la campagne «Waqf al-Umma» est apparue sur les réseaux sociaux comme l’une des plus vastes opérations de collecte de dons, menée par de nombreuses figures religieuses et médiatiques installées à Istanbul.
Parmi elles figuraient des prédicateurs et influenceurs renommés dans le monde musulman, certains proches du mouvement, mobilisant leurs plateformes pour encourager les dons.
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La campagne a utilisé tous les outils modernes de communication :
– conférences publiques en Turquie
– directs Facebook et YouTube
– publicités sponsorisées
– discours religieux mobilisateurs
– vidéos émotionnelles mettant en avant les enfants et la destruction à Gaza
Selon des documents publiés, «Waqf al-Umma» a lancé depuis 2013 plus de 2 000 campagnes de dons, mais la dernière à elle seule aurait vu transiter près de 500 millions de dollars en quelques semaines.
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Qu’est-ce que «Waqf al-Umma» et qui est derrière ?
Selon son site officiel, la fondation «Waqf al-Umma» est un organisme caritatif basé en Turquie depuis 2013, concentré sur des projets liés à Jérusalem, à la mosquée Al-Aqsa et à Gaza. Ses activités incluent des campagnes de dons, des événements publics, des conférences et des programmes intitulés «Sanad al-Waqf».
Des archives et contenus publiés sur des plateformes proches du mouvement montrent que la campagne bénéficie du soutien de personnalités religieuses et médiatiques influentes au sein du courant frériste. Plusieurs responsables, originaires notamment de Jordanie et du Liban, figurent parmi les personnes citées dans le communiqué de Hamas.
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«Un demi-milliard de dollars»
Dans les jours suivants, le chiffre de 500 millions de dollars s’est répandu dans les médias arabes et sur les réseaux sociaux comme étant le produit de la dernière campagne.
Le spécialiste des mouvements islamistes Maher Farghali a déclaré que les Frères musulmans «avaient volé un demi-milliard de dollars au nom de Gaza», s’appuyant, selon lui, sur le communiqué de Hamas et sur le contexte des activités du Waqf.
Il a ajouté que le mouvement «exploite depuis longtemps Gaza, Al-Aqsa et la cause palestinienne pour lever des fonds».
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Farghali a expliqué qu’un jeune membre du Hamas nommé Khaled Hassan avait commencé à révéler la corruption au sein de la fondation, citant plusieurs responsables parmi les accusés.
Il a poursuivi en affirmant que l’intervention du prédicateur al-Shanqiti pour défendre la fondation avait poussé Hamas à intervenir officiellement et à accuser la fondation d’avoir détourné un demi-milliard de dollars de dons destinés à Gaza.
Farghali a conclu que «Waqf al-Umma» est supervisé par un large groupe de personnalités religieuses basées principalement à Istanbul, actives dans la collecte de fonds depuis 2013 et ayant mené plus de 2 000 campagnes depuis sa création.
La fondation avait lancé récemment une campagne de marketing massive, impliquant journalistes, prédicateurs et influenceurs, couvrant les médias télévisés, la presse écrite, les plateformes numériques, ainsi que des conférences publiques en Turquie pour encourager les dons.
