Violences à Tripoli après la dispersion de manifestants opposés à Dbeibah

La dispersion de dizaines de manifestants réclamant la démission du gouvernement d’union nationale et tentant d’atteindre son siège à Tripoli a conduit à des heurts, causant plusieurs blessés parmi les forces de sécurité, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur libyen. De nombreuses forces politiques dans la capitale insistent sur la nécessité de mettre fin au statu quo et de remplacer le Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah.
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Des vidéos et images relayées par les médias locaux ont montré des dizaines de manifestants, certains à moto, avançant en direction du siège du gouvernement à Tripoli. En s’approchant du bâtiment, ils ont lancé des feux d’artifice et des projectiles vers les forces de sécurité, qui ont répondu par des tirs de sommation en l’air, selon des agences de presse.
Dans un communiqué publié dans la nuit de vendredi à samedi, le ministère de l’Intérieur a déclaré que ses unités avaient été la cible d’une « attaque armée » au cours de laquelle des assaillants ont utilisé « des armes et des feux d’artifice pour tenter de s’en prendre aux biens publics ». Le ministère a dénoncé une menace directe pour la sécurité de ses agents et a annoncé l’ouverture d’une enquête afin d’identifier et poursuivre les responsables.
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Le communiqué a réaffirmé l’engagement à respecter le droit de manifester pacifiquement dans les lieux publics, dans le cadre de la loi et dans le respect de la sécurité des citoyens, des biens publics et de l’ordre public. Des photos publiées montrent plusieurs agents blessés recevant les premiers soins après les affrontements.
Plus tôt vendredi, des centaines de manifestants s’étaient rassemblés sur la place des Martyrs à Tripoli pour réclamer le départ du gouvernement dirigé par Dbeibah.
Cette mobilisation intervient après que Dbeibah a annoncé cette semaine que la sécurisation de la capitale était désormais exclusivement du ressort du ministère de l’Intérieur, une décision interprétée comme une tentative de renforcer l’autorité de l’État après des années de dépendance à l’égard des milices.
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La décision a été prise en coordination avec le Conseil présidentiel dirigé par Mohamed al-Menfi, dans un contexte politique délicat où Dbeibah cherche à consolider sa position face à des appels croissants, tant internes qu’internationaux, en faveur de la fin de la transition politique.
Du 12 au 15 mai, Tripoli a été le théâtre de violents affrontements entre groupes armés et forces loyales au gouvernement, après que ce dernier a décidé de démanteler les milices présentes dans la ville, que Dbeibah jugeait devenues « plus puissantes que l’État ». Ces combats ont fait au moins huit morts, selon les Nations unies, avant la conclusion d’une trêve.
En réaction à la gestion de cette crise, des centaines de manifestants sont descendus dans la rue ces dernières semaines pour exiger le départ du gouvernement.
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Depuis plus de trois ans, la Libye est divisée entre deux gouvernements : l’un, reconnu par l’ONU et dirigé par Dbeibah, basé à Tripoli et contrôlant l’ouest du pays ; l’autre, désigné par le Parlement et actuellement dirigé par Ossama Hammad, basé à Benghazi et exerçant son autorité sur l’est et certaines régions du sud.