Un plan soutenu par les États-Unis pour l’aide à Gaza rejeté par l’ONU

Une organisation soutenue par les États-Unis prévoit de commencer ses opérations dans la bande de Gaza d’ici la fin du mois de mai.
La Fondation « Gaza Relief » supervisera un nouveau modèle de distribution de l’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne. Toutefois, l’ONU rejette le plan, qu’elle estime manquer de neutralité et d’intégrité, et a annoncé qu’elle n’y prendrait pas part.
Le registre du commerce à Genève révèle que la fondation a été créée en février en Suisse.
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Selon une source bien informée, citée par Reuters, la fondation compte collaborer avec deux entreprises privées américaines spécialisées en sécurité et logistique : UG Solutions et Safe Reach Solutions. Une seconde source a précisé que la fondation a déjà obtenu plus de 100 millions de dollars de promesses de financement, sans que l’origine exacte de ces fonds ne soit encore connue.
Dorothy Shea, représentante adjointe des États-Unis à l’ONU, a déclaré ce mois-ci devant le Conseil de sécurité que de hauts responsables américains coopèrent avec Israël pour permettre à la fondation de démarrer ses activités. Elle a appelé les Nations unies et les ONG humanitaires à collaborer avec l’initiative, soulignant qu’Israël autoriserait les opérations de la fondation sans toutefois participer à la distribution des aides.
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Fonctionnement du nouveau dispositif
La fondation a indiqué qu’elle débutera ses opérations depuis quatre sites de distribution sécurisés : trois dans le sud de Gaza et un au centre. D’autres sites devraient ouvrir le mois prochain, notamment dans le nord.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a déclaré jeudi que la construction des premières zones de distribution serait achevée dans les prochains jours et que son gouvernement prévoyait d’établir de vastes zones de sécurité dans le sud de Gaza. Il a précisé que les Palestiniens s’y déplaceraient pour leur sécurité, tandis que l’armée poursuivrait ses combats ailleurs.
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La fondation a insisté sur le fait qu’elle ne participerait ni ne soutiendrait aucune forme de déplacement forcé, ajoutant qu’aucune limite ne serait imposée au nombre ni à l’emplacement des points de distribution.
Dans un communiqué, elle précise que des entreprises privées de sécurité seront chargées d’acheminer l’aide depuis les points de passage vers les sites sécurisés, où elle sera ensuite distribuée directement à la population par des équipes civiles humanitaires.
L’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Danny Danon, a affirmé que certaines organisations humanitaires avaient accepté de collaborer avec la fondation, bien que leurs noms n’aient pas été dévoilés.
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La fondation a également annoncé qu’elle finalise un système pour livrer l’aide aux personnes ne pouvant se rendre sur les lieux de distribution. Elle a affirmé qu’aucune donnée personnelle des bénéficiaires ne serait partagée avec Israël, et que l’armée israélienne ne serait pas présente à proximité directe des sites.
Refus de l’ONU
L’ONU a rejeté cette initiative, affirmant qu’elle viole les principes fondamentaux de neutralité, d’indépendance et d’intégrité humanitaire.
Tom Fletcher, secrétaire général adjoint des Nations unies aux affaires humanitaires, a déclaré devant le Conseil de sécurité qu’il ne fallait pas perdre de temps avec cette alternative, initiée selon lui par Israël.
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Il a critiqué le plan pour ses conséquences humanitaires : augmentation des déplacements forcés, restriction de l’aide à une seule zone de Gaza, non-réponse aux besoins urgents, instrumentalisation de la faim à des fins politiques et militaires.
L’ONU affirme que l’UNRWA (Office de secours pour les réfugiés palestiniens) constitue la colonne vertébrale de l’aide à Gaza, bien qu’Israël accuse l’agence d’incitation à la haine et de complicité dans des activités terroristes. L’ONU a promis de mener des enquêtes sur ces accusations.
De son côté, la fondation Gaza Relief défend sa coopération avec Israël, affirmant qu’il s’agit d’une recherche de solutions pratiques, non d’une entorse aux principes humanitaires.
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Pourquoi une alternative ?
Israël a bloqué l’entrée de toute aide humanitaire à Gaza depuis le 2 mars, accusant le Hamas de la détourner, ce que le mouvement dément. Tel-Aviv exige la libération des otages capturés lors de l’attaque du 7 octobre 2023, qui a fait environ 1 200 morts côté israélien et déclenché une guerre qui a causé plus de 53 000 morts à Gaza.
Début avril, Israël a proposé une nouvelle « mécanique de surveillance » de l’aide, mais le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, l’a rejetée, la qualifiant de tentative de contrôle excessif, allant jusqu’à conditionner chaque calorie et grain de blé.
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Depuis, la pression s’est intensifiée sur Israël pour autoriser l’entrée d’une aide humanitaire d’urgence. Le système IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) a alerté récemment que 500 000 personnes à Gaza sont menacées de famine, soit un quart de la population.
Face au blocage, les États-Unis ont soutenu la création de la fondation Gaza Relief, qui espère démarrer ses activités d’ici la fin du mois.
Dans le même temps, Israël a accepté la reprise limitée des livraisons via les mécanismes existants.
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Comment l’aide arrive-t-elle ?
Depuis le début de la guerre, l’ONU déclare que ses opérations à Gaza sont entravées par l’offensive israélienne, les restrictions d’accès et les pillages commis par des bandes armées.
Pourtant, elle affirme que son propre système de distribution s’est révélé efficace, notamment durant la trêve de deux mois qui a précédé la reprise des combats en mars.
Dans ce mécanisme, Israël inspecte les cargaisons avant leur entrée, l’ONU prend ensuite le relais à l’intérieur de Gaza.
Le porte-parole onusien Stéphane Dujarric a déclaré lundi : « Nous pouvons revenir à ce système. Il fonctionne. Inutile de réinventer la roue. »
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Il a ajouté : « Nous n’avons pas besoin d’un nouvel acteur humanitaire qui nous dicte comment travailler à Gaza. »
Tom Fletcher a conclu que ce dont l’ONU a besoin d’Israël, c’est :
- l’ouverture d’au moins deux points de passage (au nord et au sud),
- la simplification et l’accélération des procédures,
- la suppression des quotas et obstacles logistiques,
et la garantie que l’aide ne soit pas ciblée pendant sa distribution.
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