Un parcours politique et une course à l’influence… La Libye à un nouveau carrefour
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Des mouvements sont en cours à différents niveaux en Libye dans l’espoir de trouver une solution à la crise qui perdure depuis 14 ans. Cependant, les problèmes anciens refont surface et entravent le processus.
Alors qu’un comité politique se prépare à relancer le processus politique gelé en Libye, le Conseil de sécurité des Nations unies s’apprête à tenir une nouvelle session d’information en février pour discuter des évolutions de la situation politique, sécuritaire et humanitaire dans le pays.
Parallèlement, la scène libyenne est marquée par une intense activité militaire occidentale, entre l’Est et l’Ouest du pays.
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Coopération ou ingérence ?
Ces derniers temps, la Libye a vu défiler plusieurs délégations militaires officielles. Le commandant en chef des forces armées, Khalifa Haftar, a ainsi reçu une délégation américaine dirigée par le général John Brennan, commandant adjoint du Commandement militaire américain pour l’Afrique (AFRICOM).
Haftar a également accueilli une délégation britannique de haut niveau, dirigée par le général Sir Harvey Smith, chef d’état-major adjoint de la défense britannique.
Ces rencontres ont eu lieu après des réunions similaires entre des délégations militaires occidentales et le gouvernement d’unité nationale dans l’Ouest libyen.
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Ces visites militaires successives coïncident avec des mouvements sur le terrain laissant présager un affrontement imminent entre les milices armées d’un côté et les forces étrangères présentes dans le pays de l’autre, dans un contexte de lutte pour l’influence internationale sur le sol libyen.
La Libye reste en proie à une instabilité sécuritaire exacerbée par la prolifération de milices échappant au contrôle de l’État. Cette situation a favorisé la montée de la criminalité, des assassinats, des enlèvements et l’impunité généralisée.
L’Ouest du pays abrite également des groupes armés non officiels ainsi que des sociétés de sécurité privées internationales, comme l’entreprise militaire américaine « Amentum ».
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Washington à la manœuvre
Au début de l’année dernière, des rapports occidentaux et américains ont révélé la volonté de Washington de renforcer sa présence en Libye, en accroissant son influence militaire dans l’Ouest du pays et en envoyant des délégations du département de la Défense (Pentagone) dans la région.
L’analyste militaire libyen Mohamed Al-Tarhouni a précisé que « de nombreuses sources locales et parlementaires ont signalé une activité intense de l’attaché militaire américain, qui a multiplié les visites aux bases et camps militaires relevant de l’état-major du gouvernement d’unité nationale à Tripoli ». Il a ajouté que cela coïncide avec l’arrivée et l’installation de la société militaire privée américaine Amentum à la base militaire de Mitiga, à Tripoli.
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Al-Tarhouni a également souligné que le dernier rapport du Conseil de sécurité des Nations unies a abordé la présence des forces étrangères en Libye. Contrairement aux précédents rapports, celui-ci n’a pas seulement évoqué la présence des forces occidentales à l’Ouest et des forces russes à l’Est, mais il a aussi confirmé la présence de troupes américaines dans la base de Mitiga, comme l’avaient rapporté plusieurs médias et activistes l’année dernière.
Toutefois, Amentum affirme avoir formé des entités sécuritaires libyennes en dehors du territoire libyen dans le cadre de contrats conclus avec le gouvernement américain.
Al-Tarhouni estime que les Libyens s’attendaient à des efforts politiques et diplomatiques plus soutenus que les initiatives militaires actuelles, pour appuyer le processus politique issu du plan onusien, tout en s’attaquant au problème de la prolifération des armes et en expulsant toutes les forces étrangères, sous toutes leurs formes.
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Endiguer l’influence ?
Pour sa part, le Dr Youssef Al-Farsi, président du parti Libye Karama et professeur de sciences politiques, affirme que les États-Unis et les autres puissances occidentales, en particulier le Royaume-Uni, renforcent bel et bien leur présence en Libye pour diverses raisons.
Il a expliqué que l’Occident a perdu plusieurs bases militaires dans les pays voisins de la Libye, notamment au Tchad et au Niger, après le retrait de son allié français de ces territoires. Parallèlement, la Russie cherche activement à s’implanter sur les rives de la Méditerranée, ce qui pousse l’Occident à contrecarrer cette expansion.
Al-Farsi estime que l’Occident considère le processus politique comme voué à l’échec et préfère donc renforcer sa présence militaire en prévision d’un éventuel conflit interne, notamment face à l’incitation croissante des dirigeants islamistes radicaux, comme Sadiq Al-Gharyani, qui a déjà appelé les milices à agir contre l’opération militaire en cours.
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Les tentatives de désescalade réussiront-elles ?
Il y a quelques jours, la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL) a annoncé la création d’un comité consultatif chargé de proposer des solutions aux différends entravant la tenue des élections générales tant attendues dans le pays.
La mission a insisté sur la nécessité de mettre fin aux ingérences étrangères qui ont eu un impact négatif sur la crise libyenne ces dernières années.
Dans ce contexte, l’analyste libyen Mohamed Al-Tarhouni rappelle que la Libye a souffert des affres des milices et du chaos en raison de l’implication des grandes puissances dans la crise dès ses débuts.
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Pour sa part, l’analyste politique et journaliste libyen Ayoub Al-Ojali souligne la complexité du conflit libyen, dû à la multiplicité des acteurs impliqués et à la divergence de leurs intérêts à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
Al-Ojali estime que le nouveau processus politique est voué à l’échec tant que l’insécurité règne, que les forces étrangères restent présentes et que les causes profondes du conflit ne sont pas résolues. Il s’attend également à ce que des affrontements et escarmouches surviennent dans le cadre de la lutte pour l’expansion et le contrôle des territoires, même en cas de formation d’un nouveau gouvernement.