Un massacre à Mokondo : une attaque sanglante met en lumière l’échec des dispositifs de protection dans l’est du Congo

Dix-neuf civils ont été tués à l’arme blanche lors d’une attaque d’une extrême brutalité contre le village de Mokondo, dans la province du Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo. Selon des témoignages locaux et des sources sur le terrain, l’assaut aurait été mené par des éléments affiliés à des groupes extrémistes liés à l’organisation État islamique, connus localement sous le nom de Forces démocratiques alliées (ADF) ou de factions associées à la prétendue « Province de l’Afrique centrale » de Daech.
L’attaque s’est produite dans la nuit de dimanche, lorsque les assaillants ont pris d’assaut les habitations des villageois, utilisant armes blanches et armes à feu avant d’incendier plusieurs maisons et de se retirer vers les zones montagneuses voisines.
Des témoins rapportent que certaines victimes ont été retrouvées à l’extérieur de leurs habitations, après des pillages systématiques. Des centaines de personnes ont fui vers des localités voisines et des centres d’hébergement temporaires, aggravant la pression sur des ressources déjà limitées.
Ce massacre s’inscrit dans une escalade continue de la violence à l’est du Congo, où les groupes armés exploitent la faiblesse du contrôle sécuritaire, la complexité géographique de la région des Grands Lacs et la prolifération des réseaux de contrebande d’armes et de stupéfiants.
Les ADF, historiquement connues pour leur violence envers les civils, se sont progressivement transformées en une structure plus radicalisée et transnationale, renforçant leurs liens avec des réseaux extrémistes régionaux. Cette évolution a facilité le recrutement de nouveaux combattants et l’accès à des financements.
L’attaque a ravivé les inquiétudes quant à l’efficacité des forces armées congolaises (FARDC) et des efforts sécuritaires régionaux et internationaux. Les analystes pointent du doigt plusieurs facteurs : un déficit de renseignement opérationnel, la dégradation des conditions socio-économiques qui favorise le recrutement des jeunes, et la fragmentation du dispositif de protection entre l’État et les organisations internationales, affaibli par les réformes récentes du dispositif onusien dans la région.
Sur le plan humanitaire, ces violences aggravent une situation déjà dramatique : déplacements massifs de populations, perte des moyens de subsistance, effondrement des services de santé et d’éducation. Les communautés locales, prises au piège entre les milices d’autodéfense et les groupes extrémistes, se retrouvent plongées dans un cycle de représailles qui perpétue la violence et retarde toute stabilisation durable.
La réponse à cette tragédie doit s’articuler sur deux niveaux. À court terme, il s’agit de sécuriser les zones touchées, d’ouvrir des enquêtes rapides pour identifier les auteurs et d’apporter une aide médicale et psychologique aux survivants. À moyen et long terme, le renforcement des capacités de renseignement et d’intervention de l’État dans le Nord-Kivu s’impose, tout comme la réimplantation des institutions civiles et la mise en œuvre de programmes de développement réduisant la vulnérabilité des jeunes au recrutement armé. Enfin, des initiatives locales de réconciliation sont indispensables pour rétablir la confiance entre les populations et les autorités et rompre le cycle de la violence.