Un grenouille, un poulet et un dinosaure contre Trump : une protestation satirique des démocrates

Grenouille, poulet, dinosaure et rhinocéros… Des scènes insolites ont marqué les manifestations « No Kings » (« Pas de rois ») organisées à travers les États-Unis contre le président Donald Trump. Mais selon les démocrates, cette extravagance n’est pas fortuite.
Dans l’État de Washington, un homme déguisé en grenouille portant une couronne se tenait aux côtés d’un rhinocéros, d’un coq et de deux poules, tandis que deux requins traversaient un pont en direction d’une foule à Portland, dans l’Oregon. À Boston, un homard arborait une pancarte sur laquelle on pouvait lire : « No Kings ».
Ces personnages farfelus ont envahi les rues samedi dernier, rejoignant des milliers de manifestants dans tout le pays dans le cadre des manifestations « No Kings », selon The Washington Post.
Les manifestations ont vu défiler des costumes gonflables de toutes sortes : pandas, saucisses géantes, Pères Noël et dinosaures T-Rex – autant de symboles devenus emblématiques des protestations contre l’administration Trump.
En partie, ces costumes sont portés en réponse aux républicains, qui dépeignent ces manifestations comme des « marches de haine contre l’Amérique », et pour contester le discours de Trump affirmant que les villes démocrates comme Chicago ou Portland sont des foyers du crime.
« L’absurdité, c’est le message », explique le politicien démocrate Mike Nellis. « Les partisans de “Make America Great Again” répètent que ces villes sont hors-la-loi et dangereuses. »
Plusieurs élus démocrates ont repris cette idée. Le sénateur Cory Booker, par exemple, a partagé un extrait du Daily Show juxtaposant les accusations de Trump sur le “chaos à Portland” à des images de manifestants dansant en costumes gonflables, commentant : « Drôle mais vrai. »
À Portland, le conseiller municipal Samir Kanal a déclaré lors d’un rassemblement : « Nous avons des poules et des grenouilles qui défendent la démocratie. »
De son côté, la porte-parole de la Maison-Blanche, Abigail Jackson, a réagi dans un communiqué : « Il est impressionnant de voir comment ces manifestants trouvent toujours de nouvelles façons de paraître plus ridicules. »
Ces costumes gonflables avaient déjà fait leur apparition plus tôt cette année à Portland, où des militants avaient détourné l’héritage contre-culturel de la ville pour organiser des protestations délibérément absurdes devant un centre de détention de l’agence d’immigration américaine (ICE).
Une vidéo devenue virale montrait des agents fédéraux aspergeant de gaz poivré un manifestant déguisé en grenouille, inspirant par la suite d’autres villes à adopter des déguisements similaires.
Ce mouvement a poussé Brooks Brown, un mannequin originaire de Portland, à lancer une collecte de fonds pour offrir gratuitement des costumes gonflables aux participants des manifestations anti-ICE.
« On ne peut pas dire : regardez, voilà Antifa, l’organisation terroriste », a déclaré Brown, ajoutant que ces tenues permettent d’apaiser les tensions et de réduire la colère. Selon lui, environ 10 000 personnes ont contribué à la campagne en dix jours.
Des responsables politiques des deux camps estiment que cette forme de protestation a son efficacité. Le démocrate Andy Barr juge que « dans une atmosphère morose, ajouter de l’humour et de la légèreté attire davantage de monde ».
Le consultant républicain Terry Sullivan partage partiellement cet avis : selon lui, les costumes gonflables sont une idée « maligne » qui « donne vie à l’histoire ». Il explique : « Lorsqu’on peut offrir une image frappante, c’est utile ; cela attire l’attention et empêche la manifestation de passer pour une émeute de gens en colère. »
Bruce Cain, professeur de sciences politiques à l’Université Stanford, nuance : « Le risque existe toujours que ces déguisements donnent une impression de frivolité ou de fête, mais leur usage ici contrecarre l’image d’un parti démocrate violent. »