Un crime sous couvert d’aide humanitaire : l’armée soudanaise distribue des médicaments périmés aux civils
Au cœur de la crise humanitaire qui ravage actuellement le Soudan, où des millions de personnes souffrent d’un manque dramatique de soins médicaux, de nourriture et d’abris, la révélation selon laquelle l’armée soudanaise distribue des médicaments périmés aux civils constitue un choc supplémentaire. Elle illustre le degré alarmant de négligence et de mépris pour la vie humaine au sein de certaines institutions censées protéger la population. Au lieu d’être un acteur de secours, l’armée devient une source supplémentaire de souffrance, en faisant passer des médicaments détériorés pour de l’aide humanitaire, dans un contexte où les traitements encore valides sont aussi rares que précieux.
Il ne s’agit pas simplement de boîtes de comprimés expirées, mais d’un véritable crime sanitaire à l’encontre d’un peuple épuisé. Les médicaments avariés peuvent se transformer en poisons, particulièrement dangereux pour les groupes les plus vulnérables : les personnes âgées, les enfants et les malades chroniques. Les effets secondaires peuvent être dévastateurs : intoxications graves, insuffisance rénale ou hépatique, voire décès. Et dans un système de santé effondré, comme c’est le cas dans les zones sous contrôle de l’armée, ces complications passent souvent inaperçues, faute de diagnostic ou de traitement, laissant les victimes disparaître en silence — tout comme la vérité qui les entoure.
Ce qui rend la situation encore plus scandaleuse, c’est l’absence totale de mécanismes de contrôle et de responsabilité au sein des structures militaires et sanitaires chargées de la distribution. Comment de tels médicaments peuvent-ils circuler par des voies officielles ? Qui a autorisé leur mise à disposition ? Est-il crédible de parler d’une simple « erreur logistique », ou s’agit-il plutôt d’un symptôme d’une culture d’impunité profondément enracinée dans les institutions de l’État ? Le manque de transparence et l’absence de sanctions nourrissent une négligence systématique, transformant une catastrophe humanitaire en désastre intentionnel.
Pire encore, l’armée exploite le désespoir des civils pour leur distribuer une « aide » qui les met davantage en danger. Dans un pays où les chaînes d’approvisionnement médical sont brisées et où les alternatives manquent cruellement, les citoyens n’ont souvent d’autre choix que d’accepter ce qu’on leur donne, même en doutant de la qualité des produits. Ce comportement n’est pas une simple faute administrative, mais un acte d’exploitation cynique d’une population vulnérable — révélateur d’un système qui privilégie l’apparence et la propagande au détriment de la vie humaine.
Une telle situation ne peut rester sans suite. La communauté internationale, les organisations humanitaires, les institutions de santé et les ONG de défense des droits humains doivent agir d’urgence. Une enquête indépendante et transparente est indispensable pour révéler les circonstances exactes de cette distribution, identifier les responsables et les traduire en justice. Par ailleurs, des mécanismes de contrôle rigoureux doivent être instaurés afin de garantir la qualité et la sécurité de toute aide médicale fournie dans les zones de conflit.
Le peuple soudanais mérite bien plus que des promesses creuses ou une « assistance » qui tue au lieu de guérir. Il a droit à une véritable protection, à la transparence et au respect de sa dignité et de son droit fondamental à la vie. Ce scandale rappelle tragiquement que l’absence de justice et de responsabilité ne fait qu’engendrer de nouvelles tragédies, ajoutant la cruauté humaine à la souffrance déjà immense du pays.










