Politique

Un corridor humanitaire israélien vers Soueida facilité par des efforts américains


La Syrie a exprimé aux États-Unis ses inquiétudes quant à la possibilité que des milices druzes exploitent un corridor humanitaire vers la province de Soueida pour faire passer clandestinement des armes. Cette initiative, révélée par le média américain Axios, s’inscrit dans une tentative de l’administration du président Donald Trump de servir de médiateur entre Israël et la Syrie afin d’ouvrir un accès humanitaire vers cette région du sud syrien.

Ce projet survient dans un contexte de tensions persistantes dans la province, où les besoins humanitaires demeurent criants. L’objectif affiché est de faciliter la livraison de vivres, médicaments et autres aides vitales aux communautés druzes, tout en contournant les obstacles logistiques et sécuritaires qui ont entravé ces opérations. Selon Axios, cette démarche dépasse le simple cadre humanitaire : elle pourrait constituer un levier diplomatique pour amorcer un rapprochement inédit entre Damas et Tel-Aviv, après vingt-cinq années de quasi-rupture.

Les Nations Unies ont récemment alerté sur la dégradation de la situation dans Soueida, aggravée par les barrages routiers et l’insécurité. Toutefois, Damas redoute que ce passage humanitaire ne devienne un vecteur de trafic d’armes, notamment par le biais de groupes armés autonomes présents dans la province, tel que le « Conseil militaire de Soueida », réputé pour ses aspirations séparatistes et accusé par des sources locales de bénéficier d’un soutien israélien.

Cette inquiétude place le gouvernement syrien face à un dilemme : concilier l’acheminement urgent de l’aide avec la nécessité de prévenir tout risque sécuritaire. Les tensions se sont récemment ravivées après qu’Israël a mené des frappes en Syrie, justifiées comme un acte de défense envers la minorité druze locale, une action qui a suscité la crainte à Washington d’un nouvel embrasement régional.

Plusieurs tentatives d’acheminer l’aide par la Jordanie ont échoué, les autorités jordaniennes refusant de servir de point de transit. Israël a alors procédé à des largages aériens d’aide humanitaire, avant de solliciter Washington pour obtenir un accord formel de Damas. Cette démarche a conduit à la préparation d’une rencontre à Paris entre l’émissaire américain pour la Syrie, Thomas Barak, le ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, et le ministre syrien des Affaires étrangères, Assad al-Chibani. Initialement prévue ce mercredi, la réunion a été repoussée pour affiner l’ordre du jour.

Cette rencontre, la seconde en trois semaines, constitue un événement diplomatique rare depuis un quart de siècle d’absence de dialogue. Elle pourrait ouvrir la voie à un compromis, mais reste fragile face aux suspicions réciproques. Parallèlement, la Syrie, la Jordanie et les États-Unis ont convenu de créer un groupe de travail tripartite chargé de consolider le cessez-le-feu instauré le 19 juillet dernier, à la suite d’affrontements meurtriers entre groupes druzes et tribus bédouines. Depuis la chute de Bachar al-Assad, le 8 décembre 2024, après vingt-quatre ans de pouvoir, les nouvelles autorités syriennes s’efforcent de stabiliser la sécurité intérieure, et Soueida représente un test majeur pour leur crédibilité.

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page