Moyen-Orient

Un chantre religieux accusé d’espionnage au profit d’Israël et d’avoir provoqué la chute de cadres du Hezbollah


Mohammad Hadi Saleh, fils d’un combattant de l’unité d’élite Radwan, aurait reçu 23 000 dollars d’Israël en échange de services de renseignement.

Le journal libanais francophone L’Orient-Le Jour a révélé une affaire explosive en dévoilant l’identité d’une figure bien connue accusée d’espionnage au profit d’Israël, ce qui aurait conduit à la chute de hauts responsables du Hezbollah.

L’accusé n’est autre que le chantre religieux Mohammad Hadi Saleh, résident de la banlieue sud de Beyrouth et réputé proche du Hezbollah. Il fait l’objet de graves accusations de collaboration avec Israël contre une rémunération financière, et d’avoir contribué à la mort de citoyens libanais.

Les éléments de l’affaire ont commencé à émerger après que le juge d’instruction militaire a accusé Saleh d’avoir reçu 23 000 dollars d’Israël en échange de services d’espionnage.

Des poursuites judiciaires ont été engagées contre lui mercredi dernier, après plusieurs semaines de détention. Il comparaît désormais devant un tribunal militaire pour « collaboration avec Israël et complicité dans des actes ayant entraîné la mort de citoyens libanais », selon les déclarations rapportées par L’Orient-Le Jour citant le commissaire du gouvernement auprès du tribunal militaire, le juge Fadi Akiki.

Les premières investigations ont été lancées dans le cadre d’une affaire de fraude ordinaire, mais ont rapidement pris un tournant après l’analyse de son téléphone personnel, où les preuves recueillies ont été jugées suffisantes pour établir un lien opérationnel avec les services de renseignement israéliens.

Les rapports indiquent que le suspect a reçu au moins 23 000 dollars en échange d’informations sensibles concernant des sites stratégiques liés au Hezbollah. D’autres sources affirment que les renseignements fournis ont contribué à l’élimination de figures majeures du mouvement.

L’affaire prend une dimension encore plus sensible et complexe en raison des origines familiales de Saleh : il est le fils d’un combattant de l’unité Radwan, la force d’élite du Hezbollah, et le frère d’un autre membre tué précédemment. Ces liens renforcent l’impact médiatique de l’affaire et soulèvent de sérieuses questions sur la manière dont un individu issu de ce milieu a pu infiltrer les rangs du parti.

Des médias libanais ont rapporté que Saleh a été recruté en ligne par le Mossad, le service de renseignement israélien, et qu’il aurait transmis à Israël des coordonnées utilisées pour frapper des cibles militaires, notamment lors des raids du 9 mai sur Nabatiyé — les plus violents depuis novembre — et l’attaque du 10 avril ayant coûté la vie à Hassan Bir, haut cadre du Hezbollah, et à son fils Ali dans la banlieue sud de Beyrouth.

Ces détails, confirmés par le journaliste israélien Roi Kais, illustrent la gravité et la profondeur de l’infiltration sécuritaire.

Les investigations ont débuté à la suite d’un signalement concernant des mouvements financiers suspects. Un courtier en cryptomonnaies a alerté sur des transferts opérés par Saleh, menant à la fouille de son téléphone et à la découverte de communications prouvant son lien avec les services israéliens. Selon les sources de Kais, des difficultés financières aiguës auraient poussé Saleh à accepter l’offre israélienne en échange d’informations sensibles.

Cette affaire est d’autant plus sensible qu’elle survient dans un contexte régional tendu, où les craintes d’infiltrations au sein des groupes armés et de leur environnement social sont croissantes.

La révélation que le frère de Saleh était un membre du Hezbollah mort en service ajoute une dimension personnelle troublante, renforçant les interrogations sur l’ampleur de la brèche sécuritaire.

À ce jour, le Hezbollah n’a publié aucun communiqué officiel sur l’arrestation de Saleh ni sur les accusations portées contre lui, ce qui alimente les spéculations quant aux répercussions possibles de cette affaire sur la sécurité et la politique au Liban et dans la région.

Les enquêtes en cours pourraient révéler des ramifications plus vastes et l’implication éventuelle d’autres acteurs. Le Hezbollah a d’ailleurs ouvert des enquêtes internes sur les défaillances sécuritaires, notamment après les attentats du Bi’r et les assassinats ciblant plusieurs de ses cadres, dont l’ancien secrétaire général Hassan Nasrallah.

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