Politique

Un bombardement secoue Damas, et le démenti israélien ajoute davantage de mystère


Le ministère syrien de la Défense a promis de poursuivre les responsables de « l’attaque perfide » qui a visé des quartiers résidentiels à l’aide de roquettes de type Katioucha tirées depuis les abords de la ville.

Le calme du vendredi soir a été brisé par le bruit d’une violente explosion qui a plongé la capitale syrienne, Damas, dans un climat de tension et d’incertitude. Deux roquettes Katioucha ont frappé le quartier de Mezzeh-Ouest, selon les autorités locales.

Une source militaire syrienne a révélé que les ministères de la Défense et de l’Intérieur avaient ouvert une enquête conjointe et urgente afin d’élucider les circonstances de ce qu’ils ont qualifié « d’attaque perfide ». Mais l’identité de l’auteur demeure inconnue, ajoutant une couche d’ambiguïté à l’un des secteurs les plus sensibles de la capitale.

L’incident a eu lieu dans la zone de Mezzeh 86, un quartier densément peuplé, où les deux roquettes ont touché une maison civile, blessant une femme de manière modérée, selon la direction des urgences du ministère de la Santé.

Des images diffusées par la télévision publique ont montré les traces de destruction dans la pièce touchée : un large trou dans le mur et des objets projetés au sol, signes de la force de l’explosion dont l’écho a retenti dans les quartiers voisins.

Des habitants ont confirmé avoir entendu « une forte explosion précédée d’un bruit similaire à celui d’un projectile en chute », ce qui laisse penser que l’attaque était soudaine et planifiée.

L’agence officielle Sana a relayé les propos d’une source militaire affirmant que « l’attaque perfide… avait été menée à l’aide de roquettes tirées depuis une plateforme mobile », ajoutant que « les parties responsables et l’outil d’exécution demeurent inconnus jusqu’à présent ».

Ce point constitue le cœur du mystère : l’utilisation d’une plateforme mobile suggère une exécution professionnelle visant à assurer une disparition rapide après le tir, compliquant la tâche des enquêteurs.

Plus tard, le département de l’information du ministère syrien de la Défense a confirmé que les roquettes avaient été tirées « depuis les abords de la ville en direction des zones résidentielles ». Il s’est engagé à « poursuivre les responsables de cet acte criminel et à prendre des mesures dissuasives contre quiconque menace la sécurité de la capitale ».

Le ministère a insisté sur le caractère criminel d’une attaque visant directement des civils, la sortant ainsi du cadre des affrontements militaires classiques et l’inscrivant dans celui des actions susceptibles de perturber la stabilité interne.

L’attaque de Mezzeh ravive les questions sur la nature des opérations sécuritaires menées à Damas.
La radiodiffusion publique israélienne a cité un responsable israélien affirmant que « Tel-Aviv n’a aucun lien avec l’explosion survenue à Damas », un démenti inhabituel dans un contexte où nombre de frappes attribuées à Israël visent généralement des objectifs militaires ou des personnalités liées aux forces alliées de la Syrie.

Ce démenti ajoute un voile supplémentaire de mystère et ouvre la voie à plusieurs hypothèses.

L’une d’elles implique un groupe opposé au régime syrien, peut-être une cellule dormante à l’intérieur de la capitale ou un groupe situé dans ses environs, ayant profité d’un relâchement apparent du dispositif sécuritaire pour mener une attaque « rapide et relativement rudimentaire » grâce à des roquettes Katioucha tirées depuis une plateforme mobile, visant à créer un retentissement sécuritaire et médiatique sans disposer de capacités militaires avancées.

Une seconde hypothèse évoque un règlement de comptes ou un message d’avertissement entre acteurs locaux concurrents au sein même des cercles d’influence.

L’attaque d’un quartier sensible comme Mezzeh, qui abrite des installations militaires et sécuritaires, pourrait constituer une démonstration de capacité à atteindre le cœur de la capitale, même si la maison touchée n’était pas nécessairement la cible principale.

Une troisième possibilité concerne une entité régionale cherchant à déstabiliser la sécurité de la capitale sans assumer formellement la responsabilité, dans l’objectif de créer un climat de confusion et de fragiliser l’intérieur syrien.

L’importance stratégique de Mezzeh renforce cette hypothèse : la zone est souvent ciblée en raison de sa sensibilité, et constitue un lieu propice à l’envoi de « messages d’avertissement » à travers des moyens dont la responsabilité peut facilement être niée.

Les forces de sécurité poursuivent leurs enquêtes pour déterminer les circonstances de l’attaque et identifier les auteurs, soulignant le caractère inhabituel et opaque de l’opération.

Un périmètre de sécurité strict a été imposé autour du site afin de collecter les preuves, déterminer la trajectoire des roquettes et localiser précisément leur point de départ. Les autorités ont affirmé qu’elles « mettront progressivement le public au courant de tous les détails ».

L’attaque sur Mezzeh 86, un quartier très peuplé, représente une évolution dangereuse dans la nature des opérations visant la capitale, même si les roquettes utilisées restent de conception rudimentaire.

L’incident met en lumière une vulnérabilité potentielle du dispositif sécuritaire, puisqu’une « plateforme mobile » a réussi à s’approcher des abords de Damas et à tirer sur le cœur de la ville, posant un nouveau défi aux forces chargées de protéger la capitale et ravivant l’inquiétude des habitants face au spectre persistant d’une violence imprévisible qui ne distingue ni cibles civiles ni militaires.

Les résultats de l’enquête conjointe sont désormais très attendus, car ils devraient révéler de nouveaux détails sur la nature des projectiles, la zone exacte de lancement et les motivations potentielles derrière une attaque dont les auteurs demeurent jusque-là inconnus.

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