Politique

Un an après le coup d’État au Gabon : Qu’est-ce qui a changé ?


Il y a un an jour pour jour, en 2023, des militaires au Gabon ont mis fin à un régime qui durait depuis 14 ans, plongeant ainsi le pays africain dans une nouvelle phase, certes, mais incertaine.

Le 30 août dernier, moins d’une heure après l’annonce de la réélection du président Ali Bongo Ondimba lors d’élections dont la légitimité était contestée, l’armée est intervenue pour changer le cours des choses.

Les dirigeants du coup d’État ont alors estimé que les résultats étaient falsifiés et que le régime de Bongo avait exercé un « pouvoir irresponsable ». Ils l’ont forcé à se retirer et l’ont placé en résidence surveillée. Ils ont également annoncé l’arrestation de plusieurs ministres, responsables et figures du régime, les accusant de corruption et de haute trahison.

Ainsi, le Gabon a tourné la page de la dynastie Bongo, au pouvoir depuis 2009, après qu’Ali Bongo ait succédé à son père Omar Bongo, président du pays depuis 1967. Ce coup d’État n’a surpris que par son timing, car de nombreux signes internes indiquaient un déclin de la légitimité du président déchu, et il était évident que la frustration finirait tôt ou tard par éclater.

À mi-chemin

Dans un discours, le président gabonais, le général Brice Oligui Nguema, a déclaré que le 30 août marque « le jour de la libération nationale » au Gabon, où la transition est arrivée à mi-chemin.

Le pays devrait tenir des élections au plus tard en août 2025, selon ce qu’a annoncé précédemment le Conseil militaire au pouvoir.

En attendant, le président de transition tente d’améliorer son image aux yeux du peuple, d’abord en utilisant fréquemment le terme « libération », comme pour justifier le coup d’État.

Il multiplie également les rencontres lors de sa « tournée républicaine », rappelant une campagne présidentielle anticipée, tandis que plusieurs personnalités l’invitent déjà à se porter candidat en 2025.

Plus important encore, il cherche à soigner son image auprès des Gabonais, rompant parfois avec le stéréotype du militaire en exécutant quelques pas de danse en uniforme, ou en se montrant nageant sous une cascade lors de ses « vacances au village ».

En effet, des analystes gabonais estiment que Nguema a déjà réussi à gagner une large popularité, en montrant ce mélange contradictoire entre la rigueur militaire et un esprit jovial. Beaucoup le surnomment en secret « le tueur des Bongo ».

Cependant, cela n’a pas empêché l’émergence de voix critiques, bien que rares pour diverses raisons. L’activiste Daniel Mengara a déclaré à la radio que « le général Nguema veut construire des institutions à son image ».

En parallèle, l’ancienne opposition et la société civile, intégrées dans le processus de transition, ne s’opposent pas à une candidature de Nguema, mais souhaitent des élections « crédibles » et un parlement démocratique véritablement contre-pouvoir.

La future Constitution, en cours de rédaction depuis mai dernier, devra être adoptée par référendum d’ici la fin de l’année.

Réintégration

Sur le plan régional et international, un an après le coup d’État, le Gabon a réintégré pleinement la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), dont son adhésion avait été suspendue.

Dans les semaines qui ont suivi le coup d’État, le président de transition a multiplié les réunions avec ses homologues de la République centrafricaine, du Congo-Brazzaville, de la République démocratique du Congo et même du Tchad. Lors de toutes ces rencontres, sa priorité absolue était de réintégrer le Gabon dans la CEEAC.

En décembre 2023, une première victoire a été obtenue avec l’abandon par l’organisation de son projet de transférer son siège de Libreville, la capitale gabonaise, à Malabo en Guinée équatoriale.

Le gouvernement de transition a ensuite poursuivi ses efforts en établissant un calendrier de deux ans jusqu’aux prochaines élections, ce qui a conduit la CEEAC à reconnaître plus tard “les progrès réalisés dans le retour à l’ordre constitutionnel” et à réintégrer le Gabon en mars dernier.

Depuis lors, la diplomatie gabonaise plaide pour une réintégration complète dans l’Union africaine en suivant l’exemple de la CEEAC, qui, selon le professeur de droit constitutionnel Télésphore Ondo, “est le cadre approprié pour évaluer la situation du Gabon”.

Ondo estime que dès la levée des sanctions, l’Union africaine devrait suivre cet exemple.

Cependant, il n’y a eu aucun progrès dans ce dossier. Le 5 juillet dernier, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, a rencontré le président gabonais sans qu’aucune décision ne soit annoncée.

En ce jour

Le 30 août 2023, le coup d’État a pris tout le monde par surprise, personne ne s’attendant à ce qu’il se produise, et encore moins au sein de la Garde républicaine, dirigée par Brice Clotaire Oligui Nguema.

Jusqu’alors, ce général avait joué un rôle clé au sein de l’appareil d’État, et personne au sein du clan Bongo n’aurait imaginé que cet homme de confiance, qui avait acquis une influence considérable depuis son retour en grâce en 2019, pourrait se rebeller.

Pour réussir son coup, Nguema était sûr de pouvoir compter sur la Garde républicaine qu’il avait soigneusement cultivée depuis qu’il en avait pris la tête en 2021.

Mais pourquoi a-t-il choisi d’agir précisément le 30 août ?

Officiellement, à cause des résultats tronqués de l’élection présidentielle. En coulisses, cependant, d’autres raisons sont apparentes, la principale étant la profonde dégradation de ses relations avec le clan Bongo.

Nguema s’était alors heurté à Sylvia et Noureddin, la femme et le fils du président. Selon le magazine “Jeune Afrique”, une vive dispute avait éclaté entre le général et Noureddin Bongo quelques heures avant le coup d’État, à propos des résultats des élections.

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