Politique

Un an après la fin de la guerre… 669 frappes israéliennes au Liban et 360 combattants du Hezbollah tués


Le Liban marque, jeudi, la première année depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, mais le pays demeure suspendu entre l’espoir d’un apaisement durable et la crainte d’une nouvelle escalade.

À l’aube de sa deuxième année, l’accord de cessez-le-feu, déjà fragile entre Israël et le Liban, apparaît plus précaire que jamais.

Depuis des mois, il ne se passe presque aucun jour sans qu’un responsable israélien ne menace d’une opération militaire, qu’elle soit large ou ciblée, au Liban.

Or, si Israël n’a subi aucune attaque depuis la signature du cessez-le-feu le 27 novembre 2024, le territoire libanais, lui, continue d’être visé quotidiennement par des frappes israéliennes.

Cette réalité a été illustrée par le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, lors d’une réunion de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset, mercredi. Il a déclaré : « Nous n’avons jamais connu une situation sécuritaire aussi favorable à la frontière nord depuis vingt ans. »

Il a ajouté : « Trois cent soixante combattants du Hezbollah ont été tués depuis le cessez-le-feu », ce qui signifie qu’un membre du Hezbollah a été tué presque chaque jour depuis l’entrée en vigueur de l’accord.

La Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) a de son côté enregistré plus de 10 000 violations aériennes et terrestres israéliennes sur le territoire libanais

au cours de cette première année de cessez-le-feu.

Sur la plateforme X, elle a indiqué : « Depuis l’accord de cessation des hostilités l’an dernier, la FINUL a recensé plus de 7 500 violations aériennes et près de 2 500 violations terrestres au nord de la ligne bleue. »

Le gouvernement libanais a plusieurs fois condamné ces violations, tandis que le Hezbollah a fait preuve d’un silence inhabituel.

Israël affirme pour sa part que toutes ses attaques visent à entraver les efforts du Hezbollah pour se réarmer et reconstruire ses capacités militaires.

Des dispositions absentes

L’accord de cessez-le-feu stipulait qu’en plus de l’arrêt des combats, le Liban devait retirer toutes les forces et tous les équipements militaires non gouvernementaux entre le fleuve Litani et la frontière israélienne. Dans cette zone, seules les forces armées libanaises et les autres services de sécurité de l’État devaient être présents.

En contrepartie, Israël devait se retirer progressivement des zones qu’il occupe encore dans le sud du Liban dans un délai de 60 jours.

L’accord prévoyait également que les États-Unis joueraient les médiateurs dans des négociations indirectes entre Israël et le Liban pour parvenir à une délimitation de leurs frontières terrestres reconnue au niveau international.

Mais un an plus tard, aucun de ces objectifs n’a été atteint. Israël continue d’occuper cinq postes frontaliers à l’intérieur du Liban et mène des frappes quotidiennes, y compris dans la banlieue sud de Beyrouth et jusqu’à la région de la Békaa.

Dimanche dernier, Israël a tué le commandant militaire du Hezbollah, Haitham Tabatabaei, lors d’une frappe aérienne au cœur de la banlieue sud de Beyrouth.

Le gouvernement de Benyamin Netanyahou a promis que cette frappe ne serait pas la dernière si le Liban ne renforçait pas ses efforts pour désarmer le Hezbollah.

En septembre, l’armée libanaise a présenté un plan visant à désarmer toutes les milices non gouvernementales, avec un accent particulier sur le Hezbollah, mais Israël affirme que ce plan n’a jamais été mis en œuvre.

Des observateurs expliquent toutefois que le gouvernement et l’armée libanaise cherchent à éviter une confrontation directe avec le Hezbollah et tentent plutôt de procéder par négociations et pressions politiques.

Des attaques quotidiennes

Selon un rapport de l’Institut israélien Alma, « depuis l’entrée en vigueur de l’accord, l’armée israélienne mène chaque jour des opérations en réponse aux violations du Hezbollah et à ses efforts continus de reconstruction ».

Le rapport ajoute : « Durant le cessez-le-feu, l’armée israélienne a mené 669 frappes aériennes dans tout le Liban, ciblant la reconstruction de l’infrastructure militaire du Hezbollah de manière générale, ainsi que des efforts plus spécifiques, tels que la contrebande d’armes, la production locale, la réparation d’armes et les combattants du Hezbollah. »

L’institut poursuit : « L’armée israélienne cible également des infrastructures civiles et économiques qui constituent une base et une couverture pour la reconstruction militaire du Hezbollah, notamment des équipements d’ingénierie, des carrières, des usines de béton ainsi que des membres du Hezbollah qui, dans leurs professions civiles, contribuent à ces efforts. »

Il ajoute : « Malgré les déclarations répétées du gouvernement et de l’armée libanaise concernant le succès de l’opération de désarmement du Hezbollah au sud du Litani, la réalité sur le terrain est très différente. »

Selon l’Institut Alma, « l’État libanais ne dispose pas de la capacité, ni parfois de la volonté, de confronter réellement le Hezbollah. L’armée libanaise, principale force du pays, reste très limitée dans ses opérations et n’est ni intéressée ni capable d’affronter le Hezbollah ».

Onze frappes à Beyrouth

D’après l’Institut, 47 % des frappes israéliennes ont eu lieu au sud du Litani, 38,4 % au nord du fleuve, 13 % dans la région de la Békaa et 1,6 % à Beyrouth.

L’analyse des données montre que les zones les plus ciblées sont celles situées au sud du Litani, notamment près de la ligne de front, et les villages d’Aitaroun (plus de 50 frappes) et Aita al-Shaab (plus de 40 frappes), ainsi que les zones d’Adaisseh et de Houla. La majorité des frappes s’est déroulée durant la première phase du cessez-le-feu. Aujourd’hui, leur fréquence a diminué dans ces zones frontalières.

Le rapport souligne également l’importance du nombre et du rythme des frappes à Beyrouth, qui représente 1,6 % du total des raids, soit 11 attaques.

Moyenne mensuelle

Selon l’Institut Alma, le nombre moyen de frappes est de 51 par mois depuis le début du cessez-le-feu.

Il indique que près de 49 % des éliminations ciblées ont eu lieu au sud du Litani. Globalement, ces opérations représentaient près d’un tiers des frappes aériennes.

Enfin, il précise que 21 % des combattants du Hezbollah tués appartenaient à l’unité Radwan, tandis que 28 autres combattants appartenaient à d’autres groupes, dont 18 du Hamas.

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