Politique

Tweets d’outre-tombe : des messages de l’au-delà suscitent la controverse au Congrès américain


À une époque où les frontières entre la vie et la mort deviennent floues sur les réseaux sociaux, un phénomène nouveau et inquiétant prend de l’ampleur aux États-Unis.

Des membres du Congrès, bien que décédés, continuent d’apparaître actifs en ligne : leurs comptes officiels publient, commentent et aiment des contenus comme s’ils étaient toujours en vie, selon le site américain Politico.

Ce phénomène s’est illustré récemment lorsque le compte Instagram de l’ancienne députée Sheila Jackson Lee (démocrate du Texas) a aimé une publication félicitant Zohran Mamdani pour sa victoire aux primaires municipales de New York, bien qu’elle soit décédée en juillet dernier.

Repérée par le compte Dear White Staffers, spécialisé dans les coulisses du Congrès, cette anomalie n’est pas un cas isolé. Elle reflète une tendance plus large de « présence numérique posthume », incluant des mises à jour de profils et des soutiens affichés à des candidats.

Le compte du député Sylvester Turner, qui avait temporairement remplacé Jackson Lee avant de mourir en mars 2025, a, trois semaines après sa mort, changé sa photo de profil sur la plateforme X, accompagnée d’un message de félicitations pour le lancement de la saison de baseball.

Ce message, qui comportait pourtant une note de décès, a choqué de nombreux internautes et suscité des interrogations sur le maintien actif des comptes de parlementaires décédés.

Dans un autre cas, les comptes du défunt député Gerry Connolly (démocrate de Virginie) ont repris leur activité après sa mort en mai dernier. Des publications invitaient les électeurs à voter lors de l’élection spéciale organisée pour le remplacer. Certains électeurs ont même reçu des courriers de soutien à son successeur préféré, James Wokenshaw — messages qui ont ensuite été supprimés après un tollé cette semaine.

Bien que certains profils comme ceux de Connolly et Turner indiquent être gérés par des membres de leur famille (comme dans une vidéo publiée par la fille de Turner), l’utilisation politique des comptes numériques de personnes décédées n’est pas une nouveauté. Deux semaines après la mort d’Herman Cain du Covid-19 en 2020, son compte Twitter avait repris du service pour attaquer Joe Biden et partager des théories du complot sur le virus.

Politico souligne que le système politique américain est confronté à un vide institutionnel concernant la gestion de cet héritage numérique. Lorsqu’un membre du Congrès décède, son bureau reste ouvert pour répondre aux électeurs, mais l’absence de protocole clair pour les comptes sur les réseaux sociaux — en particulier ceux liés aux campagnes — crée un vide juridique préoccupant.

Zach Brown, ancien directeur de la communication du défunt représentant Don Young, mort en 2022 alors qu’il était encore en fonction, affirme qu’aucun mécanisme formel n’existe pour transférer ou désactiver ces comptes, bien qu’il y ait des règles sur le contenu autorisé.

Il souligne que cette négligence envers le numérique contraste avec la rigueur appliquée à la gestion des archives physiques des bureaux, créant ainsi des failles de sécurité où d’anciens collaborateurs peuvent continuer à publier au nom de leurs anciens employeurs.

Brown insiste sur le fait que cette problématique dépasse les simples questions techniques : elle porte atteinte à la qualité du service rendu aux citoyens, et constitue une violation des principes fondamentaux de préservation des archives publiques qui sont, dans le monde physique, strictement encadrés.

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