Tunisie : l’emprisonnement d’un ancien candidat à la présidentielle ravive le débat sur l’ingérence des Frères musulmans dans la justice

La Cour d’appel de Tunis a confirmé la condamnation à huit mois de prison prononcée contre le magistrat révoqué et ancien candidat à la présidence, Mourad Massaoudi, reconnu coupable de falsification de parrainages électoraux.
Le jugement, rendu le samedi 6 septembre 2025, a remis en lumière le dossier des magistrats révoqués et son lien avec la période d’influence exercée par le mouvement islamiste Ennahdha sur l’appareil judiciaire.
L’affaire remonte à l’élection présidentielle d’octobre 2024, lorsque Massaoudi avait tenté de se lancer dans la compétition sous le slogan « Tunisie : pays de liberté, d’amour, d’art et de beauté ». Rapidement, des accusations de falsification de parrainages se sont élevées à son encontre. L’enquête judiciaire a débouché sur une condamnation en première instance, confirmée ensuite en appel, dans une procédure qui a profondément divisé la scène politique et judiciaire tunisienne.
Massaoudi figurait parmi les 57 magistrats que le président Kaïs Saïed avait révoqués en juin 2022 pour corruption, collusion et dissimulation de dossiers liés au terrorisme. Toutefois, une partie de ces accusations renvoyait directement à la période de gouvernance d’Ennahda, dont les dirigeants ont souvent été soupçonnés d’avoir tenté d’étendre leur influence sur la justice afin de protéger leurs alliés ou de bloquer des dossiers sensibles. C’est dans ce contexte que l’affaire Massaoudi est perçue par beaucoup comme un symbole d’un héritage plus large de l’ingérence des islamistes dans la justice tunisienne.
L’incarcération d’un ancien candidat à la présidentielle ne reflète donc pas seulement un parcours judiciaire controversé ; elle réactive également le débat sur l’héritage d’Ennahdha en Tunisie, notamment en ce qui concerne les tentatives de mainmise sur la justice et l’érosion de son indépendance. Alors que les autorités actuelles présentent ces affaires comme faisant partie d’une lutte globale contre la corruption et pour l’assainissement du système, des interrogations demeurent sur la capacité de la Tunisie à tourner la page du passé de politisation de la justice et à instaurer un cadre garantissant transparence et confiance publique.