Tunisie : arrestation d’un chef du parti Ennahdha et du directeur de Mosaïque FM
Les forces de sécurité tunisiennes arrêtent Noureddine Bhiri, ancien ministre Lazhar Akremi et directeur général de la radio privée locale Mosaïque Noureddine Boutar sans qu’il soit possible de savoir à quoi ont abouti les arrestations officielles. Ces arrestations s’inscrivent dans le cadre d’une campagne de arrestations impliquant des opposants de premier plan et un homme d’affaires décrit comme ayant des relations complexes, un pouvoir important et deux juges.
Il a été confirmé par les déclarations de certains avocats des personnes arrêtées ces derniers jours que les arrestations étaient liées à un soupçon d’atteinte à la sûreté de l’État, dans une affaire apparemment interconnectée, alors que l’on ne sait pas encore si les dernières arrestations étaient liées à la même affaire.
L’avocat Samir Dilou a déclaré que la police avait perquisitionné et arrêté Bhiri, ancien Ministre de la justice et critique féroce du Président Kaïs Saïed.
Les autorités ont également perquisitionné le domicile du directeur général de Radio Mosaïque, dont l’agence de radio diffuse fréquemment des critiques cinglantes à l’encontre de Saïed. Il a été arrêté après avoir fouillé sa maison, selon l’avocat Dalila Ben Moubarak.
Dalila Ben Moubarak a souligné que l’affaire dans laquelle elle a été entendue était indépendante des autres affaires concernant les récentes arrestations, notant que les questions posées à son suppléant concernaient les partenaires et les biens de la radio ainsi que les questions relatives à la ligne éditoriale.
Les opposants et les avocats ont également affirmé que l’avocat et ancien ministre Lazhar Akremi avait été arrêté lundi par la police, qui n’a pas hésité à montrer son opposition féroce à Saïed.
Son avocat, Ridha Belhaj, a indiqué qu’il était actuellement arrêté à la prison de Bouchoucha pour ce qui est du sens de la loi contre le terrorisme, mais qu’il n’avait pas encore été officiellement informé des charges retenues contre lui.
Il a nié la publicité qui lui était faite concernant la détention d’une arme à feu à la maison d’Akremi, affirmant que son client avait été arrêté à la suite de déclarations à la radio critiquant le chef de l’État.
Akremi avait auparavant déclaré que la police la poursuivait dans la rue la nuit. Akremi était l’un des proches les plus connus du défunt président tunisien Béji Caïd Essebsi et il tenait un ministère dans son gouvernement.
Depuis le samedi, la police a arrêté plusieurs personnalités qui avaient exprimé leur opposition à Saïed ou cherché à se mobiliser contre lui. Des avocats ont affirmé que les arrestations de samedi et de dimanche avaient eu lieu dans certaines circonstances sous le soupçon d’une conspiration contre la sécurité intérieure de l’État.
Parmi eux se trouve Kamel Eltaïef, un homme d’affaires influent, proche des clivages politiques, Khayam Turki, ancien ministre des Finances, Abdelhamid Jelassi, et ancien juge, diplomate et ancien officier de l’armée.
Bien que l’arrestation d’un certain nombre d’hommes politiques de l’opposition soit liée aux questions de sécurité de l’État par leurs avocats ou par certaines sources, l’arrestation des juges Béchir Akremi et Al-Tayyip a eu des raisons différentes et n’a rien à voir avec les dossiers de la sécurité de l’État.
Ennahdha a condamné dans une déclaration « l’enlèvement systématique et le blasphème de ses opposants par l’autorité de Saïed », appelant à l’unité de leur « pouvoir vivant qui est devenu le objet d’une cible aveugle ».
Bien que certains hommes politiques aient été suspendus depuis que Saïed avait pris le contrôle de vastes pouvoirs, il n’y avait pas eu auparavant une campagne massive de arrestations comme celle qui se déroulait de nos jours.
Noureddine Bhiri a été maintenu en détention pendant deux mois pour avoir aidé des militants islamistes à se rendre en Syrie, accusations qu’il a réfutées avec Ennahdha et qui, selon eux, sont des accusations politiques visant des opposants heureux.
L’avocat Dilou a déclaré lundi que « la police a fait irruption dans la maison de Noureddine Bhiri, a agressé sa femme et l’a arrêtée ».
Les juges tunisiens ont décidé de faire un grand adieux à Ennahdha, et l’ancien ministre de l’Intérieur Ali Larayedh a été emprisonné pour avoir participé au dossier d’infiltration dans les foyers de tension.
Alors que la télévision d’État a dans l’ensemble cessé de diffuser des interviews de critiques du président, d’autres médias, dont Mosaïque FM, ont continué à donner la parole à des adversaires heureux et à diffuser des programmes qui critiquaient farouchement ses plans politiques et économiques.
Dalila Ben Moubarak a déclaré alors qu’elle se trouvait devant la maison de Boutar : « La police a fouillé la maison de Boutar puis l’a arrêté… Je suis ici devant la maison… ils n’ont rien trouvé pour l’arrêter, mais ils l’ont arrêté. »