Politique

Trump et le Soudan : une relance de l’eau stagnante ?


L’administration américaine se prépare à faciliter une issue pacifique au conflit soudanais, une initiative qui soulève la question : pourrait-elle enfin remettre en mouvement l’une des crises les plus graves de l’époque récente ?

Depuis le 15 avril 2023, l’armée et les Forces de soutien rapide (RSF) s’affrontent au Soudan, causant environ 14 000 morts et plus de 8 millions de déplacés ou réfugiés, selon l’ONU.

Dans ses premières déclarations concernant le Soudan depuis son retour à la Maison‑Blanche, Donald Trump a annoncé des efforts sérieux des États‑Unis en faveur d’une solution pacifique. Cette annonce a suscité un large soulagement parmi les forces civiles soudanaises anti‑guerre.

L’intervention de Trump s’est faite lors d’un sommet économique auquel participaient les présidents de la Mauritanie, du Sénégal, du Gabon, de la Guinée‑Bissau et du Libéria. Il a insisté sur le rôle urgent que les États‑Unis doivent jouer pour stabiliser le Soudan, tout comme d’autres pays en crise comme la Libye.

Réactions internes positives

Le « Coalition civile démocratique pour la révolution » — nommée « Samoud » — a salué ces propos. Dans un communiqué, son porte‑parole Jaafar Hassan a qualifié cette initiative de « bienvenue » et a encouragé les pays amis à soutenir des voies de règlement politique, afin de mettre fin à une guerre qui a détruit des vies, anéanti les infrastructures et laissé des millions de Soudanais humiliés.

Le Parti de l’Université nationale soudanaise a également exprimé son appui, affirmant que toute initiative doit reposer sur une volonté nationale libre, un solide soutien international et répondre aux aspirations d’un « paix juste et inclusive », fondée sur la justice, la reddition de comptes et un État civil démocratique. Le parti a appelé la communauté internationale — en premier lieu les États‑Unis — à écouter la voix des Soudanais, en particulier celle des victimes, et à œuvrer pour une solution politique globale et durable.

Une diplomatie à quatre pays

La déclaration de Trump fait suite aux démarches conjointes initiées par le sous‑secrétaire d’État Christopher Landau et les ambassadeurs des Émirats arabes unis, d’Arabie saoudite et d’Égypte à Washington. En juin dernier, ils ont invité les belligérants soudanais à cesser les combats et à entamer des négociations. L’objectif affiché est clair : ressusciter une initiative quadripartite de paix, avec le soutien américain et la volonté d’éviter toute solution militaire.

Ces rencontres témoignent selon les analystes d’une nouvelle stratégie américaine, visant à regagner du terrain diplomatique en Afrique — notamment au Soudan et en Libye — après des années de recul. Moussa Jouda, analyste et rédacteur en chef du site African Matris, estime que Trump et ses partenaires régionaux cherchent à prévenir toute contagion du conflit vers les pays voisins. Selon lui, Washington s’active en coulisse, coordonnant avec les pays limitrophes pour freiner la guerre.

Des chances de succès ?

D’après Moussa Jouda, les intérêts des États‑Unis en Afrique, centrés autour de la stabilité, sont tels que l’administration Trump interviendra avec détermination et ressources. Elle entend contrer toute expansion de l’influence russe ou chinoise — particulièrement dans un contexte d’instrumentalisation militaire croissante dans la région africaine.

Trump a récemment affirmé que son administration s’efforce de soutenir des processus de paix éclairés, notamment ce qu’il appelle la « stratégie Africa First », axée sur le dialogue politique et la coopération économique. Son conseiller spécial pour l’Afrique, Massad Boulos, a qualifié la crise soudanaise « de plus grande catastrophe humanitaire contemporaine » et a plaidé pour des couloirs humanitaires immédiats.

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