Trump et la politique étrangère : 4 clés pour comprendre le chaos des 100 premiers jours

Les cent premiers jours de la présidence de Donald Trump ont représenté l’équivalent d’au moins vingt années de bouleversements dans la politique étrangère américaine.
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Durant les cent premiers jours de son second mandat à la Maison Blanche, le chaos a dominé, alimenté par une stratégie de politique étrangère reposant sur le principe de “bouger vite et briser les règles”.
Les États-Unis ont connu des revirements rapides dans leur approche des conflits mondiaux, passant de négociations avec la Russie à la promotion d’un cessez-le-feu à Gaza, tout en oscillant entre menaces militaires contre l’Iran et discussions sur un nouvel accord nucléaire.
L’administration Trump a aussi soudainement fermé l’Agence américaine pour le développement international (USAID), pris des mesures radicales en matière de politique migratoire, et instauré des perturbations commerciales à travers l’imposition de droits de douane.
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Alors, comment comprendre ce chaos ?
Il est clair que le second mandat de Trump vise un changement radical de la politique étrangère américaine. Toutefois, la direction exacte de ce changement demeure incertaine. La revue Foreign Policy propose quatre modèles explicatifs :
- Le retour du réalisme politique
Le modèle le plus cohérent suggère que l’administration Trump adopte un retour strict au réalisme politique, en priorisant la Chine et l’hémisphère occidental sur l’Europe et le Moyen-Orient.
Les tensions avec les alliés européens sont perçues comme une tentative de rééquilibrage stratégique, reconnaissant que les intérêts de Washington priment sur les idéaux libéraux comme la démocratie ou les droits humains.
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Pressions sur les alliés pour qu’ils augmentent leurs dépenses militaires, volonté de sortir de la guerre en Ukraine via un compromis avec la Russie : autant d’approches typiquement réalistes.
L’usage des droits de douane comme levier de négociation incarne une politique transactionnelle, susceptible de porter ses fruits à court terme malgré des risques à long terme.
La tournée du secrétaire d’État Marco Rubio en Amérique latine, les inquiétudes sur la présence chinoise au canal de Panama, ou encore l’idée d’annexer le Groenland s’inscrivent aussi dans ce cadre, bien qu’il ne permette pas d’expliquer l’approche envers Israël ou la destruction des institutions diplomatiques.
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- La politique intérieure comme moteur de la politique étrangère
Selon les médias démocrates, la politique étrangère de Trump sert surtout des objectifs internes ou des intérêts économiques des élites.
Le sénateur Bernie Sanders a dénoncé la fermeture de l’USAID comme une faveur aux milliardaires comme Elon Musk.
L’hostilité envers la bureaucratie fédérale s’inscrit dans une tradition républicaine de réduction de l’État.
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Les marchés restent troublés par l’imprécision des objectifs économiques : droits de douane pour de meilleures négociations commerciales ? Pour lutter contre l’immigration ? Ou pour affaiblir le dollar et relocaliser la production ?
Lors de la conférence de Munich, le discours du vice-président J.D. Vance, axé sur l’immigration et les différences culturelles entre l’Europe et les États-Unis, illustre cette approche.
Mais ce modèle n’explique pas l’intérêt pour le Moyen-Orient, le soutien inconditionnel à Israël ou la répression des militants pro-palestiniens.
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- Le retour au premier mandat
Ce modèle, soutenu par certains républicains et diplomates, suppose que malgré le chaos, une structure plus traditionnelle émergera comme lors du premier mandat de Trump.
La stratégie de sécurité nationale restait alors assez classique, malgré le style personnel de Trump et sa diplomatie spectaculaire, comme avec Kim Jong-un.
L’ouverture à la Russie s’expliquerait par la volonté personnelle de Trump de négocier avec les “hommes forts” et d’obtenir un prix Nobel.
Mais ce modèle a ses limites, notamment le soutien à Israël qui contredit d’autres priorités comme le rejet d’une guerre avec l’Iran ou l’élargissement des Accords d’Abraham.
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- Le conflit interne au sein des républicains
Ce dernier modèle voit dans le chaos actuel le reflet d’un conflit idéologique au sein du Parti républicain.
Un courant nationaliste et protectionniste, centré sur la Chine, gagne en influence. Il est représenté au sein du Pentagone, de la vice-présidence, voire dans la Silicon Valley.
Face à lui, les républicains plus traditionnels, comme Marco Rubio ou Mike Waltz, cherchent à recentrer la politique étrangère.
Trump semble pencher pour le premier groupe, mais comme par le passé, il peut être influencé rapidement.
Le désaccord profond sur des sujets comme la Russie, l’Iran ou Israël explique une partie de la confusion actuelle, tandis que la capacité des autres institutions (Congrès, tribunaux) à encadrer Trump reste incertaine.