Politique

Trump accusé de corruption à cause d’un cadeau qatari


L’opposition américaine et plusieurs organisations lancent une campagne dénonçant ce qu’elles considèrent comme un abus manifeste du pouvoir de Donald Trump depuis son retour sur la scène politique, notamment après avoir accepté des cadeaux, promu les cryptomonnaies par tous les moyens et investi dans l’immobilier.

Noah Bookbinder, président de l’organisation « Citizens for Responsibility and Ethics in Washington » (CREW), déclare : « La corruption semble aujourd’hui plus flagrante et grave encore qu’elle ne l’était lors de son premier mandat. »

Les accusations ont pris de l’ampleur après l’annonce par la famille royale du Qatar de son intention d’offrir un avion Boeing 747 au gouvernement américain — une donation que des experts estiment à 400 millions de dollars.

Lundi, Donald Trump a qualifié de « stupidité » le refus d’un tel cadeau. Il prévoit d’utiliser l’appareil comme avion présidentiel, avant de l’intégrer à sa future bibliothèque présidentielle à la fin de son mandat.

La Maison Blanche a affirmé respecter « les plus hauts standards de transparence » à ce sujet. Toutefois, la Constitution américaine interdit aux responsables en fonction d’accepter des cadeaux provenant de rois, princes ou États étrangers.

Pour Tony Carrk, directeur exécutif de l’ONG Accountable.US, « Le Qatar a parfaitement compris que cette présidence était à vendre. », qualifiant l’avion de « palais volant ».

Noah Bookbinder souligne également le risque majeur que ce cadeau influence les décisions présidentielles concernant le Qatar : « Au lieu de réfléchir à l’intérêt national, il pourrait se laisser guider par sa gratitude envers le Qatar pour ce jet luxueux. »

Les démocrates ont rapidement condamné ce qu’ils estiment être un acte de corruption. Chuck Schumer, figure de proue du parti, a décrit ce don comme « le plus grand pot-de-vin présidentiel de l’histoire contemporaine », ajoutant que « ce n’est pas seulement une forme pure de corruption, mais également une menace grave pour la sécurité nationale ».

Outre l’affaire de l’avion qatari, les ONG expriment leur inquiétude croissante quant à l’implication de Trump et de ses proches dans les cryptomonnaies — domaine opaque, difficile à réguler, alors même que son administration est censée y établir des garde-fous.

Elles évoquent notamment un dîner prévu le 22 mai dans un de ses clubs de golf privés, réservé aux 220 principaux investisseurs de sa cryptomonnaie baptisée « $TRUMP ». Les 25 plus gros investisseurs bénéficieront même d’une visite privée à la Maison Blanche.

Les ONG rappellent aussi l’annonce faite fin mars : le fonds d’investissement MGX, basé aux Émirats, prévoit d’investir 2 milliards de dollars en cryptomonnaie sur la plateforme Binance, via une monnaie numérique liée à la famille Trump par l’intermédiaire de la société World Liberty Financial.

Après l’Arabie saoudite et le Qatar, Donald Trump est attendu jeudi aux Émirats arabes unis, dans le cadre de sa tournée au Moyen-Orient. Ces trois pays sont liés à la Trump Organization, qui y est active dans les secteurs de la finance, de l’immobilier et du sport.

Selon Tony Carrk, « Le président facilite son propre enrichissement personnel, en laissant transiter potentiellement des centaines de millions de dollars à travers des projets opaques de cryptomonnaie. »

Noah Bookbinder ajoute que ce que l’on voit actuellement « n’est qu’une infime partie visible de l’iceberg ».

Et Tony Carrk de conclure : « Avec le Congrès contrôlé par les républicains, seuls quelques élus courageux osent faire entendre leur voix. »

Fait rare depuis le retour de Trump, certains élus républicains ont exprimé leur malaise face au don qatari. John Thune, chef de la majorité au Sénat, a déclaré à la presse que cette affaire soulevait « de nombreux problèmes », tandis que le sénateur Rand Paul a estimé que l’avion « pourrait envoyer un message dangereux à la population ».

Même des figures médiatiques conservatrices proches de Trump s’en sont inquiétées. Le podcasteur Ben Shapiro a jugé, au sujet du dîner « $TRUMP », que cela « soulève de sérieuses questions sur l’abus de pouvoir », et a ajouté : « Si l’on veut que l’administration Trump réussisse, accepter un jet du Qatar n’est certainement pas la meilleure manière d’y parvenir. »

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