Trois scénarios encerclent Gaza après la guerre

Alors qu’Israël poursuit ses opérations militaires visant à prendre le contrôle de la ville de Gaza, les discussions s’intensifient à Tel-Aviv et à Washington autour de l’avenir de l’enclave une fois les combats terminés.
L’avenir de Gaza semble pris au piège entre plusieurs scénarios radicalement divergents : une occupation israélienne de longue durée, une administration internationale semée d’obstacles, des pressions en faveur du déplacement de la population, ou encore une reconstruction assortie de conditions strictes.
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Selon le journal britannique The Times, le président américain Donald Trump a tenu une réunion consacrée à l’examen de ces options, au moment où des estimations officielles américaines laissent entendre que les hostilités pourraient cesser dans les semaines à venir ou avant la fin de l’année.
Mais une question demeure centrale : comment sera dessiné l’avenir de Gaza ?
Occupation de longue durée
Le plan israélien actuel repose sur l’extension de son contrôle vers le nord jusqu’à Gaza-ville, ce qui reviendrait à placer l’essentiel du territoire sous domination militaire directe.
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Bien qu’Israël contrôle déjà l’ensemble des points d’accès terrestres de l’enclave, il prévoit de conserver de vastes zones comme « zones tampons », même après l’arrêt des combats.
L’expérience du Sud-Liban et du Golan suggère qu’une telle présence militaire pourrait durer de nombreuses années, avec son lot de défis sécuritaires, de coût politique et d’exaspération populaire croissante.
Crise humanitaire et risques de déplacement
Parallèlement à cette stratégie, les 2,1 millions d’habitants de Gaza affrontent une situation humanitaire désastreuse.
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L’offensive israélienne dans le nord a contraint des dizaines de milliers de personnes à fuir vers le sud, où la densité démographique s’accumule dans des conditions assimilées à un « camp de détention à ciel ouvert », selon le journal.
Alors qu’Israël présente le départ de Gaza comme une option « volontaire », l’absence d’alternatives et la destruction des infrastructures créent une réalité proche du déplacement forcé.
Cette perspective rappelle une proposition antérieure de Donald Trump, qui prévoyait la réinstallation de réfugiés de Gaza dans des pays arabes et la transformation de l’enclave en zone touristique sous gestion américaine.
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Mais Le Caire, Riyad, Amman et d’autres capitales arabes ont rejeté ce plan, affirmant que la seule option reste la reconstruction, avec le maintien des Palestiniens sur leur terre.
Option des forces internationales
Une autre proposition, soutenue par certaines puissances arabes et occidentales, consisterait à déployer une force internationale mandatée par le Conseil de sécurité pour sécuriser le territoire, tout en mettant en place une nouvelle administration locale excluant le Hamas et intégrant l’Autorité palestinienne.
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L’Autorité a d’ailleurs déjà engagé des discussions avec le Hamas en vue de former un gouvernement de technocrates.
Toutefois, Israël rejette catégoriquement tout retour de l’Autorité palestinienne ou de l’influence du Hamas. Le déploiement d’une force internationale soulève par ailleurs d’importants défis logistiques et politiques, sans parler des risques sécuritaires pour les pays contributeurs.
Trêves temporaires sans perspective de paix
Le conflit a connu plusieurs cessez-le-feu intermittents, marqués par des échanges d’otages et de prisonniers. Mais aucune trêve de longue durée n’a tenu, en raison de conditions irréconciliables.
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Israël refuse toute « entente partielle » qui n’inclurait pas la libération de tous les otages, tandis que le Hamas insiste sur un arrêt total de la guerre comme préalable à tout accord.
Le scénario le plus probable reste donc celui d’une nouvelle trêve provisoire, offrant un répit temporaire sans garantir une stabilité durable.
La solution à deux États… une idée moribonde
Sur le plan politique, l’horizon du règlement à deux États s’obscurcit davantage. Le gouvernement israélien et la Knesset s’opposent fermement à la création d’un État palestinien, tandis que la colonisation en Cisjordanie se poursuit.
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Certaines puissances, telles que la France et l’Arabie saoudite, tentent toutefois de relancer le débat au sein des Nations unies. Par ailleurs, plusieurs pays occidentaux majeurs ont reconnu l’État palestinien, une démarche perçue par Israël comme une « récompense pour le Hamas ».
Une isolement international croissant
Depuis le 7 octobre 2023, la guerre a causé la mort de plus de 62 000 Palestiniens selon les autorités locales, parmi lesquels des médecins et des journalistes, tandis que les Nations unies ont déclaré un état de famine dans l’enclave.
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Cette réalité a provoqué un recul du soutien traditionnel à Israël : le Royaume-Uni a suspendu les négociations sur un accord de libre-échange et imposé des sanctions à des ministres ultranationalistes ; l’Allemagne et l’Australie ont durci leurs critiques, et la Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et d’autres responsables pour crimes de guerre.
Cependant, la protection politique et militaire des États-Unis demeure la principale garantie de la trajectoire actuelle d’Israël, au prix d’une isolation internationale croissante.
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Le journal conclut que l’avenir de Gaza semble encerclé par des scénarios contradictoires : une occupation israélienne de longue durée, une administration internationale semée d’embûches, des pressions au déplacement, ou une reconstruction sous conditions.
Ce qui demeure certain, c’est que toute issue dépendra des rapports de force sur le terrain, ainsi que des rivalités régionales et internationales, qui laissent ouvertes toutes les hypothèses.