Les relations entre le Maroc et l’Espagne entrent dans une nouvelle phase de partenariat
Les relations entre le Maroc et l’Espagne entrent dans une nouvelle phase de coopération dans divers domaines, au milieu d’une convergence d’idées imposée par le changement de Madrid dans son attitude vis-à-vis du dossier du Sahara Marocain et son soutien au projet d’autonomie qui ouvre la voie à un partenariat stratégique sans précédent qui sera renforcé par la signature de plusieurs accords, dont 24 pour faciliter les investissements espagnols au Maroc.
La visite mercredi du Premier Ministre espagnol Pedro Sánchez à Rabat pour y participer à une réunion ministérielle de haut niveau a été l’occasion de souligner le « partenariat stratégique » entre les deux pays.
Sánchez est à la tête d’une délégation gouvernementale composée de ministres qui se sont rencontrés jeudi avec leurs homologues marocains à la réunion de haut niveau qui ne s’est pas tenue il y a huit ans.
La réunion de haut niveau entre les Gouvernements marocain et espagnol consacre la réconciliation dont ils sont parvenus en mars dernier, lorsque Sánchez a déclaré que l’Espagne soutenait la proposition d’autonomie présentée par le Maroc en vue d’un règlement unique du conflit au Sahara Marocain.
Jeudi, Sánchez s’est rendu au sanctuaire du Roi Mohammed V, où il a gracié les âmes du Roi Mohammed V et du Roi Hassan II et a déposé une gerbe sur leur tombe avant de signer le livre d’or du mausolée.
Le Roi Mohammed VI, dans un entretien téléphonique avec le Premier Ministre espagnol peu avant son arrivée à Rabat, a salué la « nouvelle étape du partenariat bilatéral » entre les deux voisins, selon une déclaration du Cabinet royal.
Le roi du Maroc a également invité le chef du gouvernement espagnol à se rendre de nouveau dans le royaume « dans les meilleurs délais » afin « de renforcer les relations bilatérales par des projets concrets dans divers domaines ».
Aziz Akhannouch, président du gouvernement marocain, lors du Forum économique hispano-marocain qui s’est tenu mercredi à Rabat, a mis en relief l’évolution des relations entre les deux pays, affirmant qu’elles étaient « profondes et étroites » et qu’elles entraient dans une nouvelle phase avec le soutien des autorités espagnoles au projet d’autonomie.
Akhannouch, cité par le site marocain Hesperss, louait le courage du gouvernement espagnol à adopter le projet d’autonomie, soulignant que le Forum économique serait « une occasion de promouvoir et de soutenir les partenariats économiques et d’accélérer le rythme des investissements communs à l’heure de la dynamique politique des relations entre les deux pays ».
Il a affirmé que « les relations qui unissent le Maroc et l’Espagne sont étroites et étroites, et que les échanges entre le Maroc et l’Espagne sont riches et constamment renouvelés ».
Évoquant les difficultés que les relations entre les deux pays ont connues et ont permis de surmonter, il a déclaré : « Si, dans certaines circonstances, ces relations ont été entachées de malentendus, nous avons toujours trouvé des moyens de les surmonter ».
Akhannouch a parlé de renforcer la coopération avec l’Espagne dans la lutte contre le terrorisme en démantelant les cellules terroristes d’EI et dans le dossier de l’immigration clandestine « avec succès en bloquant 63 000 tentatives d’immigration illégale et en démantelant 250 réseaux de trafic de migrants en 2021 ».
Le dossier de l’immigration est stratégique dans les relations des deux pays, avec une diminution de 25 % en 2022, selon les chiffres officiels espagnols, de l’afflux de migrants en situation irrégulière sur le territoire espagnol, grâce à la reprise de la coopération en matière de sécurité entre les deux pays.
Akhannouch se penche sur la question de la coopération énergétique avec l’Espagne, soulignant l’importance de l’oléoduc maghrébin-européen, qui permet à l’Espagne de fournir du gaz pendant 25 ans à travers le territoire marocain.
Faisant référence à la nouvelle position de l’Algérie sur le dossier du Sahara, Akhannouch a déclaré: « Au vu des données géopolitiques actuelles, les deux pays ont fait preuve d’un grand sens de la coopération et de la flexibilité en maintenant cette ligne et en inversant le flux du tube pour fournir au Maroc du gaz naturel liquéfié à travers l’Espagne ».
Ce rapprochement s’opère également dans un contexte de refroidissement des relations entre Rabat et Paris, autre partenaire historique du Maroc.
La classe politique et les médias locaux du Maroc accusent Paris de soutenir une recommandation récente du Parlement européen sur la liberté de la presse au Maroc et des allégations de corruption de parlementaires européens dans un effort pour faire pression sur Rabat.
Sánchez a déclaré à la fin du Forum économique que « les meilleures relations entre le Maroc et l’Espagne sont bonnes pour l’Espagne, le Maroc, l’Europe, les entreprises et les citoyens des deux pays ».
Selon des sources gouvernementales espagnoles, il est prévu de signer jeudi 24 conventions visant à faciliter les investissements espagnols au Maroc et d’établir des partenariats dans les domaines de l’éducation, de la culture, du dessalement de l’eau et des transports ferroviaires.
Les deux parties signeront un accord sur la normalisation complète du passage des personnes et des marchandises par les douanes et les points de passage terrestres et maritimes.
L’ouverture des points de passage terrestres concerne les enclaves de Ceuta et Melilla (dont le poste douanier est fermé depuis 2018) situées au nord du Maroc.
Le Roi Mohammed VI affirme que le Sahara Marocain est la vision du monde du Maroc.